Guerriers
cubains du cyberespace
Héctor Maseda, Groupe Decoro
LA HAVANE, mars - A Cuba le service public d'Internet est
virtuel pour le Cubain moyen. Pour cette raison on ne peut
pas parler du niveau de censure de quelque chose qui n'existe
pas.
Malgré cela, pour sa prétendue insertion dans
le monde moderne, l'Etat ne peut laisser de coté l'usage
de ce précieux réseau international d'information.
Mais le faire implique courir des risques.
De là ses tentatives de maintenir un contrôle
absolu sur cette facilité technologique, des efforts
dont se moquent quotidiennement ce que l'on appelle les cybernautes
non autorisés qui depuis leurs foyers utilisent cette
fenêtre ouverte sur le monde de l'informatique.
Pour entrer à l'Internet il faut avoir un ordinateur
personnel (PC) (avec ou sans imprimante), un modulateur démodulateur
(un Modem), qui est employé pour unir le PC avec le
numéro de téléphone privé et une
connexion officielle à un serveur, qui est aussi d'Etat
(à Cuba), ainsi que le mot de passe pour cette connexion.
Une autre manière de pénétrer le réseau
est celle employée par les usagers illégaux
qui, possédant les moyens techniques cités ci-dessus,
appellent depuis leur téléphone celui du serveur.
Ce dernier lui demandera le mot de passe que son PC devra
lui envoyer. Si toute l'opération réalisée
est correcte, après quelques secondes le nouveau bénéficiaire
sera dans le réseau et pourra utiliser cette connexion
sans payer un seul centime.
Cette connexion peut se faire depuis n'importe quel ordinateur
ou lieu géographique.
A partir de ce moment, le serveur l'identifiera comme un
usager autorisé.
Les spécialistes interrogés ont manifesté
n'être pas d'accord pour que cette façon de faire,
considérée clandestine à Cuba, soit un
acte punissable. Ils affirment se considérer avec le
droit à recevoir la même information que les
citoyens d'autres latitudes de la planète, puisque
cela leur ouvre les portes du monde de l'information impartiale
et sans censure.
«La vérité c'est que la plus grande difficulté
pour entrer à l'Internet - affirme un cybernetico-
mathématicien - est d'obtenir le mot de passe et le
numéro de téléphone du serveur. Présentement
ceci s'obtient grâce à la corruption qui existe
dans le pays et les liens de famille et d'amitié avec
les fonctionnaires qui les possèdent ».
Un ingénieur spécialisé en programmation
ajoute : « Jusqu'à present aucun cybernaute illégal
n'a été poursuivi par les tribunaux cubains.
Le Code Pénal en vigueur ne considère pas comme
un acte de délit l'usage de ces possibilités
technologiques. On a vu le cas de personnes qui ont été
surprises faisant cela par les autorités de police.
La peine imposée a consisté en amendes. Dans
de rares occasions on a confisqué aux infracteurs le
PC et ses accessoires, mais cela est arrivé dans les
cas où leurs propriétaires n'ont pas pu justifier
la provenance de l'équipement.
Dans le pays il existe aussi un marché noir très
limité et sélectif de ces moyens techniques.
Pour arriver à cela il faut connaître un cybernaute
clandestin qui lui donne une garantie face aux vendeurs d'interfaces,
pièces ou parties de PC et même d'équipement
complet sans marque ni modèle, ainsi que pour établir
un contact, parmi des mesures rigoureuses et extrêmes
pour partager, avec ceux qui louent ou vendent le droit au
mot codé et le numéro de téléphone
d'un serveur officiel et, de cette façon, avoir le
privilège de se convertir en usager illégal
de l'Internet.
Un autre spécialiste, programmeur avec 15 ans d'expérience,
clarifie : « Officiellement il y a cinq serveurs d'état
sur le territoire national :
1. L'Académie des Sciences de Cuba et les centres
de recherche qui en dépendent. Par son intermédiaire
sont connectés les ministères de l'Intérieur,
des Forces Armées, du Sucre et de l'Industrie de Base.
2. Les Conseils d'Etat et de Ministres, et par son intersection
le Comité Central du Parti Communiste de Cuba, ses
départements et groupes spéciaux de travail.
3. Le Ministère de la Santé Publique et les
organismes qui y sont associés.
4. Les universités du pays et les pôles scientifiques
qui ont établi des contrats de travail avec elles.
5. Le Ministère des Communications et ses télécentres
; l'Industrie Touristique et l'électronique.
Il est possible qu'il y ait d'autres nouveaux serveurs. Cette
information est possèdée avec une certitude
absolue par le propre gouvernement cubain.
