La Patrie appartient à
tous
"La
Patrie appartient à Tous est toujours en vigueur" - Vladimiro Roca
LA HAVANE, le 5 mai (Manuel David Orrio, CPI / www.cubanet.org) - "La
Patrie appartient à Tous est toujours en vigueur", a affirmé
le dissident cubain Vladimiro Roca sur le document alternatif dont la rédaction
lui a causé presque cinq ans de prison.
Roca l'a indiqué ainsi pendant une conférence de presse
improvisée qui a eu lieu sur le perron de son domicile, situé dans
le quartier havanais du Nuevo Vedado, où il est arrivé à
midi aujourd'hui après sa libération surprise. On l'a vu fatigué,
mais animé, et il s'est manifesté comme un homme qui avec son expérience
carcérale a gagné un grand rapprochement à la religion
catholique.
Malgré la dure expérience vécue par lui, Roca a défendu
le dialogue politique comme le seul chemin qui soit pour obtenir des solutions
aux problèmes de Cuba. "Tolérance et volonté pour
dialoguer est ce qui est nécessaire", a-t-il indiqué.
Le signataire de La Patrie appartient à Tous et le dernier d'entre
eux à être toujours incarcéré pense que la visite
annoncée de l'ex président américain Jimmy Carter dans
l'Ile sera positive pour Cuba. Mais en même temps il a rappelé
comment le gouvernement de Fidel Castro n'a pas profité de chances créées
pendant le mandat de l'Américain pour amener les relations entre les deux
pays à un autre niveau.
"Le gouvernement de Carter s'est caractérisé par une
volonté de dialogue. Il a obtenu beaucoup ; là se trouvent les
accords Torrijos-Carter pour rendre le Canal de Panama ; à Cuba s'est établi
la Section d'Intérêts des Etats Unis ; il y avait en discussion en
ce moment là un accord migratoire et on a même parlé, non
pas de la dérogation, mais de la suspension de la Loi d'Ajustement
Cubain. Avec le gouvernement de Carter on aurait pu parler de rendre à
Cuba la Base Navale de Guantanamo. Si Panama a obtenu de Carter le retour du
canal, quelque chose de beaucoup plus important, Cuba au moins aurait pu obtenir
la restitution de Guantanamo".
Roca considère que l'élimination de la politique de sanctions économiques
unilatérales des Etats-Unis envers Cuba serait un fait positif pour
l'Ile, et a souligné que si les possibilités de commerce entre les
deux pays étaient plus prometteuses pour les "grands intérêts
économiques" des Etats-Unis, l'embargo serait levé depuis un
moment. "Là se trouve l'exemple du Vietnam pour le démontrer".
Le président du Parti opposant Social-démocrate de Cuba a
assuré, sur le récent vote sur Cuba à la Commission des
Droits de l'Homme de Genève, qu'il s'y attendait. Mais il ne croit pas
que du point de vue pratique cela apporte un bénéfice pour la
situation de Cuba. "On a vu chaque fois plus une position intransigeante de
la part du gouvernement de Fidel Castro, dans le sens que d'entendre parler des
droits de l'homme et, même, comme a déclaré le président
Castro, 'ça suffit de parler de petites listes de prisonniers ?".
Sur la dite bataille d'idées que livre le gouvernement cubain, Roca a
ironisé : "Les romains disaient qu'au peuple il fallait lui donner
du pain et du cirque, et que quand il n'y avait pas de pain il fallait lui
donner plus de cirque".
Au sujet du vote du Mexique sur Cuba à la Commission des Droits de
l'Homme de Genève, il faut noter qu'il s'est produit un refroidissement
des relations entre les deux pays, Roca manifeste que le gouvernement de Fidel
Castro aurait pu l'éviter en montrant seulement que - comme Castro a dit
au Pape - "Cuba n'a rien à cacher".
"En ayant permis aux mexicains, non à la Commission des Droits
de l'Homme, de visiter des endroits pour qu'ils vérifient qu'ici il n'y a
pas de violations des droits de l'homme, il me semble que cela aurait été
suffisant pour que le vote ait été favorable à Cuba. Malgré
cela, elle reste fermée (Cuba) et souvenez-vous que c'est le seul pays
qui n'a pas permis au Pape de visiter les prisons. Et maintenant que j'en viens,
je me rends compte pourquoi ".
Roca a souligné la détérioration de la situation économique
de Cuba, et a raconté que pour lui la vie en prison a été
le meilleur indice de cette détérioration. Il a raconté que
depuis l'ouverture de sa cellule on voyait un champ de canne à sucre, et
qu'il mesurait l'efficacité économique du pays par le retard
extraordinaire avec lequel on faisait la récolte de canne à sucre.
"La situation a changé ; nous avons plus de problèmes,
moins de production de sucre, le prix du nickel a baissé et celui de pétrole
a monté ; l'economie continue à montrer une tendance à
l'inefficacité ; ceci n'a pas pu être corrigé, comme on n'a
pas non plus pu éliminer la déviation des ressources".
Roca était attendu chez lui avec émotion et amour. Le perron
du logement, décoré avec des ballons de couleur, a annoncé
la fin de la conférence de presse avec l'éclatement de l'un de ces
ballons. Mais Roca a pu jouir de ce premier plaisir de la liberté, en présence
des journalistes : il a parcouru sa maison. Dans une Havane ensoleillée,
chaude, qui d'une façon a fait voir le message qui l'a emmené en
prison : La Patrie appartien à tous.
Traduction: Genevieve Tejera
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