CUBANET

15 février 2001



Dans le DTI de 100 et Aldabo il y a des lieux de tourments… et l'on y torture


LA HAVANE, le 14 février (José Antonio Fornaris, Cuba-Vérité) - Le président du Mouvement 24 Février, Leonardo Bruzón Avila, a été libéré récemment après deux mois de détention au Département Technique d'Investigations (DTI) de la police, dont le siège se trouve aux rues 100 et Aldabo, Ville de La Havane.

Bruzón a accepté de répondre à quelques questions pour les lecteurs de CubaNet.

Quel a été le traitement que vous ont donné pendant ces deux mois les fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur ?

« Le traitement… depuis le premier moment de ma détention a été anti-humain », dit-il lentement.

Sur quoi se base cette affirmation ?

« Je me base, en premier lieu, sur le fait que le DTI de 100 et Aldabó est un centre de détention destiné aux délinquants communs, et les opposants politiques pacifiques au gouvernement du Parti Communiste nous sommes enfermés dans le dit endroit comme si nous étions de vulgaires criminels. Mais en plus, il y a eu une cruauté impitoyable envers ma personne. Après m'avoir enfermé pendant plusieurs jours dans une cellule murée ils m'ont transféré vers un cachot de châtiment, où ils m'ont maintenu sans interruption attaché avec des menottes à la grille pendant quatre jours, et le sol était inondé d'eau de façon permanente : le niveau d'eau m'arrivait au-dessous des genoux », explique Bruzón Avila.

Comment qualifiez-vous ce traitement ? Parce que la Convention de Genève Contre la Torture et Autres Traitements ou Peines Cruelles, Inhumains et Dégradants condamne, ou doit condamner ce genre de fait.

« Je le qualifie d'un un acte de torture physique contre ma personne. J'ai entendu dire que ces méthodes ne s'utilisaient plus à Cuba depuis l'année 1990, mais dans mon cas on a utilisé cette méthode. J'ai su aussi qu'elle avait été appliquée à d'autres personnes, également pour des raisons politiques.

« Le dix décembre, alors que j'étais dans la cellule 240, au deuxième étage, pour commémorer les droits de l'homme et crier 'Liberté pour Cuba !' - je dois ajouter que les autres détenus se sont joints aux cris - j'ai été enlevé de la 240 et conduit à une cellule que l'un des militaires qui m'y conduisait a appelé 'la pièce froide'.

« Là, dans une petite pièce, ils m'ont enlevé les vêtements et ont abaissé la température de l'endroit. Je suis resté deux jours dans la dite 'pièce froide'. Je suis devenu malade. Au second jour ils m'ont sorti et plusieurs officiers de la Sûreté de l'Etat m'ont emmené à l'hôpital militaire Carlos J. Finlay », se souvient Bruzón Avila.

A simple vue on remarque que la santé du président du Mouvement 24 février s'est affaiblie. Son bras droit n'arrête pas de bouger. Cela ressemble au tic tac des aiguilles d'une montre. Je ne peux me contenir et lui demande : Quelque chose en particulier lui a affecté le bras ?

« Au sujet de cela », dit Bruzón Avila en signalant avec les yeux son bras gauche, c'est que je suis resté longtemps les bras en haut, avec les menottes. J'ai beaucoup de douleurs à l'épaule et dans la zone du poumon gauche. Depuis qu'ils m'ont mis les menottes pendant trois jours attaché à la grille, ce tremblement a commencé, je pense que c'est le produit de l'humidité et de l'eau qu'il y avait dans ce cachot, mais le problème s'est aggravé après qu'ils m'aient enfermé dans la pièce froide ».

Monsieur Bruzón, dans son opinion, quel est le motif pour lequel ceux du DTI et ceux ce la police politique l'ont traité de telle manière ? Qu'avez vous fait exactement ?

L'homme me regarde fixement et indique : « Moi, il y a quelque temps, j'ai essayé de faire une campagne à faveur de la liberté et de l'amnistie de tous les prisonniers pour causes politiques. Nous avions mené cette campagne à plusieurs municipalités de la capitale cubaine. Nous avons commencé des services de prières au siège de notre mouvement dans la rue Campanario #564, dans le centre de La Havane ».

Bruzón continue rapidement : « Depuis le premier instant où ceux de la police politique m'ont arrêté et me disaient que je demandais la liberté des prisonniers politiques, mais que maintenant qui allait la demander pour moi. Je leur dis que dans le monde il y a beaucoup, un grand nombre de personnes qui continueront à demander la libération non seulement la mienne mais celle de tous les prisonniers de conscience et politiques qu'il y a à Cuba. En plus, que je pouvais toujours demander pour moi-même et pour les autres en commencant une grève de la faim. »

Cela a été ce que vous avez fait ?

« Oui ».

Combien de temps avez-vous été en grève de la faim ?

J'ai été pendant 42 jours. Chaque jour de grève de la faim était pour chaque année de la dictature communiste à Cuba et à faveur de l'amnistie des prisonniers politiques », explique-t-il.

Combien de jours avez-vous été hospitalisé à l'hôpital militaire ?

Six jours. Ils m'ont attaché au lit, et m'ont administré un sérum et m'ont alimenté par la force avec un 'levin' (tube de caoutchouc que l'on introduit par le nez). Je suis arrivé inconscient à l'hôpital. Lorsque je suis revenu à moi j'ai commencé à crier qu'ils m'enlèvent tout ça (il se réfère au 'levin' et aux attaches), alors des officiers de la Sûreté de l'Etat sont apparus et m'ont dit que non, qu'ils n'allaient pas permettre qu'il m'arrive quelque chose, que je ne pouvais pas mourir, qu'ils avaient ordonné que le traitement soit maintenu », se rappelle-t-il.

Vous attendez un jugement ou un autre changement de mesure ?

Bruzón Avila pense : « Et bien, cette libération ne correspond pas à une vraie liberté. Je ne sais pas ce qui peut m'arriver. Je crois que s'ils mont laissé sortir c'est grâce à la solidarité de tous ceux qui ont défendu ma libération ».

Et il continue emphatiquement : « En mon nom et celui de l'organisation que je préside je veux remercier ce soutien, cette solidarité que nous avons reçu les prisonniers et nos familles ».

Monsieur Bruzón, merci beaucoup. Au nom de l'agence de presse Cuba-Verité nous vous désirons que vous vous remettiez rapidement, au sein de votre famille.

« Merci à vous qui font connaître la réalité cubaine »,. ajoute-t-il.

Leonardo Miguel Bruzón Avila a 45 ans. Il est marié et est père de trois enfants adolescents (deux garçons et une fille). Bruzón est licencié en Economie. Il habite au 564 de la rue Campanario, Centre de La Havane.

 

Traduction: Genevieve Tejera

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