La Bola
Leonel Morejón Almagro, Président de Naturpaz (Une collaboration pour l'Agence Cuba-Vérité)
LA HAVANE, juillet L'un des maux fondamentaux qui affectent Cuba c'est le manque de presse libre, et donc d'un système d'information national capable d'informer sur ce qui arrive réellement dans le pays.
Devant ce mal insupportable, les gens se défendent en utilisant La Bola. On pourrait ainsi définir La Bola : "Un commentaire populaire moyen ou intense, d'origine inconnue, qui peut être vrai jusqu'à 50 pour-cent ou faux à 100 pour-cent."
Après avoir donné sa définition, il nous faut expliquer quelques particularités de La Bola. On affirme que son niveau de certitude ne dépasse pas les 50 pour-cent à cause de son origine inconnue et lointaine, qui lui fait perdre la réalité
et son objectivité à mesure qu'elle se propage et s'éloigne de sa source primaire. On recommande ne pas s'y fier même si la personne qui te met au courant de La Bola t'assure qu'elle le sait parce que sa tante travaille au Comité Central ou parce que son cousin lui
a dit et qu'il est marié avec la fille du Général.
En résumé, La Bola cache toujours une source fantasmagorique et en de nombreuses occasions carnavalesque. Des spécialistes et des cancaniers professionnels m'ont également confessé qu'il existe un département officiel chargés d'amorcer "certaines
bolas", comme celle qui circule souvent sur la mort d'une personne déterminée très importante à Cuba pour décider du futur des 11 millions de Cubains. Cette Bola est objet d'un grand débat parmi les auteurs de traités, puisque certains considèrent
qu'on la lance avec le but d'enlever toute espérance et de créer un mythe d'immortalité. D'autres pensent que son origine se doit à des délires transitoires et aux désirs réprimés des 11 millions d'habitants, mais ce qui est vrai est que Freud
n'est déjà plus parmi nous pour clarifier ce mystère.
La Bola, bien qu'elle arrive magnifiée au maximum dans la chaîne des "confidences", agrandie par la frayeur, les désirs et même les délires de l'informant, elle nous réserve souvent là, au fond, au cur du ragot, de l'histoire, du
cancan, du commentaire ; une vérité ou un fait que le gouvernement a voulu cacher et que la presse n'a pas publié pour "inconvénients politique".
Peut-être un jour, on trouvera parmi les records Guinnes, la fonction du journal Granma écrivant tous les jours pendant 35 ans sans toucher la réalité, et laissant les lecteurs avec une méconnaissance insondable de ce qui se passe dans le pays, ses préoccupations
et ses problèmes, sans répondre aux motivations de la société cubaine qui selon ce qui est prouvé, selon une Bola, les journalistes officiels ont déjà préparé avec une précision millimétrique les informations qu'ils vont
donner au peuple dans les 5 prochaines années, bien que pour être honnêtes nous devons reconnaître qu'ils ont laissé des espaces en blanc pour rapporter les cyclones, les tremblements de terre et événements de cette nature.
Mais les bolas sont nécessaires, et même utiles, pour satisfaire la nécessité de savoir, cette faim d'information que les gens ont, dans ces temps modernes.
La Bola se classe suivant son importance en locale, provinciale et nationale, et de même que la boule de neige qui dans les dessins animés grandit pendant qu'elle descend de la montagne, à Cuba les Bolas grandissent et s'hypertrophient de quartier en quartier, en augmentant
sa rapidité de mouvement selon son importance. Elle a l'habitude de voyager dans les "chameaux" (grand camions de charge que le gouvernement a mis à la disposition du transport public) vers les recoins les plus obscurs de la capitale, et quelques audaces la transmettent par téléphone
et se convertit en nationale lorsqu'un bon samaritain l'emmène jusqu'à la gare et la fait monter dans le train ou l'autocar pour qu'elle puisse parcourir les quatre points de la géographie nationale.
Un exemple notoire d'une Bola est celle qui a circulé dans les derniers jours de juin, et qui menace d'atteindre sa splendeur maximale dans la première quinzaine de juillet convertie en "spéculation de La Havane" encore plus chantée et dansée
que la chanson de Pablito FG. La Bola en question est qu'il y a plusieurs généraux détenus pour corruption, et l'on spécule sur tout nom qui donne la chair de poule à n'importe qui : que López Cuba, que Pardo Guerra, que Escalona lui-même, tous
inconditionnels et hommes qui ont la confiance absolue du président Castro qui aujourd'hui selon les gens ont des problèmes sérieux avec le gouvernement..
On dit aussi que le titulaire du tourisme, Osmani Cienfuegos, s'est tiré un coup de feu mais n'est pas arrivé à se tuer avant d'être arrêté, que Robertico Robaina et aussi son épouse
la bola est si grande qu'il n'y a pas un
quartier de La Havane où l'on ne puisse l'entendre avec une variété de nuances jusqu'à l'infini. Un observateur attentif se posera la question de la légitimité de cette Bola avec le fait que le président Castro pouvait oser aller à Rio de
Janeiro avec une crise domestique semblable où apparemment se trouvent impliqués des hommes de la plus haute hiérarchie militaire et exécutive. Ce voyage disqualifie beaucoup la bola. Mais malgré le fait que nous avons analysé que les bolas sont en grande
partie des mensonges, produit de l'erreur ou de l'imagination fébrile de quelque fou, nous nous posons toujours une question quand nous appliquons au niveau de certitude de la Bola ce refrain populaire : "Il n'y a pas de fumée sans feu".
Traduction: Genevieve Tejera
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