Le projet
Varela : sur le droit des expatriés
Manuel David Orrio, CPI
LA HAVANE, mai C'est avec un grand intérêt que j'ai lu
l'article "Le droit des expatriés", écrit par la plume
du compatriote Jorge H. Fonseca, qui a été publié le 4 mai
dans le journal indépendant d'affaires cubaines Encuentro en la red (http://www.cubaencuentro.com/). Avec
grand intérêt, parce que celui-ci contient une analyse sur la façon
avec laquelle le Projet Varela, déjà bien connu, a pris en compte,
ou non, le droit de participer à la vie politique de Cuba de ces citoyens
qui ont émigré pour une raison ou une autre.
Fonseca indique : "Dans le document rédigé par Payá
(...) on contourne avec un naturel inexplicable une autre condamnation injuste décrétée
par la tyrannie vers ces personnes qui pour diverses raisons avons décide
d'émigrer (...) ne pouvant plus jamais rentrer à notre patrie, à
moins de le faire avec un 'permis' limité, par décision du
dictateur (...) D'un autre coté, la proposition de Payá explicite
la nécessité d'avoir résidé continuellement pendant
la dernière année antérieure aux élections limitées
que propose son document (...) Il peut s'agir d'un oubli involontaire. Je ne le
crois pas ; la proposition d'être candidat seulement après avoir vécu
à Cuba pendant plus d'un an contenue dans le document de Payá, démontre
que nous avons été exclus consciemment, et comme cela n'est pas négociable,
nous avons le droit de le signaler clairement, sans que ce droit à la
liberté d'opinion implique, nécessairement, de retirer le soutien
nécessaire aux frères de l'opposition à l'intérieur
du pays".
Ce n'est pas la première fois, ni ce sera la dernière, que
j'interprète le concept "Patrie pour tous, avec tous et pour le bien
de tous", comme incluant ces compatriotes situés dans n'importe
quelle latitude et longitude, pour des raisons qui sont l'affaire de chacun. Je
partage pleinement une expression je crois de Marifeli Pérez
Stable- selon laquelle demain nous les Cubains devrons créer une sorte "quinzième
province", destinée à la consécration des droits de
nos émigrés, et encore plus dans des conditions de globalisation.
Rêvons un peu : il semble complètement absurde que pour passer ses
vacances où il a vraiment envie, un compatriote ne puisse pas se présenter
à une élection, et il paraît quelque chose rétrograde
qu'un cubain, dont la profession l'oblige à vivre hors de Cuba, ne puisse
pas avoir l'ambition de se présenter à la présidence de la
République seulement pour ce motif. Plus d'une fois les projets
politiques de l'île sont tombés dans cette sorte de régionalisme
d'un nouveau genre, rappelant les disputes des grands de 68. De 1868, faut-il
clarifier.
La défense fonséquienne des droits des émigrés
est cent pour cent pertinente ; cela ne se discute même pas. Malgré
tout, on ne peut pas perdre de vue un aspect conceptuel de ce que le Projet
Varela aspire à promouvoir et représenter, au-delà des
discernements et des erreurs, d'éloges et de critiques. Il s'agit d'une
initiative visant à obtenir par des moyens constitutionnels une ouverture
politique et économique sans précédent, dans la Cuba de
Fidel Castro ; c'est à dire, le Projet Varela cherche à consacrer
juridiquement des droits aujourd'hui inexistants dans les lois nationales. Pour
commencer, cela est très peu en relation avec la liberté de
circulation justement défendue par Fonseca. La Constitution en vigueur à
Cuba stipule bien clairement que tous les Cubains on le droit d'"élire
domicile en n'importe quel secteur, zone ou quartier des villes", d'où
l'on voit le caractère inconstitutionnel notoire des limitations qui
existent aujourd'hui pour vivre dans la capitale de la République. Il
n'est pas nécessaire d'en arriver aux droits de l'homme pour dénoncer
cette injustice, puisqu'il s'agit d'une violation flagrante de la Loi
Fondamentale cubaine. Pour cela, à mon point de vue, le Projet Varela et "le
droit de l'expatrié" sont des problèmes conceptuels distincts
: une chose est de lutter pour de nouveaux droits, et une autre de réclamer
à haute voix le respect de ceux en existence au moins sur le papier, mail
Le Papier enfin.
Je ne défends pas ni attaque le Projet Varela ; j'estime que ma
fonction sociale comme journaliste indépendant cubain m'oblige à
un distancement né de l'étique du métier. Malgré
cela, je crois que c'est une erreur de cette initiative de s'être prononcé
restrictivement sur les droits électoraux des émigrants, en
proposant des délais de résidence à l'intérieur du
pays pour se postuler à une fonction dans une élection.
Je ne sais pas si les oublis de Payá -comme l'indique Fonseca- ont été
involontaires ou non ; je préfère attirer l'attention sur les
mauvaises habitudes d'esprit de clocher qui distinguent encore les fils de la
terre de José Martí. Lorsque la cause de ce régionalisme
est le base-ball, le Stade Latino-américain de La Havane est le témoin
exceptionnel des meilleures passions. Mais lorsque l'origine en est la
politique, les sorciers locaux froncent les sourcils et jettent au vent une
phrase de mauvais sort : osorbo!
Traduction: Genevieve Tejera
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