Un cycle de conférences sur la désobéissance
civile a commencé à La Havane
LA HAVANE, le 10 août (Angel Pablo Polanco, CPI) Avec un déploiement
évident de personnel du Département de la Sûreté de
l'état (DSE), et après deux jours de fortes pressions de la part
de la police politique, un groupe de 17 résistants civiques ont participé
vendredi dernier 6 août à la première d'une série de
conférences qui traitent du sujet de la désobéissance
civile.
L'exposition du thème, qui fut confiée au Dr. Oscar Elias
Biscet, a eu lieu chez Monsieur Marcel Valenzuela, au 44 de la rue San Agustin
entre les rues Paz et Arnau, dans le quartier Callejas, dans la municipalité
havanaise de Arroyo Naranjo.
Près de cet endroit, dans une station de taxis qui se trouve en face
de l'immeuble en question, des troupes du DSE se trouvaient prêtes à
réprimer les participants de la conférence et ont surveillé
le déroulement de celle-ci jusqu'à ce que les opposants se soient
éloignés de l'endroit.
D'autre part, depuis le 13 juillet dernier, la police politique a confisqué
injustement une camionnette appartenant à Monsieur Valenzuela et jusqu'à
présent on ne lui a pas rendu. En réponse à ce mauvais
traitement, Marcel Valenzuela a dit à la CPI que le garage où il
gardait la camionnette confisquée par le DSE est mis par lui au service
de l'opposition au régime de Castro comme salle pour y tenir les conférences
de lutte non violente.
Dans cet endroit, le Dr. Biscet donna la conférence intitulée
: "Lutte civique non violente, une méthode de la CIA ou du Mosat ?"
Les journalistes indépendants Oswaldo de Cespedes (CPI) et Maria del
Carmen Carro (Habana Press) ont aussi couvert l'événement.
Les assistants à la première conférence sur la désobéissance
civile ont été en plus du Dr. Oscar Elias Biscet de la Fondation
Lawton des Droits de l'Homme, Marlon Cabrera Rivera, José Barrero Vargas,
Alejandro Chang Cantillo, Alejandro Maden Campos, José M. Paez Aguila,
José Aguilche Hernandez, Illuminada Sotolongo Morales, Fermin Valdes R.,
Ricardo Jover, Benancio Roberto Rodriguez, Yenisleis J. Linares et Marcel
Valenzuela, de Frères Fraternels pour la Dignité, William Herrera
Diaz, de la Ligue Civique Marti; Marcos Lazaro Torres Leon et Carlos Alberto
Dominguez, du Parti Démocratique 30 novembre "Frank Pais", et
Ruben Camalleri Alvarez, du Mouvement 24 février.
La présentation de l'orateur a été donnée à
Benancio Roberto Rodriguez, président du groupe Frères Fraternels
pour la Dignité, qui a informé que la salle aura un nom, mais
comme on n'est pas encore arrivé à un accord à ce sujet, on
le fera connaître plus tard.
"Sous une tyrannie il y a trois manières d'être", a
commencé Biscet dans sa dissertation. "L'une est la soumission ou
l'humiliation devant cette tyrannie ; l'autre est de lutter de manière
violente ce qui est la lutte armée ; et la dernière c'est la
non-violence". Il a ensuite demandé emphatiquement au public : "Dans
laquelle des trois va-t-on se trouver ?"
Biscet a indiqué que la soumission n'est pas une attitude correcte
pour un être humain, que la lutte armée a été utilisée
par l'humanité pendant toute son histoire, mais qu'elle n'a pas toujours
fait triompher la liberté.
Le conférencier a analysé à grands traits l'étape
républicaine de Cuba, en signalant que la violence a été
présente pendant presque toute cette époque en apportant comme
conséquence la violence qui nous fait souffrir aujourd'hui.
"En analysant ce processus historique", a signalé Biscet, "je
me rends compte qu'il faut trouver une arme beaucoup plus aimante, et cette
arme est décrite depuis des siècles, cette arme est la lutte non
violente".
