CUBANET

19 avril 2001



Le pire de nos maux sociaux

Tania Díaz Castro

LA HAVANE, avril – Assez souvent apparaissent dans la presse cubaine des articles critiques sur l’éducation de nos jeunes et de nos enfants, spécifiquement sur leur manière grossière de parler. Ce mal, qui a surgi dans notre société il y a déjà environ trente ans, peu de temps après le triomphe politique de Fidel Castro, s’est tant aiguisé que, selon l’opinion des autorités, "elle s’est échappée des mains des parents et des maîtres".

Il est évident que ce mal social choque ceux qui comme nous arrivons au troisième age. Nous ne nous souvenons pas d’avoir entendu en pleine rue ces mots ordinaires ou obscènes dits par des enfants ou des jeunes d’autrefois, comme il arrive aujourd’hui avec les jeunes et les enfants de n’importe quel age et des deux sexes.

Récemment le collègue Gabino Manguela, du journal "Travailleurs", a exposé dans une de ses chroniques que "à la vue de tous nous détruisons la bonne manière de parler sans nous rendre compte que, après un moment déterminé, le mal ne pourra plus être remédié"(*).

Des psychologues et journalistes cubains ont cherché avec vigueur la cause fondamentale de ce grave mal de ce que l’on appelle la "société socialiste". On dit que la faute vient des parents, qui "ont perdu -selon Manguela- cette capacité innée d’interdire aux petits de dire des mots grossiers". Ils s’efforcent de mentionner ce sujet non seulement dans la presse officielle, mais aussi dans des débats dans des organisations de pionniers et même à l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire.

Selon des investigations de psychologues célèbres du monde entier et depuis de longues années, le gros mot forme partie d’un état agressif dans l’être humain et il s’agit, simplement, d’un déséquilibre psychologique qui provoque l’hostilité d’une personne envers celles qui l’entourent ou envers une situation en particulier.

Ainsi, il est bon de souligner que nos enfants et nos jeunes cubains vivent sous un régime agressif et répressif. Nous entendons quotidiennement un seul discours qui, évidemment, est également agressif, sujet à attaquer, offenser, provoquer des situations de tout genre et, surtout, rempli de haine et de rancœurs. Si nous ajoutons à cela la double morale de nos enfants et de nos jeunes, à laquelle ils sont soumis pour de nombreuses raisons, nous trouverons facilement que la cause de ce mal retombe sur le système de gouvernement lui-même, totalitaire et dictatorial.

La principale raison pour que nos enfants et nos jeunes assument, de même que les adultes, une fausse posture en ce qui concerne l’ensemble des facultés spirituelles qu’ils possèdent, est précisément la manière avec laquelle ils doivent payer leur enseignement "gratuit". En réalité, l’Etat par ses centres d’études, tous confisqués à partir de l’année 1959, offre une éducation communiste de forme marxiste-léniniste. De cette manière, comment peut s’élever la morale de nos enfants et de nos jeunes, lorsque d’autre part ils font face à une réalité qui démontre l’échec de ce régime absolu ?

Nos enfants et nos jeunes se voient obligés dans ces centres à applaudir et à répéter des consignes politiques orientées depuis l’organe le plus haut de propagande révolutionnaire et chanter les louanges de toutes les années. Pourrions nous alors accepter le travail éducatif "à succès" de l’Etat cubain, en tenant compte que le prix de cette éducation "gratuite" est incalculable, depuis l’instant où elle arrive à établir une lutte subconsciente entre la raison et le devoir des enfants et des jeunes, ce qui se manifeste dans l’agressivité de leur langage?

Le journaliste cité clarifie dans son article que, selon l’opinion de quelques enfants interviewés par lui, le sujet des vilains mots ne s’analyse pas dans les écoles et ajoute que la grande majorité des enfants disent des gros mots dans leur langage quotidien.

Si "parler correctement aide à former le caractère des mineurs et détermine l’acceptation de chaque personne dans son groupe social", comme signale notre Apôtre José Martí, nous sommes alors en présence de générations fausses et faibles, malades, grâce à un régime d’imposition et intolérant.

Les parents cubains, comme on le sait, ne peuvent pas choisir l’éducation de leurs enfants. Tous sans exception sont obligés d’accepter une éducation athée et marxiste dans laquelle les enfants crient tous les jours "pionniers pour le communisme, nous serons comme le Che". Et le Che, précisément, est représenté par un portrait guerrier, symbole du système.

Je suis d’accord avec Manguela lorsqu’il signale que nos enfants rivalisent pour dire le mot le plus indécent en pleine voie publique, " cette façon négative de parler est arrivée à un tel point qu’aussi bien dans un parc que dans un autobus, dans la maison ou dans une fête, la prolifération de mots grossiers est commune".

L’Etat cubain ne regarde pas l’éducation comme une nécessité de l’être humain pour se perfectionner, mais comme la seule forme de perfection imposée par lui et tient pas compte que chaque personne a sa propre nature et ses caractéristiques, et qu’en plus elle naît avec le désir de choisir.

Si "les universités sont pour les révolutionnaires", comme affirme et le répète l’Etat, comment peut-on en arriver à des niveaux de qualité dans le système éducatif, comment acquérir une éducation agile, capable d’incorporer les connaissances qui surgissent à partir du développement scientifico-technique, quelle habitude de recherche peut être donnée à l’étudiant, si on lui impose une idéologie basée sur des concepts archaïques et obsolètes?

Nous ne sommes pas, en aucune façon, devant des succès en ce qui concerne l’éducation. L’Etat lui-même reconnaît que l’entrée aux instituts supérieurs pédagogiques ne se fait pas d’une manière très favorable, ce qui démontre un rejet des étudiants des carrières d’enseignement. Malgré cela, ces mêmes jeunes vont en uniforme aux urnes, obligés à exercer le vote à faveur de ceux qui lui exigent l’obéissance et la gratitude. Ils étudient en plus, dans leur majorité, dans des bâtiments détériorés avec de graves problèmes dans l’éclairage des salles de cours, dans l’hygiène, la distribution d’eau et les outils d’étude.

Selon les chiffres mêmes de l’état, par exemple, seulement dix pour cent des écoles au niveau national ont pu être réparées. Les maîtres, en exode constant, se plaignent de ce que les conditions matérielles ne favorisent pas l’accomplissement de leurs fonctions et pour cette raison pendant cette nouvelle année scolaire on a incorporé aux classes des dizaines de centaines de professeurs improvisés, venant de plusieurs secteurs du pays.

Le gouvernement cubain est très conscient de l’importance qu’a le niveau primaire dans l’éducation, en le qualifiant de "colonne vertébrale de la Révolution". Pendant cette étape l’enfant prend conscience de tout ce qui l’entoure et est très susceptible aux influences de pouvoir. Pour autant, l’Etat cubain utilise les élèves pour maintenir son pouvoir, non seulement parce que celui-ci est lié obligatoirement au travail productif, mais aussi parce qu’avec les étudiants on en arrive à une formation politique supérieure avec le but de contribuer à la croissance de l’Union de Jeunes Communistes (UJC) -organisation qui sert d’antichambre au seul parti qui peut exister à Cuba- ce qui démontre l’absence de libertés civiles et politiques et les violations flagrantes des droits de la population.

(*) "Gros mots parmi nos enfants", article de Gabino Manguela, Travailleurs, 19 mars 2001.

Traduction: Genevieve Tejera

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