CUBANET

22 octobre, 2002



Cuba: puissance mondiale du secret

Lázaro Raúl González, CPI

HERRADURA, octobre (www.cubanet.org) – Ce soir Roberto fait une fête chez lui. Les invités sont des membres de sa famille et des amis. La plus grande partie d’entre eux ne connaît pas les motifs de l’invitation. Ils n’en sauront rien jusqu’à demain, quand Roberto sera à Miami.

Il ne s’en va pas de façon "illégale" dans un radeau. Mais de nombreuses raisons les obligent à cacher leur plan d’émigrer. En premier lieu, Roberto craint qu’à la dernière heure les autorités lui refusent la permission de sortie.

Il a aussi été nécessaire de ne pas faire beaucoup de bruit au sujet de son départ, pour que ne ressortent pas les mécanismes tourbes dont il s’est valu. Pour obtenir son objectif Roberto a du se marier avec la petite fille d’un ex prisonnier politique, qui, de son côté avait renoncé à partir, mais...

En dernier, Roberto a considéré qu’il était prudent de garder son plan secret pour éviter le "mauvais sort". Tant de gens veulent s’en aller du pays !

En réalité le secret, comme un solide variation de la double moralité que l’on vit dans l’Ile, est une pratique exercée par n’importe quel Cubain. Les gens en sont arrivés à un consensus général en ce qui concerne la praticabilité de cacher leurs désirs les plus chers, leurs moyens de vie et même leur véritable statut socio-économique.

Tandis que dans d’autres sociétés les gens sont content de briller par leur présence, les Cubains préfèrent briller par leur absence. Qui obtient une auto et de l’argent pour aller manger dans un restaurant choisira d’aller dans un endroit où personne ne le connaît. S’il se voyait au milieu de personnes connues il pourrait survenir des interrogations typiques d’une société collectiviste : D’où a-t-il pu sortir la voiture ? Comment gagne-t-il autant d’argent ?

Même en acquérant de la nourriture on essaie de le maintenir dans la clandestinité pour les gens.

Avec beaucoup de patience et de travail Pedro R., habitant de Consolación del Sur, a pu obtenir que des plantes – plantées par lui et scientifiquement irrigués et fertilisés – couvrent toute la clôture de son bout de terrain. De cette façon ses voisins ne peuvent pas voir son élevage de poulets et de cochons. (Pedro travaille dans une ferme d’état, d’où il soustrait l’alimentation de ses animaux.)

Le désir général de changement est secret jalousement gardé par la majorité de la population. Pour J. Serrano, habitant de Pinar del Rio, 43 ans, ce qui est le mieux c’est de garder pour soi ses désirs de vivre dans une société plus ouverte. "Cela vaut mieux – déclare-t-il - que personne ne sache comment je pense. Dans une bouche fermée les mouches n’entrent pas".

Peut-être l’opposition politique organisée est le secteur cubain qui s’est le plus distancé de ce petit jeu du secret et de la double moralité. L’opposition déclare ouvertement les dégoûts et les aspirations que la majorité de la population ne dit pas. Mais son travail est maintenu dans le secret le plus strict. Sauf quand, une ou deux fois par an, elle fait une offensive allusion à elle, l’officialisme ne reconnaît pas l’existence de l’opposition. Pour fonctionner, l’opposition doit accepter les normes restrictives normes de la clandestinité.

Qui de leur côté répriment les opposants aussi agissent - ou prétendent agir - incognito. Les méthodes de la police politique cubaine sont très dissimulées. Son objectif est de réprimer les opposants depuis l’anonymat. Non seulement ils essaient de nier l’existence des opposants, mais aussi celle de leurs propres agents.

Le secret a tant été pratiqué qu’il menace de se convertir en un élément distinctif de l’idiosyncrasie nationale. Dans l’Ile depuis presque un demi-siècle nous avons des cachettes et des camouflages faits pour pouvoir vivre dans un régime despotique qui en fait déteste n’importe quel genre de transparence, et dont l’objectif principal a été de cacher au peuple cubain l’horizon de la liberté et du progrès.

Une telle aberration, néanmoins, semble s’approcher du collapsus. Tous les jours plus de gens veulent s’enlever le doigt de l’œil et tous les jours s’affaiblit plus le corps qui fait marcher le doigt.

Un jour devra s’imposer cette maxime qui dit "personne ne peut cacher le soleil avec un doigt". Au moins pour toute la vie.

Traduction: Genevieve Tejera

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