CUBANET

24 juillet, 2001



Le grand alibi


Oscar Espinosa Chepe

LA HAVANE, juillet – L’embargo américain a toujours été la justification préférée du gouvernement cubain pour essayer d’expliquer les revers constants de l’économie et son état de ruine. Cet argument rebattu a été utilisé de nouveau dans un rapport remis au secrétaire général de l’ONU, monsieur Koffi Annan, où l’on expose comment à conséquence de l’embargo Cuba a eu des pertes qui atteignent mille 900 millions de dollars.

Les Etats-Unis constituent un marché naturel pour Cuba et pour cette raison l’absence d’échanges économiques et commerciaux représente réellement un obstacle pour son développement. Depuis l’époque de la colonie, bien qu’elle dépendait politiquement de la métropole espagnole, les liens économiques étaient fondamentalement avec le voisin du Nord. De plus, aujourd’hui, à seulement 90 milles des côtes de l’île, c’est le pays le plus développé de la planète et où a lieu une révolution permanente scientifico-technique dans tous les domaines de la connaissance humaine à laquelle la société cubaine n’a pas accès à cause de l’antagonisme qui a prévalu pendant tant d’années.

Malgré cela, la cause centrale de l’état calamiteux de l’économie et des conséquences néfastes sur tous les aspects de la vie, en particulier la détérioration continuelle des valeurs spirituelles de la population, réside dans la persistance d’un système irrationnel totalitaire qui, de la même façon que dans les autres endroits où il a été implanté, a échoué pour apporter la prospérité.

Il vaudrait la peine que les autorités de La Havane effectuent les calculs sur les pertes occasionnées par le maintien têtu d’un modèle économique, politique et social refrénant l’initiative et la créativité de ses citoyens et qui a constitué une barrière infranchissable pour le progrès des forces productives.

En ce moment, Cuba consacre annuellement entre 800 et 900 millions de dollars, plus de 20 pour cent de sa maigre capacité d’importation, à l’achat de nourriture qui dans sa grande majorité pourrait être parfaitement produite dans le pays. Mais comme résultat de l’inefficacité existante dans l’agriculture, ces achats, qui ne satisfont pas les nécessités de la population, doivent se faire à l’extérieur. Ceci n’a pas été causé par un embargo, mais par l’incapacité dominante.

Le cheptel bovin a été réduit de plus d’un tiers et les animaux qui sont restés se caractérisent précisément par leur productivité. Ceci a provoqué des importations annuelles de lait en poudre qui oscillent autour des 70 millions de dollars, sans pourvoir couvrir les nécessités nationales. Comme l’on sait, les enfants cubains après leur septième anniversaire selon les normes du rationnement perdent le droit à acquérir cet aliment décisif.

L’industrie agro-alimentaire du sucre est un autre exemple de la situation désastreuse de l’économie. Autrefois une industrie vigoureuse, elle est actuellement paralysée, avec les rendements agricoles les plus bas du monde et avec les niveaux de production que l’on atteignait en 1918, lorsque la population était seulement de 2,8 millions d’habitants, fait qui a causé une réduction radicale de la capacité exportatrice.

L’embargo américain n’a pas rien non plus à voir avec le gaspillage des énormes subventions provenant de l’Union Soviétique et autres pays de l’Europe de l’Est dans le cadre de la Guerre Froide. Seulement pour le sucre ils ont payé environ 32 mille millions de pesos dans la période 1976-89 au-dessus des prix que Cuba a obtenu pour les exportations faites aux pays de l’économie de marché. Ils ont également accordé des prix préférentiels pour le nickel et les agrumes.

En même temps, les prix des importations en général étaient grandement favorables. On remarque ceux des combustibles et lubrifiants, régulièrement fournis en dessous des cotes du marché mondial et en partie réexportés par Cuba. Ces ventes à des pays tiers ont représenté l’entrée principale en monnaie convertible dans les années 80.

A l’antérieur on ajoutait l’octroi de crédits amortissables à long terme sans paiement à l’avance, avec de bas intérêts en général inférieurs à 2,0 pour cent par an, et payables avec des produits de la réexportation cubaine aux prix subventionnés décrits.

Toutes ces ressources ont été perdues et la seule chose qui reste sont les énormes dettes avec les pays du bloc soviétique. Cela également devrait se calculer et être exposé comme la démonstration des conséquences d’un système impayable.

On pourrait citer de nombreux autres exemples qui indiquent que l’embargo américain n’a pas constitué et ne constitue pas l’obstacle fondamental pour l’avancement du pays. D’autre part, le gouvernement cubain omet dans ses rapports que l’une des principales entrées actuelles provient des Etats-Unis. Les envois de fonds, particulièrement de ce pays, peuvent être calculés entre 800 et mille millions de dollars par an, selon la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes de l’ONU (CEPAL).

Pour les autorités cubaines, l’embargo, loin d’être le problème, a constitué un argument utilisé sans cesse pour cacher le désastre national et continuer, grâce à sa propagande, le travail de confondre l’opinion publique. En réalité, le secteur le plus conservateur du gouvernement n’est pas préoccupé par le maintien de l’embargo, mais qu’un jour celui-ci puisse disparaître et, avec lui, l’alibi utilisé pendant tant de temps.

Traduction: Genevieve Tejera

[ NOUVELLES ]


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