CUBANET

2 mai 2001



La religion à Cuba

María Elena Rodríguez

LA HAVANE, avril – Il faudrait demander à Antoine de Saint-Exupéry si, peut-être, j’ai le privilège d’être une personne âgée qui se souvient d’avoir été une petite fille. Et en plus, rendre grâce à Dieu pour ne pas souffrir d’aliénation mentale et de la double morale imposée par la terreur au peuple de Cuba par le régime totalitaire.

J’ai encore en mémoire quand l’amie de ma mère, à l’entrée et a la sortie de l’église, lui disait invariablement, tout bas et en nous regardant : "Regardes bien, Haydée, si personne ne nous connait pour qu’ils n’aient pas d’ennuis à l’école". Plus tard chez nous ils nous disaient : "Vous ne pouvez pas dire que nous sommes allés à l’église", et mes "pourquoi?" jamais n’ont trouvé de réponse convaincante.

Les années ont passé mais, comme Le Petit Prince, je n’ai jamais renoncé à ma question. En 82, lorsque l’administrateur de la banque de la municipalité de la capitale Cotorro –plus tard arrêté pour vol- a essayé de m’interdire que je porte la médaille de la Vierge de la Caridad del Cobre, dans la discussion qui s’en est suivie j’ai trouvé la réponse : "Repression". Pour dire vrai, mais pourquoi ?"

Plus tard, pendant l’été de 90, étant présentatrice de la station de radio havanaise COCOCMCK j’avais un crucifix au cou, et un grand nombre de collègues se sont approchés de moi, discrètement, pour me convaincre qu’en entrant à la station je me le mette par derrière, en le recouvrant, pour ne pas courir le risque de perdre mon travail. Ce fut alors que j’ai compris : "La peur est à l’origine de la double morale, et en elle se trouve le pouvoir de la répression".

Avec la chute du camp socialiste nous sommes entrés dans ce que l’on appelle la Période Spéciale, et pour cela il était nécessaire de développer le tourisme, ce qui a causé l’ouverture religieuse, puisque les visiteurs étrangers s’intéressaient à nos racines culturelles, à notre folklore, partie de notre idiosyncrasie religieuse. De cette manière, a commencé lentement à s’imposer et à se commercialiser la religion yoruba.

A cause du haut degré de carences et le manque d’espoir, la population de La Havane, déjà sans masque, s’est lancée dans des vagues de recherche de sorciers, ensorceleurs, babalawos, médiums, cartomanciennes, mages et astrologues, ceux qui jusqu’à ce moment cachaient leurs croyances ou connaissances, pour ne pas souffrir de persécution.

La décennie des 90 a été celle des iyawo -initiés à la religion Yoruba- et leur présence parmi les passants, depuis les enfants jusqu’aux vieillards, dans les rues avec leurs vêtements compléments blancs les convertit de personnages insolites à quotidiens

En même temps, ont commencé à surgir des stands de vente d’objets religieux, herbes, bouts de bois et animaux à des prix très élevés, de ceux qui sont utilisés pour une variété de rituels, depuis un simple nettoyage de maison jusqu’à une coup de saint coûteuse.

Les cartomanciennes et les astrologues ont aussi augmenté leurs tarifs, à cause de la grande demande de leurs services, et depuis 1993, les questions constantes sont : "Est-ce que j’ai un voyage à l’étranger dans les cartes ?", " Croyez-vous que je pourrai me marier avec un étranger ?", "Le radeau arrivera-t-il à Miami?"

Dans les temps présents on voit à peine quelque iyawo dans les rues de la capitale, les stands n’ont plus ni la variété ni la qualité dans ses objets ou herbes, et l’affluence d’assistants aux consultations a diminué de façon notable, malgré la baisse des prix.

A ce sujet, la population donne son avis :

"Si je n’ai pas cinq pesos pour manger, avec quoi je vais aller me faire tirer les cartes?" - Caridad, 54 ans.

"Les santeros, les babalawos, dans leur grande majorité sont en voyage toute l’année, ils vivent comme des rois. Dites-donc, se faire faire n’importe quel travail coûtent vingt dollars ! (420 pesos), et moi je gagne 231 pesos. Et devenir saint, il ne faut même pas en parler !" - Osvaldo, 35 ans.

"Moi je ne vais nulle part pour voir mon avenir. Pour quoi faire ? Le voyage ne sort jamais, et c’est la seule solution ici" - Isabel, 35 ans.

"La vérité c’est que je voudrais même pas en parler. Ce qui se passe n’est rien plus qu’une honte. Vous croyez qu’à un homosexuel on le fera Changó ? Cela se termine dans le sang. Le mois dernier j’ai été à un anniversaire de saint, dans la vieille Havane, et ils avaient un show de travestis faisant du strip tease... rien de moins que Changó ! C’est un manque de respect, un manque de tout... avec Changó on ne joue pas. C’est dire qu’on va de mal en pis" - Pancho, 70 ans.

Tout cela, ajouté à la visite de Sa Sainteté Jean Paul II à La Havane, a apporté comme conséquence qu’à présent on observe parmi la population cubaine une forte émigration vers les églises catholiques, baptistes, évangélistes et pentecôtistes, principalement.

Les églises appartenant au Conseil Oecuménique de Cuba augmentent leur quantité de temples en achetant des maisons détériorées qu’ils réparent dans ce but, et sont contrôlés par le Département de la Sûreté de l’Etat, ce qui est démontré avec l’expulsion de ses fidèles si l’on détecte qu’ils sont des journalistes indépendants ou membres de quelque mouvement opposant au gouvernement du docteur Castro.

Pendant ce temps, les dirigeants du gouvernement continuent en s’inclinant pour le Yoruba, la magie, l’astrologie, le yoga et autres tendances. Eux si, ils peuvent se payer la confection de talismans pour leur protection, travaux personnels d’astrologie spécialisée, s’habiller de la couleur conseillée dans une période déterminée, recevoir des cours de yoga, aller voir leur cartomancienne, acheter des livres d’occultisme, et aller voir leur babalawo pour se faire faire le travail requis pour arriver à la stabilité ou à l’amélioration dont ils croient avoir besoin.

Traduction: Genevieve Tejera

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