CUBANET

22 mai, 2002



Carter sur un tapis


Manuel Vázquez Portal, Grupo Decoro

LA HAVANE, mai - James Carter est à Cuba. Il survolera La Havane sur un tapis conduit par Aladin. Il ne pourra réellement pas connaître notre réalité.

En son honneur on a offert des réceptions et des dîners. On l’a emmené par la main dans des endroits historiques et des centres de développement. Les éloges ont été nombreux et le peuple cubain, déconcerté et euphorique, après avoir vu à l’aéroport les drapeaux des deux nations flottant ensemble, a crut et espéré une amélioration souhaitée dans les relations cubano-américaines.

James Carter a été, à mon point de vue, le président américain qui, avec sa politique de rapprochement, touchait le plus les bases populaires du "socialisme créole" et mis le peuple cubain en face d’une réalité que jusqu’à ce moment le gouvernement castriste, par l’intermédiaire de l’ostracisme, avait empêché. Mais aujourd’hui, il n’est plus président.

Les autorités cubaines pendant quarante trois ans ont fait croire au peuple que les Américains sont les seuls coupables des calamités économiques qu’il a du affronter, et affronte toujours, et qu’en leurs mains se trouve l'interruption d’autant d’agonie. Pour cela la visite de l’ex. président a été considérée, de la part de la population, mal informée, manipulée, comme un signal d’espoir. Pauvre peuple. Peuple ingénu. Rien n’arrivera. James Carter lutte aujourd’hui, de même que nous, seulement que lui a toutes les garanties et libertés.

Le différend cubano-américain est très long et a une longue histoire. Ce n’est pas avec la visite d’un ex président qu’il se résoudra. (Et ce n’est pas mon intention de diminuer la stature de monsieur James Carter, pour lequel je sens un profond et sincère respect, mais j’essaie d’être objectif.) Les sociétés sont différentes et aussi différents les principes de gouvernement qui existent dans les deux nations. Tous les efforts de monsieur Carter fracasseront contre l’entêtement totalitaire du gouvernement cubain. Le peuple sera, une fois de plus, manipulé au moyen du monopole médiatique d’état, et continuera à penser que les Américains continuent à être "les méchants du film", quand ils découvriront que la visite de l’ex mandataire a seulement servi pour une nouvelle campagne de propagande de la part des officiels.

Pendant que James Carter était président des Etats Unis d’Amérique (période comprise entre 1977-1981) et avait le vrai pouvoir, bien qu’à l’intérieur d’un Etat de Droit qui ne permet pas les infractions que le président cubain a le droit de commettre, Fidel Castro n’a pas eu l’idée de lui envoyer une invitation pour qu’il s’assoie pour négocier sérieusement. C’est aujourd’hui, quand Dieu seul sait quelles manigances il prépare pour se maintenir au pouvoir, qu’il l’invite et le reçoit avec cordialité.

Pourquoi ne l’a-t-il pas invité quand il était président ? Comme le reconnaît Castro lui-même, sous le mandat de Carter aux Etats-Unis les relations des deux pays ont pris des aspects conciliateurs et on a pu ouvrir des bureaux d’intérêts dans les deux capitales, on a permis aux américains et à la communauté cubaine en exil de voyager librement à Cuba, en plus d’avoir délimité les frontières maritimes de Cuba, du Mexique et des Etats-Unis. C’était un moment vraiment propice.

Mais ce qui arrive c’est que Fidel Castro n’est pas intéressé pour parler de président à président lorsque sur les épaules du président américain retombe toute la responsabilité de guider cette grande nation qui n’est pas dirigée par des caprices personnels. Il n’était pas intéressé alors de parler avec Carter, comme il n’est pas intéressé maintenant de parler avec George W. Bush. Il préfère donner des conseils et montrer de bonnes intentions, et ainsi prouver au peuple cubain que ce n’est pas lui (Castro) qui entrave les relations entre les deux nations.

Pour le peuple cubain le souvenir le plus important de la période de Carter comme président des Etats Unis d’Amérique du Nord a été ce qu’on a appelé l’ouverture de la communauté. De nombreuses familles divisées purent se retrouver à ce moment là. Ils ont échangé des informations. On a cassé le carcan qui empêchait les Cubains d’avoir contact avec une société sur laquelle ils avaient seulement de mauvaises références de la part de la propagande officielle. Le mythe de que Cuba était le meilleur endroit du monde pour vivre s’est écroulé. Les gens ont commencé à rêver d’améliorations économiques et politiques hors de celles promises par le gouvernement et sont arrivés les évènements de l’ambassade du Pérou et l’émigration postérieure massive par le port de Mariel. Rien de plus. Je pense que j’ai raison de penser que Carter fut le bélier qui a commencé à faire tomber le mur.

Aujourd’hui ce brillant président d’alors visite des centres historiques et de développement mené par la main des mêmes officiels de cette époque là. Rien n’a changé malgré ses efforts et son intelligence. Cuba souffre toujours. Mais pour qu’il s’en rende compte, ils ne l’emmèneront pas visiter une des tant de prisons où des prisonniers de conscience partagent des cellules avec des prisonniers communs, ils ne l’emmèneront pas à un refuge où des familles sans logement habitent, ils ne lui permettront pas de voyager sur un "chameau" et ne lui offriront pas non plus une ration du délicieux "hachis de soja", il ne pourra pas constater que les Cubains souffrent dans leur propre pays d’un apartheid touristique, que les Cubains ne peuvent pas voyager librement, il ne pourra pas lire un journal indépendant, l’opposition interne ne pourra pas le recevoir dans un immeuble à eux et légal, il ne connaîtra pas un "solar" à peu de distance du Centre Historique, il ne comprendra pas, enfin, pourquoi tous, depuis son arrivée le dimanche 12, prieront pour qu’il ait le pouvoir, au moins, de provoquer un autre Mariel.

Traduction: Genevieve Tejera

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