Témoignage: Mauvais traitement pour participation à la II e Rencontre Paysanne
PINAR DEL RIO, le 16 novembre (Victor Rolando Arroyo, UPECI) Apres notre arrestation on nous a transféré, lingénieur Pedro Pablo Hernandez Mijares et moi, vers lUnité dOpérations Policières du Département de la Sûreté
de létat (DSE) qui se trouve au kilomètre 4 de la route de San Juan.
Nous devions avoir participé à la II rencontre Nationale de Paysans et Membres de Coopératives Indépendants, parce que nous devions défendre notre propos «reforme agraire et droit à la propriété».
Je dois dire quautour de nos domiciles, et de celui de Giraldo Leon Corvea, qui est le délégué de cette province du Conseil Unitaire de Travailleurs de Cuba, on avait déployé une grande opération policière. Nos maisons se trouvent proches
les unes des autres. Autour il y avait une grande opération. Des personnes surveillant devant nos domiciles avec des appareils de radio portables, des automobiles qui paraissaient civiles et des voitures de patrouille.
Lorsque nous sommes sortis de chez nous sest produite linterception de la part de lune de ces voitures de patrouille dans lesquelles se trouvaient des officiers de la DSE en uniforme de police. Nous avons pu identifier le premier lieutenant Carmona et dautres dont les
noms et prénoms nous sont inconnus, mais qui nous le savons sont des officiers de la DSE.
On nous a transféré vers le siège de la DSE. Là, chacun de nous avait une cellule assignée. Pour moi, on ma enfermé dans le numéro 19, où il y avait trois détenus en plus: deux pour meurtre et lautre pour un fait délictueux
violent.
Apres plusieurs heures ils ont commencé à me sortir de là continuellement pour des interrogatoires différents qui se sont concentrés sur les événements planifiés par lopposition et sur la rencontre agricole; principalement sur le but
que nous avions développé. Les interrogateurs criaient que nous nétions pas des paysans, que nous navions rien à voir avec lagriculture, et dautres intolérances.
On les voyait très ennuyés, très agressifs, très violents pour ce qui était arrivé à La Havane quelques jours auparavant, lorsquun de nos frères, Eduardo Diaz Fleitas, qui est détenu, a brandi une pancarte dans le Parc Dolores
de la capitale. Il semble que cela les a tant irrités quils se sont vengés sur nous, parce que jai été détenu plusieurs fois mais jamais avec une violence extrême comme en cette occasion. Je me souviens seulement de quelque chose de comparable en
1992, lorsque nous sommes allés mettre des fleurs à Marti et avons essayé de lire un document, ils se sont lancés sur moi comme cette fois ci, avec une grande violence. Cette détention du 12 est comparable avec celle de cette date là.
La DSE na jamais cessé de réprimer mais maintenant ce fut terrible. Les interrogatoires constants, à toute heure, les offenses, quils allaient me condamner dune manière ou dune autre, quils allaient aussi condamner ma famille, les choses
incroyables quils mont dit même jusquhier, quand jai été libéré vers les 5 heures de laprès-midi. Le dernier interrogatoire a été quelques minutes avant la libération. Ceci est approximatif, puisque ma montre
a reçu un coup quand on ma arrêté et na plus marché.
Pendant la détention ils ont pris nos cartes didentité et les billets, quils nous ont rendu plus tard, mais ils ont confisqué les feuilles dinvitation à la II e Rencontre de Paysans Indépendants et à la Rencontre dOrganisations
non Gouvernementales.
Quant aux conditions des cachots du siège de la DSE, elles sont très mauvaises. Chaque jour létat hygiénique de cet endroit est pire, les matelas de fibre végétale abritent tout genre de bestioles. On est entassé parce que ce sont des
cellules très petites, environ 2 mètres sur 1 ½, la porte est murée, peinte en blanc phosphorescent qui attaque la vue, un peu deau courre sur le mur parce quil ny a pas de robinet, des latrines qui sentent mauvais, sales, anti hygiéniques, les
moustiques prolifèrent, il règne une chaleur insupportable, et la lumière est toujours allumée.
Là nentre pas la lumière et pas non plus lair, parce que la fenêtre est de feuilles en forme de V à lenvers superposées lune sur lautre et laissent seulement passer une lueur faible. La porte est totalement murée avec une
planche de fer de plusieurs millimètres de grosseur, avec une meurtrière au milieu par laquelle ils font entrer le plateau à lheure de manger.
Ils tinspectionnent et te fouillent constamment, à toute heure, ils te sortent pour tinterroger à nimporte quelle heure. Ils mont pris une quantité de photos. Il ny a aucun genre dattention médicale. Lalimentation est des plus
mauvaises, infime. La faim quont les gens enfermés là est tellement grande, que le 13 un prisonnier sest évanoui quand on la sorti pour prendre le soleil. Il est tombé dans la cour et sest blessé au visage. Lendroit a tremblé
quand ils ont ramassé lhomme et lont emmené dans un autre endroit. On a entendu quand un geôlier disait à un autre: «On dirait quil a eu de la fatigue». Cest le produit de la faim.
Dans ces conditions il y a là des personnes qui ont passé plus de 15 mois dans ces cellules murées, 15 mois enfermés là. On leur donne un peu de soleil lorsque les interrogateurs comprennent.
Je veux souligner lagressivité des interrogatoires, les offenses quils te font, ils immiscent les familles des personnes arrêtées. Dans dautres interrogatoires auxquels on ma soumis ils ne sétaient pas comportés de manière
aussi grossière et aussi agressive que cette fois-ci. En plusieurs occasions, le manque darguments de leur part les mène par moments à donner des coups violents à la table, et a crier démesurément quils mavaient par leurs
. Pantalons.
Je leur ripostais en leur demandant si jétais arrêté pour vouloir aller à la capitale de mon pays. Et alors ils disaient seulement: «Tu sais pourquoi tu y allais.».
La réaction des habitants de Pinar del Rio a été de solidarité avec notre cas. Des dizaines de personnes se sont approchées pour connaître notre détention. Il y avait des murmures, ce qui est une des seules chose qui sont abondantes dans ce pays,
parmi les citoyens de rejet contre cette action contre nous. Il y a seulement un moment, une professionnelles du droit me disait, avec peur mais le disait, que le fait quils aient utilisé des scolaires pour éviter lactivité du Parc Dolores à La Havane et arrêté
les paysans, est répudiable. Les citoyens sont informés, ils savent comment ils nous ont arrêtés, et nacceptent pas ces méthodes, ils se rendent compte que le régime est dans une phase extrêmement répressive qui caractérise toutes
les dictatures dans leur étape sénile.
Traduction: Genevieve Tejera
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