La crise des téléphones
à Cuba
Armando Soler
LA HAVANE, mai (www.cubanet.org) - Lannonce faite par lentreprise
détat de téléphones, ETECSA, doctroyer de
nouvelles assignations dappareils téléphoniques aux foyers
dans la ville de La Havane, nous amène directement à lanalyse
de la disponibilité installée.
Si nous prenons au hasard un secteur de la population qui en bénéficiera,
Santos Suárez, dans la municipalité 10 de Octubre, nous trouvons
que sur un espace denviron 58 kilomètres carrés (le plus étendu
du pays) on a octroyé 238 téléphones pour cette année.
Un sondage effectué dans plusieurs cabinets de médecins de
famille sur le territoire mentionné, on nous informe que la moyennes de
patients/habitants par cabinet est de 550. Si nous multiplions ce numéro
par les 83 cabinets de la zone, nous aurons 50 mille patients. La croissance de
la population de lIle a été de presque 100 pour cent pendant
les quarante dernières années. La capitale, en particulier, a
augmenté de 150 pour cent, comme nimporte quelle capitale dAmérique
latine. Pour cette raison, la population de la zone que nous analysons pourrait
avoir été denviron 20 mille habitants en 1960.
Si lon consulte un annuaire de téléphone de La Havane de
1960, nous trouvons que 10 pour cent des pages correspondait, comme moyenne, à
20 foyers avec téléphone par page! En multipliant ce chiffre par
le total de 380 pages de lespace réservé à la
population, nous obtenons un chiffre de 8000 téléphones pour 20
mille habitants.
Sur un annuaire de téléphone de lannée 2001 nous
découvrons que le chiffre moyen par page est de 11 usagers. Nous
multiplions par les 430 pages qui comprennent la population et actuellement il y
a 500 téléphones installés pour 50 mille habitants.
Ce qui attire lattention cest que le nombre de téléphones
installés dans les foyers a diminué de 38 pour cent en le
comparant avec les données de 1960. Mais si nous ajoutons au calcul le
fait que la population a augmenté dune fois et demie, la diminution
de capacité installée atteint 78 pour cent du total.
Nous pouvons essayer dexpliquer cela en parlant de la pratique systématique
de la compagnie des téléphones détat de retirer linstallation
des logements abandonnés pour départ définitif du pays ou
pour le décès des usagers sans héritiers. Ces disponibilités
et la plus grande partie dautres qui ont été créées
vont vers les structures détat démesurées, les
organisations officielles de masse et la clientèle délite,
selon les mérites politiques ou limportance économique.
Le résultat dune telle pénurie est la pratique effrénée
de "cordes" clandestines, le vol de lignes pendant les week-ends et la
location illégale de services assignés par contrat.
La récente modernisation et automatisation introduites par la
direction dETECSA devraient se traduire par un service infiniment meilleur
et abondant. Malheureusement, aux plaintes sur la facturation de communications
non effectuées et au coût élevé du service mensuel
(on calcule une augmentation multipliée par cinq en comparaison avec le
tarif antérieur), on ajoute le fait que la capacité digitalisée
a été installée à 20 pour cent de son exploitation.
Une source spécialisée nous a confié que pour son plein
fonctionnement il fallait changer tout le système de transmission caduc
par de nouvelles lignes de fibre optique. Le prix coûteux dune telle
mesure fait que la croissance de linstallation téléphonique
est paralysée. Peut-être aussi à cause de cela en certaine
mesure, a conclu la source, la capacité du câble téléphonique
qui communique Cuba avec les Etats-Unis a seulement deux lignes ouvertes, lune
delles pour le service des ambassades, entreprises étrangères
installées dans lIle et lusage officiel.
La situation de la disponibilité téléphonique du pays
est pauvre si nous comparons avec le Mexique qui disposait de 343 mille
appareils en 1957 (un pour 92 habitants), et qui maintenant en a un pour quatre
habitants. A cette date à Cuba le taux était dun pour 46, et
est maintenant de un pour 57 habitants.
Lanalyse élémentaire dune petite zone qui a
beaucoup bénéficié de linstallation téléphonique
en comparaison avec le reste de la nation, puisquelle fait partie de la
capitale, fait apparaître de sérieux doutes sur lavenir du
pays dans le secteur des communications. Loffre médiocre dETECSA
pour Santos Suárez confirme le pronostique.
Traduction: Genevieve Tejera
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