CUBANET

4 décembre, 2001



Les villages captifs (II)


Héctor Maseda, Grupo Decoro

LA HAVANE, novembre (www.cubanet.org) – L'exil organisé par les autorités cubaines des paysans de l'Escambray, qui entre les années 1960-65 avaient soutenu les groupes d'insurgents anti-castristes, a été aussi enduré par leurs familles à cause de l'intolérance caractéristique de ce régime totalitaire.

Fredesvinda Hernández Méndez (Fredes) nous fait part de ses souvenirs et de ses souffrances de cette époque que tant de fois elle a voulu oublier, et n'y est pas arrivée.

Le transfert vers les nouveaux villages captifs des familles qui composaient le foyer des exilés, avait obéi à une sélection faite par le gouvernement de Castro et menée à bien par sa police politique (DSE ou G-2).

A ce sujet, Fredes signale: "Un matin se présentait à la porte de chez toi plusieurs militaires, et sans préambule ils te disaient que nous avions déjà un autre logement assigné dans un endroit quelconque, que le jour de départ était tel jour et que nous devions nous présenter à cette adresse. Ils ajoutaient que nous ne devions rien emporter parce que les maisons étaient meublées, mais c'était un mensonge puisque les appartements étaient vides et les officiers le savaient. Quelques familles les crurent et en arrivant à leur destination ils s'aperçurent de l'erreur. Ma famille ne les a pas cru et nous avons pu emporter nos biens".

Avant que les familles aient abandonné leurs anciens domiciles, les immeubles étaient occupés par des personnes d'accord avec le gouvernement, qui disposaient de tout ce qui se trouvait à l'intérieur en usufruit gratuit.

A ce sujet, Fredes se souvient : "Ceux qui ont été exilés nous avons du payer un loyer pour les nouveaux appartements que pendant deux ans et plus avaient construit nos chefs de famille dans des conditions inhumaines, bien que les propriétés qui nous avaient été confisquées, sans indemnité, aient une valeur plusieurs fois supérieure au prix des logements assignés dans des endroits si éloignés de tout".

Fredes a du déménager le 21 janvier 1977 vers le village captif Ramón López Peña, dans la municipalité de San Cristóbal de la province de Pinar del Río. "Pour moi le transfert a été très dur", se souvient-elle. "J'avais 20 ans, une petite fille de deux ans et j'étais enceinte de la deuxième. Mon époux n'a pas pu m'accompagner pendant le voyage parce que sa sœur (diabétique, sourde et atteinte de poliomyélite depuis qu'elle était petite) avait été blessée au pied, avait eu une complication avec gangrène et il avait fallu l'amputer. Elle était hospitalisée en état grave. Mon mari était resté pour épauler sa maman. En résumé, le déménagement nous l'avons fait mon beau-frère, la petite et moi".

"La première étape - précise Fredes- fut en camion depuis Güinía de Miranda jusqu'aux plaines de Jibacoa, dans l'Escambray. D'autres familles partirent de municipalités différentes. Les locaux où ils nous ont hébergés n'étaient pas en condition d'abriter des personnes âgées et des enfants. Les hommes et les femmes ensemble, sans intimité, des litières étroites, en planche, et beaucoup sans matelas. Ma petite fille et moi nous n'avions pas assez de place sur l'une d'elles. Moi je n'ai pas pu dormir cette nuit-là par peur de ce que la petite ne tombe. Les gardiens ont donné du lait aux petits et quelque chose à manger aux adultes. Le lendemain, de nouveau les camions vers Manicaragua. Nous sommes arrivés à El Ranchón. Là les conditions ont empiré. Il n'y avait pas d'endroit où se coucher. Ils nous ont laissé sans manger. Ils n'ont pas non plus donné de lait aux enfants. Au coucher de soleil, de nouveau les camions jusqu'à Santa Clara. Dans cette ville nous avons passé la nuit sans dormir, dévorés par les moustiques, en ayant froid et frappés par des pluies intermittentes. Ils nous ont jetés dans des terrains vagues près de la gare du chemin de fer. Il n'y eut aucun genre de considération, bien qu'en majorité nous étions des femmes, des personnes âgées et des enfants. La plus grande partie de nos hommes depuis 1971-72 étaient prisonniers dans différentes régions de la province de Pinar del Rio.

Les villages captifs (I) / Hector Maseda / Grupo Decoro

Traduction: Genevieve Tejera

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