Quatre décades de mensonges
par Jésus Zúñiga, Coopérative de Journalistes Indépendants
LA HAVANE, mars - Ils se trouvent partout: dans la politique, la presse, la religion, les relations humaines. Le mensonge s'est installé dans notre univers quotidien comme une plaie. C'est
lui qui décide dans un pays où le mensonge n'est pas un fait isolé. Imposé peut-être par l'oeuvre de cet art manipulateur que l'on appelle diplomatie, et sa fille bâtarde,
la démagogie, l'art de mentir s'est converti dans la politique dans une ressource non pas dénigrante mais digne de louange. S'il sert pour arriver ou se maintenir au pouvoir, il est
digne d'approbation, d'éloge. Présidents, cardinaux et rois s'inclinent devant lui. Tous les jours on peut voir dans la presse comment des hauts dignitaires, gouvernants et personnages
politiques ont menti dans leur ascension vers le pouvoir, et puis ensuite se contredisent d'année en année et même de mois en mois, en changeant leurs opinions, leur façon
d'agir ou quelques fois en adhérant à une opinion avec les mots, et en agissant de manière complètement opposée aux convictions qu'ils disent défendre.
Il n'est pas nécessaire de donner des exemples. Quiconque lit le journal ou voit les nouvelles pourra se souvenir de mille cas dans les dernières décades ou dans les derniers
jours. Malgré tout, ces contradictions, ces manigances mensongères, ne sont pas d'habitude révélées à la lumière publique. Plutôt, la presse et
le gouvernement se plaisent à cacher, oublier ou aussi mentir, puisque ce ne sont pas seulement les présidents, les diplomates ou les politicards du moment qui mentent. Le bombardement
dans la presse écrite ou à la télévision est constant, quelques fois si effrontément que cela est honteux, obscène.
Le mensonge d'un politicien est sale et irritant, mais lorsqu'un journal ou le journal télévisé ment ou cache la vérité, on commet un crime contre l'essence même
du travail d'information, et même contre la condition humaine. Propager un mensonge ou ne pas divulguer la vérité, lorsqu'on peut le faire et doit le faire, c'est un péché
de lèse humanité.
La presse et la télévision mentent sur l'histoire présente avec la même effronterie que les politicards tergiversent le passé, en manipulant les événements,
les personnages, les doctrines, avec l'impunité de celui à qui il importe peu que tout arrive à se savoir un jour.
J'ai eu la chance de naître à Cuba, un pays où le mensonge, l'hypocrisie et la simulation se sont convertis en façons de vivre. Il m'est facile, par conséquent,
de détecter autour de moi le ton démagogique, l'accent faussaire, l'apostasie prêchante, l'utilisation mensongère de la parole pour ne pas dire la vérité, on
insiste et persiste à convertir la luxure en amour, l'offense en liberté d'expression, les cancans en information, l'exil en émigration, la tyrannie en gouvernement et la
manipulation en religion.
Il y a toujours eu des mensonges et des menteurs, c'est vrai. Mais jamais comme maintenant à Cuba en était-on arrivé à ce niveau de cynisme, de recel de la vérité,
de complicité avec la fausseté. Devant l'évidence d'événements incontestables on entrelace des écheveaux de mensonges pour inverser les rôles, affaiblir
les faits et "cacher le soleil avec un doigt".
C'est l'heure des démons et le mensonge est justement l'arme du démon.
Il y a 40 ans, un faux messie nous a promis que nous saurions la vérité, et qu'il nous rendrait libres. Une façon claire d'identifier ce monde comme le royaume du mensonge, et
le mensonge comme une prison, un esclavage.
Mais la nuit des menteurs et des farceurs passera aussi, puisque toujours, peu importe combien de temps dure le pouvoir des menteurs, la vérité s'impose toujours, comme la lumière
aux ténèbres: "Rien n'est voilé qui ne sera dévoilé, rien n'est secret qui ne sera connu. Parce que tout ce que vous avez dit dans l'ombre sera entendu au grand
jour; et ce que vous avez dit à l'oreille dans la cave sera proclamé sur les terrasses." (Luc 12: 1 à 3)
Traduction: Genevieve Tejera
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