Témoignages
sur les évènements de lambassade du Mexique
Ernesto Roque et Caridad Cristina Alvarez, Grupo Decoro
Interviews de personnes arrêtées
LA HAVANE, 7 mars (www.cubanet.org) Trois mères cubaines,
pendant laprès-midi du 28 février, ont parcouru plusieurs
stations de la Police Nationale Révolutionnaire (PNR) de la ville de La
Havane en cherchant leurs fils, qui avaient été arrêtés
pendant les évènements qui ont eu lieu récemment à lambassade
du Mexique dans cette capitale.
Des habitants de la municipalité havanaise Playa ont vu quand des
agents de la PNR emmenaient en détention les jeunes Alain Sarel Arocha,
Roger Peña et Maikel Padrón Domínguez, qui font leur
service militaire obligatoire. Les trois ont été emmenés
dans un autobus vers un endroit non précisé.
Averties par leurs voisins de Playa, les mères de ces trois jeunes
ont parcouru plusieurs stations de police mais là on leur a indiqué
quaucun de leurs fils ne sy trouvaient détenus, et que pour
cela elles devaient se renseigner dans dautres unités de la PNR.
Les femmes se sont mises daccord et ont commencé à chercher
en appelant par téléphone. A la fin on leur a dit quelles
devaient appeler la prison de plus haute rigueur la Combinado del Este.
Comme il était déjà tard dans la nuit et ne savaient
pas le numéro de téléphone de cette prison située
dans la municipalité Habana del Este, les mères des jeunes ont décidé
que le lendemain premier mars, elles iraient personnellement au Combinado del
Este.
Interview avec Alain Sarel Aroch
Ce jeune a été libéré au petit matin du premier
mars. Son visage reflétait cette joie de ceux qui respirent librement.
"Nous avons été arrêtés avec plusieurs
autres personnes a-t-il indiqué près des rues Septième
et 14, dans la municipalité Playa. Mois jallais chez moi à
bicyclette, après avoir dit au revoir à ma fiancée, qui
habite près de lambassade mexicaine. Ils mont conduit à
la Cinquième Station de Police. Quelques heures après ils mont
conduit vers la prison Combinado del Este en compagnie dautres jeunes".
Je jeune se souvient : "Nous étions en tout 400 ou 500 détenus,
non pas 150 comme a été indiqué officiellement. Je nai
reçu aucun mauvais traitement de la part des gardiens de la prison. Mais
par contre, il fallait rester de façon permanente couché sur le
lit, sans parler entre nous (les prisonniers)".
Alain Sarel Arocha a été libéré très près
de son domicile au petit matin. Ils lont transporté jusque là
dans un autobus. Avant dêtre libéré, la police a fait
une investigation dans la zone où réside le jeune.
Rencontre avec la mère de Roger Peña
Mary, comme on lappelle dans le quartier, a répondu à
nos questions avec appréhension.
Elle a commencé en nous disant : "Mon fils est tranquille. Il ne
ma jamais donné de maux de tête. Ma préoccupation cest
quil ne travaille pas pour lEtat et gagne sa vie comme coiffeur. Jespère
quil sortira bientôt de prison, si Dieu me vient en aide".
Quelques jours après Dieu a écouté les prières
de cette mère cubaine. Roger Peña a été mis en
liberté le 3 mars. Quelques heures après son arrivée chez
lui nous avons pu linterviewer.
Ce qua déclaré Roger Peña
"Maikel et moi nous nous trouvions au coin des rues 41 et 42, près
du centre récréatif La Tropical, là nous avons été
arrêtés par les agents de police. Lorsque nous leur avons demandé
pourquoi ils nous arrêtaient, ils se sont limités à répondre
: 'Nous avons ordre de que toute personne qui se trouve dans la rue après
une heure du matin soit emmenée'. Il était exactement 1 h. 15 du
matin".
"Nous avons été conduits dans une auto de marque Peugeot
vers la Cinquième Station de Police, où ils nous ont tous
photographiés. Ils nous ont également dit que cette nuit même
nous serons contrôlés, dans le pâté de maisons où
chacun de nous habitons, pour vérifier notre conduite".
"A environ minuit, nous avons été transférés
vers le Combinado del Este. Là ils nous ont dabord emmenés
vers une grande salle où on nous a pris des déclarations en
relation avec ce que nous avions fait pendant cette nuit-là. Je calcule
que nous étions environ 500 détenus. Moi on ma interrogé
deux fois".
"Après le premier interrogatoire ils nous ont passé une
vidéo avec des images de tous les évènements de lambassade
du Mexique. On a même vu les personnes qui ont jeté des pierres.
Ensuite, les militaires nous ont fait former des files dans des groupes denviron
45 détenus et nous ont emmenés vers le bâtiment #3 du pénitencier".
Conversation avec Lily, la mère de Maikel Padrón
"En me présentant à lentrée de la prison
Combinado del Este jai pu vérifier quil y avait dautres
parents de jeunes arrêtes qui se préoccupaient pour savoir où
étaient leurs fils. Quand ils se sont occupés de moi dans un petit
bureau, lofficier de garde ma indiqué : 'Je nai pas
dormi du tout. Donnez-moi le nom de votre fils, pour voir sil se trouve
ici'. La recherche a été positive. Lorsquil ma demandé
quel travail il faisait, je lui ai répondu quil est en train de
faire son service militaire obligatoire. Alors, il ma répondu :
'Allez chez vous, nous les relachons peu à peu'".
Maintenant Lily lutte contre le temps. Les secondes lui semblent des années,
comme elle nous a dit, et les minutes des siècles.
"Jattendrai deux jours de plus. Si on ne le libère pas,
nous serons tous deux en prison" a dit la dame.
Jusquà présent, linformation officielle sur le
sujet de lambassade du Mexique dit quil y a seulement 150 détenus.
Malgré cela, les témoignages de quelques-unes des personnes
impliquées indiquent que ce nombre est supérieur.
Des commentaires circulent selon lesquels 150 personnes sont celles qui
resteront en prison.
On na pas pu confirmer cette rumeur. Mais il est évident que
plus dune centaine de mères cubaines se lèvent ces jours-ci
avec lincertitude de ce qui arrivera à leurs fils. Quelques-unes
unes prient pour leur libération. Toutes ont les larmes aux yeux. Dautres
implorent la divine providence pour que ce martyre cesse définitivement.
Traduction: Genevieve Tejera
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