En montrant une bible aux personnes présentes, Biscet a affirmé
que c'est le premier livre qui contient des histoires de personnes qui sont
arrivées à des victoires avec l'application de la méthode
de lutte non violente, et a défendu ce point de vue en expliquant des
passages de la vie de Moise, Jérémie, Jésus Christ et de
l'Apôtre Paul.
Il a aussi donné aux participants les noms de personnalités
qui s'opposèrent à des lois injustes comme St. Augustin, Thomas
d'Aquin, Henry Rousseau, Léon Tolstoi, Mahatma Gandhi et Martin Luther
King Jr., qu'il a tous qualifié de philosophes et d'une forme ou d'une
autre ont apporté quelque chose à la méthode de lutte non
violente.
Le Dr. Biscet a défini le concept de désobéissance
civile, a qualifié Fidel Castro de l'un des trois grands infanticides
qu'a donné l'humanité avec Hérode le Grand et le pharaon,
et a sévèrement critiqué l'Eglise. "L'Eglise à
Cuba doit suivre cet exemple et faire front aux injustices comme l'a fait Jérémie
".
Plus tard, le conférencier a dit : "Cette coupole de religieux
qui ne veulent nous appuyer en aucune activité civique que nous ayons
entreprise, nous n'avons même pas demandé qu'ils nous appuient mais
simplement qu'ils critiquent le mal, qu'ils critiquent lorsqu'on donne des
coups à une personne, qu'ils critiquent lorsqu'on met en prison
arbitrairement une personne
lorsqu'on torture quelqu'un. C'est la seule
chose que nous demandons des institutions religieuses, nous ne voulons pas
qu'ils s'introduisent dans le domaine politique mais dans le domaine
humanitaire, parce que
depuis que l'homme est venu il y a des droits de
l'homme, et ces droits de l'homme c'est la dignité de l'homme et il faut
la défendre. N'importe quel être humain qui se respecte doit la défendre
"
A un autre moment de son exposé, le Dr. Biscet a dénoncé
: "
nous nous courrons tous les jours le risque non seulement de
perdre les biens matériels mais d'être assassinés dans des
crimes politiques masqués en accidents ou de querelles de rues, ou qu'on
nous mette en prison et paient des délinquants communs pour qu'ils nous
assassinent." Et il ajouta : "Quand une personne adhère à
une cause juste, lorsqu'on applique la non-violence, elle peut nous amener des
conséquences graves mais elle porte des fruits
n'ayons pas peur d'être
un petit groupe parce que finalement un petit groupe avec une grande idée,
avec une idée juste, triomphe toujours".
Biscet a souligné l'uvre et la pensée du Père Félix
Varela, et a déclaré que "au delà de la nationalité,
au delà des frontières, au delà des gouvernements, même
au delà de l'institution de la famille, il y a quelque chose qui
correspond à tout homme : les droits de l'homme. Nous devons défendre
les droits de l'homme pour créer un monde de paix, d'amour de solidarité".
Le Dr. Oscar Elias Biscet a terminé la conférence en déclarant
énergiquement : "A tous qui sommes ici, nous correspond mener à
bien cette mission et dire comme a dit Jean Paul II, ce grand humaniste de ce
siècle, qui ici même, sur la place (de la révolution) où
l'on a promulgué la haine, où l'on a stimulé la division,
lui ici nous a donné un message d'amour, et nous a dit N'AYEZ PAS PEUR,
LE BONHEUR S'ATTEINT A PARTIR DU SACRIFICE".
Comme vous le voyez, pour toutes ces réflexions, nous pouvons
conclure que c'est un plan de l'humanité, la non-violence n'est pas un
plan de la CIA ni du Mosat. C'est simplement un plan de l'humanité, c'est
un cadeau de Dieu", a-t-il conclus.
Traduction: Genevieve Tejera
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