CUBANET

28 août, 2001



Quand je suis rentrée du japon!


Tania Díaz Castro, UPECI

LA HAVANE, août - Si on me demandait la date exacte à laquelle s’est écroulée à mes yeux la révolution cubaine de Fidel Castro, ma désillusion envers elle, je dirais que ce fut pendant le mois de mai 1972 à mon retour du Japon. Quelques mois dans ce pays et ce fut assez pour que mon esprit s’ouvre à une meilleure analyse. Autodidacte que je suis, je me mis à faire des recherches sur les révolutions des temps anciens et modernes et celle qui a retenu le plus mon attention fut celle du 14 juillet 1789, lorsque le peuple français a pris la prison de la Bastille et peu de jours après l’Assemblée proclamait la Déclaration des Droits de l’Homme.

Treize ans après le triomphe révolutionnaire de Castro, Cuba était déjà un exemple lamentable de marche en arrière : une grande pénurie de produits alimentaires, de vêtements, de chaussures, en plus de la disparition totale d’appareils electro-ménagers dans les magasins et même disparition de ces mêmes magasins. Il est vrai qu’une bonne partie du peuple louait le régime, mais elle le faisait parce qu’elle avait peur devant la propagande d’état au sujet du châtiment politique dont souffraient tous ceux qui s’éloignaient du régime : marginalisation au travail, exil et dans le pire des cas une longue condamnation en prison ou la mort par fusillade, châtiment dont a commencé à souffrir la plus grande partie des masses populaires.

A mon retour du Japon et tandis que je cheminais dans les avenues ou les rues de La Havane, ces mêmes artères qui avant 1959 étaient les plus animées et modernes de la capitale, je me suis demandée souvent si nous les Cubains nous étions en réalité face à une révolution ou que simplement un groupe au pouvoir avait été substitué par un autre. Avec la révolution, ma mère avait commencé à faire de longues queues au soleil pour pouvoir acheter quelques onces de viande de bœuf ou une poignée de haricots, et sa maison avait l’air plus pauvre qu’avant.

La rue Infanta était sale, les façades des bâtiments et leurs intérieurs étaient détériorés, ses anciens magasins fermés et avec de nouveaux taudis ou porcheries comme logements. On aurait dit qu’il était tombé une bombe atomique.

Mon voyage au Japon avait été une surprise pour moi. Lorsque je me suis mariée avec un jeune japonais, qui avait été embauché pour cinq ans par la flotte de pêche de Cuba, je n’ai jamais pensé que peu de temps après notre mariage j’irai rendre visite à son pays et encore moins que ce voyage allait se convertir en un évènement aussi transcendent dans ma vie.

Mon époux Kaisuka Masayeshi m’avait parlé beaucoup de la guerre dont avait souffert son peuple, les bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki et comment Tokyo avait été totalement dévasté.

Mais quel ne serait pas mon étonnement en arrivant au Japon et en contemplant dans chaque coin de sa capitale le boom de la construction et de la modernisation. Vingt-sept ans après la fin de la guerre Tokyo pouvait rivaliser avec les capitales les plus importantes du monde. Des réseaux d’express parcouraient ses districts, des gratte-ciel de métal et de verre avec des plates-formes de liège pour les tremblements de terre, de très belles avenues avec de nombreuses voies et, surtout, une abondance d’articles de première nécessité produits au Japon. Quelque chose qu’il m’a beaucoup attiré l’attention a été ses rues souterraines, que des milliers de magasins grands et petits illuminaient jusqu’à tard la nuit. En haut, les autoroutes étaient suspendues sur la ville.

Cela c’était une vraie révolution, et non pas ce que j’avais laissé derrière dans mon pays affligé, sa population épuisée par la faim, et une grande partie d’entre elle manipulée et confondue.

Le Japon, magique et enivrant, jouissait du miracle d’une économie de marché et arrivait même à se convertir en "troisième grand" à la fin de la décennie des 70. Grâce à lui je n’ai jamais plus été trompée et les "prouesses" de la révolution cubaine se sont converties en sel et eau.

Par habitude et nécessité j’ai continué à appartenir à cette masse de conformistes, et sans m’en rendre compte j’ai suivi pendant quelques années cette double morale qui aujourd’hui est partie de l’idiosyncrasie du Cubain révolutionnaire.

Traduction: Genevieve Tejera

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