Emigration légale - émigration illégale
Mario J. Viera Gonzalez, Cuba Voz
LA HAVANE, le 16 décembre Le drame de lenfant Elian Gonzalez Brotons, survivant dun naufrage dans lequel sa mère a perdu la vie, met sur le tapis le problème de lémigration à Cuba. Le gouvernement de Cuba clame que laccident dans
lequel ont péri une douzaine démigrants illégaux provenant de la ville de Cardenas est un nouveau crime des Etats Unis en disant que le gouvernement de ce pays encourage lémigration illégale à cause de la Loi dAjustement Cubain.
Cuba et les Etats Unis ont signé un accord sur le thème migratoire que le régime de La Havane insiste avoir suivi rigoureusement, pendant que les Etats Unis allège-t-il continue à stimuler lémigration illégale. Malgré
cela, les centaines de personnes qui ont essayé de partir dans des embarcations sont renvoyées à Cuba par le Service de Garde Côtes des Etats Unis paraissent démentir cette allégation, et peu nombreux sont les Cubains qui arrivent à fouler le sol américain
et profiter des bénéfices que leur offre cette Loi aussi critiquée par le régime de Castro.
Cependant, et malgré les captures constantes en haute mer démigrants illégaux cubains et leur dévolution subséquente à Cuba, beaucoup dans ce pays essaient de labandonner dune manière ou dune autre selon leur possibilité,
en fuyant les privations aussi matérielles que spirituelles dont ils souffrent dans leur patrie. La politique de non-ouverture démocratique traditionnelle du gouvernement communiste, le manque dopportunités dont on souffre dans le pays, le mécontentement généralisé
qui ne trouve pas un canal dexpression sauf dans le désir anxieux de senfuir, beaucoup de Cubains sont plus stimulés par lenvie de liberté que par la Loi dAjustement Cubain, ce qui ne peut être satisfait quen émigrant vers nimporte
quel coin de la planète et pour quelque moyen quil leur soit disponible.
On compte par milliers les Cubains qui émigrent vers dautre pays: Espagne, Canada, Italie et Allemagne sont après les Etats Unis les buts les plus importants de ces émigrants. Ceux qui ont de la chance, grâce à un mariage ou à linvitation
formulée par un ami citoyen de nimporte quel de ces pays, peuvent abandonner lîle de façon légale et sans grand risque. Ceux nont pas cette chance et désirent séchapper du paradis prolétaire, et de la meilleurs «uvre
sociale et la plus humaine que lon ait fait dans ce siècle», ils se décident pour laventure de la mer, en mettant la proue vers les côtes les plus proches de Cuba: La Floride.
Pour atteindre le but de fuir on emploie des embarcations rustiques, qui rempliraient dadmiration Christophe Colomb lui-même, et même on a recours à des contrebandiers moyennant une forte somme dargent.
Sans les lois dajustement cubain beaucoup ont déserté dans des pays dAmérique Centrale et du Sud, où ils sont arrivés pour raison de travail ou en tournée artistique ou sportive. Des milliers de Cubains ont émigré non seulement
vers des pays hautement industrialisés, mais aussi vers des nations en voie de développement comme le Venezuela, Costa Rica, Equateur, Argentine, Chili, pays où il serait impossible darriver par voie maritime habituelle des voyageurs en radeaux cubains. Ce nest pas
la Loi dAjustement Cubain qui a incité lémigration illégale, mais les conditions prévalantes dans le pays à cause de léchec de lutopie communiste.
Dautre part, le gouvernement de Cuba nest pas aussi scrupuleux quil dit être dans lexécution des accords migratoires qui stimulent lémigration légale même sil se réserve pour lui le droit dinterdire à tout
citoyen quel quil soit son droit de sortir du pays; droit qui est consacré dans larticle 13 de la Déclaration Universelle des Droits de lHomme. Lauteur de ces lignes peut témoigner par expérience propre de cette vérité.
En sabritant sous le Programme des Réfugiés de la Section dIntérêts des Etats Unis (SINA) depuis le 19 juillet dernier, jai reçu peu de temps après la carte blanche, le document par lequel le Département dImmigration du
Ministère de lIntérieur (MININT) autorise la sortie du pays, pour être dépouillé delle le 8 octobre après avoir reçu une visite de la Sûreté de lEtat (DSE) qui paraissait avoir eu pour but seulement de savoir létat
de mes démarches migratoires. Sans aucune explication, autre que de me communiquer que létat cubain avait décidé de ne pas me permettre dabandonner le pays, on ma nié le droit démigrer par les voies légalement établies
et reconnues par les accords migratoires souscrits par Cuba et les Etats Unis.
Dautre part, avant déjà, on mavait privé de mon emploi et postérieurement, par décision du Tribunal Provincial Populaire de Ciego de Avila on a ordonné lincinération de mon diplôme universitaire et de mes dossiers de
travail, document sans lequel non seulement il ne mest pas possible dobtenir un emploi stable et sûr, mais quen plus il me laisse sans aucun moyen de pouvoir prendre ma retraite de personne âgée, ce qui me mettra dans un total état dabandon social.
Je nai aucun intérêt de quitter le pays par des voies illégales, mais si je le faisais, et je ne vais pas le faire, ce ne serait pas la Loi dAjustement Cubain qui me stimulerait à réaliser cet acte désespéré de traverser les sentiers
du suicide sur lEtroit de Floride.
Le cas du petit Elian est lévidence amère, une entre des milliers, du drame collectif que nous vivons les Cubains dans notre patrie. Cest lamertume de la séparation et de la douleur des familles divisées, cest lasphyxie dans un système
de gouvernement qui se moque et piétine les droits inaliénables de ses citoyens.
Traduction: Genevieve Tejera
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