CUBANET

4 Juin, 1999


Cinq questions à Leonel Morejón Almagro

par José A. Fornaris Ramos, Cuba-Vérité

LA HAVANE, le 31 mai – Ci-dessous une interview accordée par le président de Naturpaz, Leonel Morejón Almagro, à José A. Fornaris, de l'agence Cuba-Vérité.

JAF: Monsieur Leonel Morejón Almagro, comme l'on sait, le 7 juin prochain un groupe de personnes pense réaliser une grève de la faim. Cette grève de la faim a été convoquée par quatre organisations, parmi celles-ci se trouve celle que vous présidez, Naturpaz. Egalement comme on le sait, la grève de la faim se réalisera afin de solliciter la liberté des prisonniers politiques et pour réclamer la mise en vigueur des droits de l'homme à Cuba. Naturpaz va participer à cette grève de la faim avec toutes ses possibilités ou y a-t-il quelque chose qui fasse que Naturpaz ne puisse s'y adonner complètement ?

LMA : Sans aucun doute, nous allons l'appuyer. Nous avons mené à bien un vote à l'intérieur du corps exécutif national sur cette proposition de la Fondation Lawton et la Ligue Civique Marti, et ce fut approuvé par 9 votes pour et 3 contre. Plusieurs membres vont y participer. Nous pensons que près de 28 intégrants de Naturpaz vont y participer d'une manière ou d'une autre à des heures et des jours différents.

Dans ce cas, en plus des choses générales que vous avez mentionné, nous allons faire cette grève de la faim comme une exigence envers le gouvernement pour qu'il réponde à la demande que nous avons faite au Tribunal Suprême en lui demandant l'accusation du Président de la République, du Président du Parlement et de deux ministres, et pour que l'on ne construise pas l'aéroport international à Cayo Coco.

JAF : Dans les cercles de l'opposition on commente actuellement que l'on est en train d'essayer de faire revivre Concilio Cubano. En est-il ainsi ?

LMA : Oui c'est vrai. En ligne générale, il y a plusieurs propositions de différents leaders de l'opposition et d'activistes indépendants pour essayer de trouver une solution au forum, au projet d'unité nationale qu'est Concilio Cubano. Je dois vous dire , bien que je ne doive pas donner de renseignements sur cela, que c'est une perspective qui existe et que bien entendu va se maintenir comme une possibilité réelle dans les mois qui viennent.

JAF : Maintiendra-t-on l'esprit et la lettre de Concilio, ou seulement l'esprit ?

LMA : L'esprit. Il s'agit en tout cas de chercher dans la conjoncture actuelle un rapprochement de toutes les forces aussi bien de gauche, du centre, que de la droite, pour convoquer en un moment déterminé l'unité nationale.

JAF : Morejón Almagro, il est usuel qu'à l'intérieur de l'opposition et de la dissidence on parle beaucoup des articles 13, 14, 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ; cependant, presque jamais on ne mentionne les articles 11 et 12, pourquoi parmi d'autres choses on cite par exemple : que toute personne accusée de délit a le droit á ce que l'on présume son innocence jusqu'à preuve de sa culpabilité et, d'autre part, que personne ne recevra des attaques contre son honorabilité ou contre sa réputation.

Mais il arrive… et est arrivé pendant de nombreuses années qu'on lance à la légère des accusations contre des membres de l'opposition et de la dissidence et qu'on leur attache sans aucune preuve la petite étiquette de la Sûreté de l'Etat (G-2), de voleur d'argent, de convertir ses activités au sein de l'opposition comme une espèce de manière de vivre.

A quoi croyez-vous que l'on doive cela ?

LMA : Eh bien c'est très facile et difficile à répondre. Pour le malheur de l'opposition cubaine et pour notre douleur commune, il y a encore des ingénus et idiots utiles qui se prêtent à la tâche de la Sûreté de l'Etat contre l'opposition, qui est de dénigrer et essayer de saper de l'intérieur les remparts de l'opposition cubaine, les leaders de l'opposition. L'une des missions principales de la Sûreté de l'Etat, de l'Intelligence, est d'essayer de ternir le plus possible les leaders présents dans l'opposition.

Une leçon qui, malgré le temps et des mêmes méthodes et des mêmes ruses utilisées, nous n'avons pas encore apprise. Je pense que collaborer avec les rumeurs, aider les imputations de ce genre bénéficie seulement à l'ennemi commun qui est – nous le savons tous – le gouvernement totalitaire que possède le pays.

Nous devons grandir, nous devons mûrir sans aucun doute, aussi bien l'exile que les Cubains de dedans. Je crois que pour arriver aux buts élevés de la dissidence, pour arriver au forum cubain qu'est Concilio, pour arriver réellement à une avance dans la lutte pour la démocratie, dans la lutte pour les droits de l'homme à Cuba, nous devons laisser derrière et enterrer pour de bon dans l'oubli et dans le cimetière de l'Histoire les méthodes qui sont employées contre beaucoup de lutteurs distingués.

JAF : Maître, je crois que parmi beaucoup de choses cette manière d'agir montre un grand manque d'éthique et en plus une extrême médiocrité. Mais, comment croyez-vous que l'on puisse mette une borne à cela ? Parce que je m'imagine que dans un pays normal – pas Cuba – on peut amener ces personnes devant les tribunaux et les accuser de diffamation et calomnie. Mais on peut faire cela, leur casser la figure, les envoyer lire les 10 commandements, que croyez-vous que l'on puisse faire ?

LMA : Eh bien, Concilio en son temps a crée une commission d'éthique. Il arrive aussi qu'une démocratie, une société normale, une société où les autres facteurs ont une certaine légitimité, ces commissions d'étique fonctionnent. Mais, qu'arrive-t-il ? Nous sommes dans la clandestinité pourrait-on dire, nous agissons avec très peu de marge de mouvement et en réalité les commissions d'étique ne donnèrent pas tout le fruit qu'elles auraient du donner. Je pense que ce serait une bonne raison pour les remettre en fonction, et qu'en définitive on ne condamne pas les groupes mais qu'on condamne les individus qui sont dans l'opposition et qui, en utilisant le commentaire mordant, sont en fait des instruments de la Sûreté de l'Etat, sont chargés de faire perdre le prestige, sont chargés de lever des doutes et des divisions à l'intérieur des mouvements d'opposition.

Ce que nous faisons est d'en appeler à la morale, à la conscience, et à que l'on évalue la nécessité que nous avons tous les Cubains – pour le moins ceux qui sommes à l'intérieur de l'opposition, ceux qui sommes à l'intérieur d'un agenda, ce qui dans les circonstances actuelles est surhumain – de demander le respect.

Nous demandons le bon sens et le raisonnement, nous demandons qu'au-delà de l'intrigue et des potins on fasse passer les intérêts suprêmes de la patrie. Je pense que cette triste affaire doit être stoppée immédiatement, il faut honorer nos leaders, respecter le sacrifice de nombreux hommes, comme c'est le cas du Dr. Biscet, comme c'est le cas de tant d'autres qui se sont sacrifiés et se sacrifient pour le bien de leur pays. C'est le moment pour que les hommes de cœur et de dignité disent à ces personnes : Assez ! Vous ne pouvez pas parler mal, sous aucun concept, d'un homme qui donne tout pour la liberté du pays.

JAF : Que Dieu veuille que ce soit comme cela, et que nous devenions responsables ! Mille mercis au nom de Cuba-Vérité.


Traduction: Genevieve Tejera

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