Frustration au début dun nouveau millénaire
Lic. Oscar Espinosa Chepe, Cuba Press
LA HAVANE, le 28 décembre Au début du Troisième Millénaire, Cuba est immergé dans la crise la plus profonde de son histoire, sans perspective de solution, avec un gouvernement seulement intéressé à gagner du temps pour préserver
son pouvoir, sans aucun intérêt de commencer un processus de transformations qui mette fin à un drame prolongé qui a eu des effets dévastateurs sur la société.
La dite Période Spéciale, un phénomène présent depuis la perte des immenses subventions du bloc soviétique au début des années 90, est devenue interminable. Cuba commence le nouveau siècle avec un Produit Interne Brut (PIB) qui sera
79 pour cent de celui de 1989, en se basant sur la variation la plus optimiste, la nécessité de presque 7 années supplémentaires pour arriver au même niveau dalors, ce qui équivaut à 17 ans de stagnation, avec un danger dexplosion sociale
de conséquences incalculables.
Dans le contexte de la crise on observe une détérioration incessante de la progression obtenue dans le passé en matière déducation, de santé publique et de sécurité sociale, ainsi que dune décapitalisation matérielle
et humaine accélérée.
Les investissements dans des secteurs économiques décisifs ne dépassent même pas les volumes de la dépréciation des moyens de base, augmentée par le manque généralisé dentretien, la mauvaise qualité des comestibles
et des conditions difficiles dans lesquelles fonctionnent les usines et le parc de véhicules. Il suffit dobserver létat des bâtiments, les logements et les voies publiques pour constater la situation catastrophique dominante.
Les ressources humaines importantes forgées pendant des années se perdent aussi. Des milliers dexcellents spécialistes partent frustrés à létranger pour chercher un meilleur destin. Ceux qui restent, sans espérances, sen vont
vers des emplois qui nont rien à voir avec leurs connaissances, ou sils se maintiennent dans leurs postes, ils végètent sans intérêt pour se surpasser. Ceci fait que les nouvelles générations manquent de stimulation pour cheminer dans les
sentiers de la science et de la technique, en produisant une diminution incessante du potentiel scientifico-technique.
Le travail et la capacité de travail comme moyen essentiel et valide du citoyen pour progresser et monter léchelle sociale ont perdu leur valeur de manière significative. Avec des salaires insuffisants pour vivre et une économie dollarisée, il est aujourdhui
déterminant davoir accès à la monnaie américaine, soit par des emplois dans le tourisme ou les entreprises mixtes qui permettent le contact avec les étrangers, la chance davoir de la famille à lextérieur qui puisse aider, ou des
activités moins licites
La différentiation sociale croissante qui margine la plus grande partie de la population, repose aussi sur une politique d'état de clientèle, ou ce qui est important nest pas le talent de la personne, mais son niveau de soumission.
Avec limpact de ces circonstances, les valeurs morales de la société se sont fêlées de façon notoire après des années dune crise que personne ne sait, même pas le gouvernement, quand elle prendra fin. Le discours officiel
insistant imprégné dun nationalisme déphasé et usé, a perdu sa solvabilité et même, son meilleur alibi, lembargo américain, a de moins en moins de crédibilité comme argument.
Lhomme nouveau dont ont rêvé dans le passé des générations de Cubains a donné un Frankestein, et la récolte na pas été de vertus, mais de frustrations. Un triste destin pour un peuple qui a tout donné et en échange,
lorsque commence le millénaire, sent quil na même pas de futur.
Traduction: Genevieve Tejera
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