Vols, agressions
et violence à La Havane après la Loi 87
Jesús Zuñiga, Coopérative de Journalistes Indépendants
LA HAVANE, juillet C'est arrivé comme dans un de ces films de
catégorie R que retransmet la télévision cubaine le samedi
soir. A 20 h. 40, deux individus sont arrivés à un petit magasin
qui offre un service de photos et de snacks en dollars dans la rue centrale
Calzada de Monte. Il ne se sont pas masqué le visage ; l'un était
armé avec un pistolet et l'autre avec un couteau. Ils ordonnèrent
aux personnes présentes de ne pas bouger. Ils allèrent directement
vers la caisse et prirent plus de 1.200 dollars.
Pour tranquilliser les personnes menacées, ils leur rappelèrent
que rien de cela ne leur appartenait. L'un partit avec l'argent et l'autre
couvrit sa fuite. Avant de s'en aller, ils prirent six boites de bière
Cristal. Tout arriva en moins de cinq minutes. Ils partirent à pied. Une
version croit qu'ils avaient une voiture dans la rue la plus proche, une autre
dit qu'ils se mirent à courir avec le butin en mains.
Malgré la nouvelle Loi 87 et la présence exagérée
de policiers dans les rues, la violence continue à battre des records.
Les chiffres officiels sont inexistants, mais chaque jour le Cubain commun
apprend ou est témoin de faits qui ont eu lieu la veille au soir. Le
nombre de citoyens assassinés ou blessés par leurs agresseurs est
aussi significatif.
C'est le cas d'un jeune homme de La Havane qui deux jours avant ses 19 ans
n'a pas pu arriver à les fêter parcequ'à la sortie d'une
discotheque dans le quartier de Miramar, une bande de malfaiteurs l'a attaqué.
Il a à peine souffert la dernière nuit de sa vie. Un fort coup
avec une barre d'acier de presque quatre kilos lui a fracturé le crâne
de façon instantanée. Le motif : lui voler une paire de chaussures
de tennis Nike. Sa mère ne peut pas comprendre comment on peut tuer pour
si peu. La vie de son fils a eu un prix : 120 dollars, prix des chaussures dans
les magasins en devises cubaines.
Avoir des dollars, des appareils électroménagers, des bijoux
de valeur, de la nourriture, c'est l'objectif principal des malfaiteurs. Le vol
dans des logements habités est également important. Les délinquants
ont l'habitude de regarder les maisons qui dans chaque quartier sont les mieux
meublées, presque toujours avec des grilles. Mettre des grilles aux
portes, aux fenêtres, terrasses et jardins a été mis à
la mode devant l'augmentation des vols. Se renfermer derrière les grilles
est la solution de beaucoup de familles d'un bout à l'autre du pays.
Mais les grilles appellent l'attention ; c'est ainsi que souvent on entend
parler de vols fantastiques dans les maisons apparemment protégées
comme si elles étaient une forteresse militaire. Le pire c'est qu'ils ne
dévalisent pas le logement, mais il y a eu des cas où à
entendre des bruits et quand les habitants se sont réveillés cela
leur a coûté la vie.
Une autre chose commune est aussi la corruption et l'escroquerie. Pour
quelque démarche que ce soit ou pour trouver un bon travail il faut avoir
une somme d'argent, des dollars de préférence. Pour Manuel Diaz
de 44 ans, un poste dans un magasin où on paie en dollars lui a coûté
400 dollars. Alejandro Suárez, 24 ans, un poste dans la société
d'appareils électroniques pour le tourisme lui a coûté 600
dollars. Le tourisme et les entreprises à capital étranger sont
les plus recherchés. Ensuite, grâce aux vols subtils on peut récupérer
l'argent investi pour acheter la place.
"Les gens dépensent une certaine quantité en sachant que
dans cet endroit on peut soustraire suffisamment pour quintupler ce que l'on a dépensé",
assure Victor Rojas, 42 ans, qui travaille dans une société. De
plus bien sûr, la nourriture et les conditions de travail sont meilleures.
Il est vrai que le gouvernement ne les paie pas pour la somme stipulée
pour laquelle ils ont été embauchés, mais pour eux ce n'est
pas trop important. Un jour ou l'autre ils vont gagner assez d'argent et de
marchandises pour améliorer leur niveau de vie.
La corruption se trouve dans toutes les sphères de la vie de la société
cubaine actuelle. Une armée de canailles s'est mise à découvert
ces les derniers temps. Leurs points de mire favoris sont les touristes et les
paysans ayant de l'argent qui veulent s'établir dans la capitale. Aux étrangers
ils essaient de leur vendre des boites de cigares falsifiés et des uvres
d'art illégitimes. Les paysans, souvent, sont victimes d'escrocs.
Un résident dans le quartier du Vedado a vendu sept fois la même
maison à des personnes différentes. Chaque vente a rapporté
30 mille pesos (1.500 dollars) à chacune des trois personnes chargées
de l'opération de vente supposée. En six ans, il a obtenu environ
de 270 mille pesos (environ 15.000 dollars). Pendant ses 40 ans de vie il n'a
jamais travaillé. Il n'en a pas besoin. Son commerce est hautement
lucratif.
La sociologue Maria Luisa Benitez, de 38 ans, se trouve parmi ceux qui
pensent que les conditions économiques difficiles de ces 60% de la
population qui ne reçoit pas de devises ont tant dégradé
quelques segments de la population qu'ils ont opté pour la violence. Les
secteurs marginaux se trouvent dans les quartiers de la périphérie
de la Vieille Havane, La lisa, Marianao, Havane Centre et San Miguel del Padrón.
Les noirs sont les plus lésés, selon la spécialiste. Pour
quatre familles blanches qui vivent mal il y en a plus de dix qui appartiennent
à la race noire et subsistent dans des conditions précaires.
Cette situation a fait que les noirs se soient irrités contre les
personnes qui on un pouvoir d'achat pour se permettre des articles de qualité,
et qui en majorité appartiennent à la race blanche. Aux touristes
ils leurs arrachent leurs sacs ou leurs appareils photo, mais ils ne leur
donnent pas les même coups qu'ils donnent aux Cubains quand ils les dépouillent
de quelque bijou.
Les cas résolus par des investigateurs de la police sont infimes,
puisqu'en général les malfaiteurs ont l'habitude d'être
attrapés quand ils sont des récidivistes multiples. Le cas de Bárbaro
García, 40 ans, est un exemple typique de l'inefficacité policière.
Il y a environ un an, deux individus lui firent subir deux coups de poinçons
pour lui voler une serviette à cadenas à numéros qui
attirait l'attention. A cause des lésions sévères reçues,
il perdit un il. La serviette contenait seulement des documents de
travail. Bárbaro, qui malgré la blessure continue à dires
des blagues dit que la police ne l'a toujours pas informé de la capture
de ses agresseurs.
La Havane n'est pas aussi violente que New York, Mexico ou Medellin, mais
elle leur fait déjà concurrence.
Traduction: Genevieve Tejera
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