Chaque serveur a le droit d'établir des dizaines de
connections autorisées qui permettent de profiter de
ce service à pratiquement des centaines et peut-être
des milliers d'entités gouvernementales. Il y a des
fonctionnaires chargés de s'occuper des serveurs et
d'empêcher que s'introduisent dans leur système
des usagers indésirables. Leur travail est supporté
par des programmes qui surveillent constamment les réseaux
de leur serveur et ceux-ci leur indiquent le nombre de clients
qui utilisent leurs connections à un moment donné.
Si ce nombre est plus grand que celui autorisé ils
son sûrs que dans leur réseau il y a des cybernautes
illégaux. Alors, ils procèdent au changement
du mot de passe et en informent les abonnés officiels.
De cette façon, on élimine momentanément
les clandestins. Mais pas pour longtemps, puisque ceux-ci
obtiendront aussi le mot du nouveau code et.. Le ciel se répète
indéfiniment.
Il y a d'autres usagers, non gouvernementaux autorisés
dans le pays. Ce sont : les chancelleries du corps diplomatique,
des organismes internationaux et non gouvernementaux, des
groupements religieux et fraternels, des agences de presse
et des entreprises mixtes ; toutes avec des fonctionnaires
étrangers établis sur le territoire national.
Il n'est pas possible d'exclure que quelques-uns d'entre eux
aussi offrent des facilités aux cybernautes clandestins
pour se connecter avec l'Internet. Nous rappelons que dans
ces entités sont employés du personnel cubain,
avec les même nécessités matérielles
que le reste de la population.
D'autre part, l'Etat cubain peut bloquer quelques sites Web
s'il connaît à l'avance la clef binaire qui leur
correspond. de cette manière, il est possible d'empêcher
que n'importe quel usager national, légal ou clandestin,
entre dans ces sites. C'est ce qui arrive avec la page de
CubaNet et celle de Radio et TV Marti.
Lorsque ceci arrive le PC se comporte comme s'il recevait
un virus introduit par quelque programme (software). Quelques
fois il est possible de tromper ce blocage si on réalise
des sauts multiples d'une page Web à une autre jusqu'à
ce que le système bloquant ne reconnaisse pas l'origine
du chercheur ni le pays d'où il vient.
« Il y a des programmes qui facilitent ou perfectionnent
l'exploitation de ce service - explique un autre des spécialistes
consultés - comme, par exemple, le Réal Player
qui permet voir des vidéos et écouter des stations
de radio ; le Web Master et le Chercheur Meta, qui aident
l'usager à trouver les pages Web. Surtout le second,
qui a une zone recherchant les nouvelles pages créées,
ce qui est très utile si nous essayons d'approfondir
un thème spécifique. Le courrier électronique
ou e-mail est une modalité qui est comprise dans le
service Internet offert et qui n'implique pas de frais supplémentaires.
Il existe des dizaines de possibilités qui le permettent.
Actuellement quelques 35 mille personnes, parmi les dirigeants
et les fonctionnaires du gouvernement cubain, sont autorisées
par le régime de Fidel Castro à avoir accès
à l'Internet face à une population de 11,18
millions d'habitants. Dans le premier chiffre on inclut le
personnel étranger résidant dans l'Ile.
Jusqu'à présent on a crée deux centres
ou cafés cybernétiques pour faire croire que
ce service est offert aux citoyens sans exception. L'un se
trouve dans le Capitole National et l'autre dans le Palais
du Segundo Cabo, tous les deux dans la ville de La Havane.
Dans le premier, le temps d'utilisation de la machine coûte
à l'usager 5 dollars par heure, soit 44,17 pour cent
du salaire moyen mensuel (249 pesos), condition qui convertit
le service en quelque chose d'inabordable pour 95 pour cent
de la population cubaine.
Le second est seulement accessible pour les écrivains
qui sont complètement engagés avec le gouvernement.
De cette façon le régime cubain ne veut pas
perdre le monopole informatif qu'il possède et dirige
dans le pays. De là ses énormes dépenses
et efforts pour essayer de bloquer tout message contraire
à son discours politique. Le perdre signifierait un
revers au travail idéologique de quatre décades.
Une fois convaincus de cette réalité nous nous
sentons comme un taureau entrain d'être castré
pour être converti en buf toute sa vie. Heureusement
les idées qui surgissent ainsi sont incohérentes
depuis leur naissance.
Traduction: Genevieve Tejera
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NOUVELLES ]
Cette information a été transmise par téléphone,
puisque le gouvernement de Cuba ne permet pas l'accès privé à
Internet aux citoyens cubains. CubaNet ne demande pas l'exclusivité à
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