Réflexions d'un catholique
cubain
LA HAVANE, mars - Avec le désir d'améliorer son image plus que détériorée,
le gouvernement cubain avec tambours et trompettes a désigné le 25 décembre
comme jour de fête. Depuis ce moment-là la haute hiérarchie catholique de l'île
n'a pas arrêté de remercier Castro pour un "geste si beau".
Dans mon cas particulier une telle attitude me donne envie de rire, puisque on sait très
bien que ce gouvernement a démontré une haine maladive envers l'église
catholique. Les catholiques nous avons vécu pendant 40 ans pratiquement dans les catacombes,
et si on ne nous a pas jetés aux lions, on l'a manqué de peu.
Malgré le fait que récemment Castro a reconnu "avec reconnaissance" l'éducation
qu'il a reçu dans un collège catholique, ce fait ne l'a pas empêché il y
a peu de temps de renier ceux qui l'ont éduqué et de les maltraiter de toutes les façons
imaginables. Maintenant que le temps passé a démontré son échec complet
comme gouvernant et idéologue, il décide de recourir au vieux truc du loup vêtu
d'une peau d'agneau en se présentant comme un bon vieux père Noël, et nous
accorde bénévolement la fête de Noël. Il est difficile de trouver plus de
cynisme.
Mais comme un Goebels des années 90, il ne perd pas l'occasion d'intercaler sa
propagande. Il en résulte que ce jour-là il faut commémorer non la venue du
Christ au monde, mais l'assassinat de l'un des membres du Mouvement du 26 Juillet par la dictature
de Batista, fait connu sous le nom de "Pâques Sanglantes". Dans ce but, le jour même
de Noël, les élèves de l'Ecole Lénine durent effectuer une marche
politique.
Alors, je dois allumer l'arbre de Noël ou prendre le deuil et pleurer ? S'il en est ainsi,
alors le jour de l'anniversaire de Castro nous allons dire une messe des Défunts puisque sûrement
ce jour-là on a aussi tué quelqu'un. C'est que même si le loup se couvre d'une
peau d'agneau, il reste un loup. Il lui faut que l'opinion publique croie en ses bonnes relations
avec les catholiques cubains, mais il est impossible de vaincre sa nature propre.
Comme exemple de cela, nous avons un autre "beau geste", en modifiant la Constitution
en supprimant l'article sur le caractère athée de l'Etat cubain. Une autre manoeuvre
digne de Goebels. Pendant qu'il annonce la liberté de conscience, le gouvernement ne permet
pas aux écoliers qu'ils aillent à l'école avec des croix, ne permet pas
d'images religieuses dans les logements pour boursiers, mais au contraire les encouragent à
mettre la photo du Commandant en tout endroit.
Les boursiers catholiques reçoivent des réprimandes dans leurs dossiers pour
porter le scapulaire de la Vierge, et sont menacés d'expulsion si deux ou trois d'entre eux
prient ensemble. Dans cette ambiance, il est ingénu pour ne par dire mal intentionné,
de parler de bonnes relations de l'Eglise avec le gouvernement de Cuba, puisque pendant qu'ils
autorisent l'entrée dans le pays de 40 religieux, d'autres qui ont réalisé des
oeuvres avec succès à Cuba doivent s'en aller parce qu'on ne leur donne pas de
prorogation de visa (un exemple récent se trouve dans l'Ordre des Passionistes).
En conclusion, en quoi devons nous catholiques cubains être reconnaissants au gouvernement
de Cuba, qui nous a rendu la fête de Noël? Il a seulement rendu ce qui avait été
volé. A Dieu notre Père, à Jésus Christ notre Seigneur, à la Très
Sainte Vierge et à tous les saints qui ont intercédé pour les cubains, c'est à
eux que nous devons être reconnaissants pour cette leçon historique qui oblige le fils
ingrat à flirter avec l'Eglise qu'il a reniée, et au lieu d'exprimer notre
reconnaissance servile à l'hypocrite qui n'agit pas avec le coeur mais pour des intérêts
mesquins personnels, comme chrétiens nous demandons à Dieu qu'il l'illumine, le fasse
se repentir de ses péchés multiples et, que laissant de coté sa manie ridicule
de grandeur, qu'il se rapproche de l'Eglise comme l'a fait l'enfant prodigue, non pas avec
l'attitude de faux bienfaiteur et démagogue, mais avec humilité et en demandant
pardon. L'amour espère tout. Nous demanderons à Dieu ce miracle.
Traduction: Genevieve Tejera
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