Célébration du Jubilée du Monde Pénitentiaire
LA HAVANE, le 10 juillet – Le cardinal Jaime Ortega – selon une note de l'Agence Cuba Voz – a célébré le 9 juillet dernier le Jubilée du Monde Carcéral en l'Eglise de la Charité du Cuivre, située dans la capitale cubaine.
Monseigneur Ortega a exprimé son désir de pouvoir dire la messe dans n'importe quel des plus de 200 centres pénitentiaires qui existent dans l'Ile bien qu'il espère, avant que se termine l'année, pouvoir réaliser ses vœux.
Pendant l'homélie le Cardinal de Cuba a demandé l'accès de l'Eglise Catholique aux prisons. « Sur le visage de chaque homme nous devons nous voir nous-mêmes », a dit Ortega, et il a souligné que les chrétiens doivent se solidariser avec ceux qui
sont en prison.
Martha Lee, de la Congrégation Sœurs Sociales, a demandé l'abolition de la peine de mort. « Dieu est le seul possesseur de la vie », a argumenté la religieuse.
Pendant la messe, et après le vol d'une colombe, on a pu entendre des cris répétés de Liberté ! Liberté !, mais le prêtre Ramon Polcari a retenu ces expressions en grondant les auteurs de ces appels en disant que ce n'était ni l'endroit ni
le moment de le faire.
La sœur Martha Lee a expliqué aux personnes présentes que le cierge éteint devant le maître autel symbolisait les personnes privées de liberté, les ténèbres, et que la colombe dans sa cage (qui postérieurement a été
mise en liberté) était une allégorie des personnes emprisonnées pour des motifs variés.
La célébration religieuse a compté avec la participation de plusieurs mères de prisonniers politiques et de conscience, ainsi qu'avec une assistance de plus d'une centaine de dissidents représentant autour de trente groupements.
Bien que quelques opposants au régime de Cuba assurent qu'il n'y a pas eu d'actions du Département de la Sûreté de l'Etat (DES) contre les dissidents, on a rapporté une demi-centaine de divers genres de harcèlement principalement menaces, arrêts
domiciliaires et quelques détentions.
Un fait curieux est que jamais auparavant les dissidents les plus connus ne s'étaient réunis dans une Eglise. En cette occasion on a vu quelques-uns d'entre eux dans le temple de la Patronne de Cuba : Gustavo Arcos Bergnes, Oswaldo Paya Sardinas, Aida Valdes Santana, ainsi que les
membres du groupe des Quatre récemment liberés : Martha Beatriz Roque Cabello, René Gomez Manzano et Felix Bonne Carcasses.
Le cardinal Ortega a dit que les livres et l'art élèvent la dignité humaine du prisonnier et lui ouvre de nouveaux horizons. Malgré cela, on rapporte toujours depuis les prisons que des prisonniers politiques sont privés de livres comme la Bible par ordre des
officiers de la DSE.
Le Cardinal a assuré qu'il prie pour les prisonniers cubains tous les jours et que l'Eglise Catholique ne les oublie jamais. Un nombre considérable de prisonniers, même politiques, reçoivent de l'aide de la Pastorale Carcérale.
Pour sa part, Martha Lee, des Sœurs Sociales, a demandé aux religieux engagés dans la Pastorale Carcérale de continuer à apporter aux prisonniers et à leurs familles la chaleur solidaire dont ils ont besoin.
La mère du prisonnier politique Arturo Suarez Ramos, madame Isabel Ramos, a révélé à Cuba Voz dans l'Eglise de la Charité que les prisonniers pour causes politiques dans le Combinado del Este et dans la Valle Grande faisaient un jeûne de 24 heures
pour donner leur appui au Jubilée et à la messe de ce jour.
Pour Gustavo Arcos Bergnes l'amnistie des prisonniers politiques et de conscience « dépend de celui qui commande (de Fidel Castro) » et a ajouté que ceux-ci devraient être amnistiés et de plus réviser de nombreux cas communs.
Oswaldo Paya a déclaré qu'il avait prié principalement pour les prisonniers politiques et a dit que ceux-ci sont en prison majoritairement pour exprimer ce qu'ils pensent.
Martha Beatriz Roque Cabello a indiqué qu'elle, René Gomez Manzano et Félix Bonne Carcasses, ont prié spécialement pour Vladimiro Roca, qui est le quatrième membre du Groupe d'Appui à la Dissidence Interne et se trouve toujours en prison.
Selon la Commission Cubaine des Droits de l'Homme et de Réconciliation Nationale (CODDEHU), dirigée par Elizardo Sanchez Santa Cruz, il y a à Cuba cent prisons de sécurité maximale et les autres sont presque deux cent. Ce groupe considère ce fait
alarmant et calcule aussi que plus de 100 mille personnes composent la population pénale actuelle, dont 344 sont des prisonniers politiques. Amnistie Internationale croit que seulement un peu plus d'une vingtaine d'entre eux sont prisonniers de conscience. Beaucoup de dissidents qui ont
participé à la messe du 9 juillet ne sont pas d'accord avec le critère d'Amnistie Internationale.
L'Eglise de la Charité du Cuivre est située dans la municipalité de la capitale Centre Habana. Au Jubilée du Monde Pénitentiaire ont assisté des membres des groupes dissidents suivants : Parti Démocratique 30 Novembre, Union Nationale d'Opposants,
Mouvement 24 Février, Mouvement Chrétien de Libération, Groupe de Travail de la Dissidence Interne, Groupe d'Appui à la Dissidence Interne Arroyo Naranjo, Confédération des Travailleurs démocratique de Cuba, Mouvement Paix et Amour « Pedro Luis
Boitel », Parti Pro-Droits de l'Homme de Cuba affilié à la Fondation Zakharov, Mouvement fraternité Civique, Parti Pro-Droits de l'Homme de Cuba, ligue Civique Marti, Commission Cubaine de Droits de l'Homme et de Réconciliation Nationale, Parti Solidarité Démocratique,
Jeune Cuba, Mouvement Agenda Nationaliste, Parti Orthodoxe, Collège de Pédagogues Indépendants de Cuba, Mouvement Indépendant d'Etudes Marti, Comité Marti Pro-droits de l'Homme, Unité Féminine Cubaine, Comite de Mères pro amnistie prisonniers
politiques « Leonor Perez », Mouvement Action Nationaliste Démocratique Indépendante, Coordinatrice Nationale de Prisonniers et Ex Prisonniers Politiques, Mouvement 6 janvier, Mouvement Frères Fraternels pour la Dignité, Confédération de
Travailleurs Démocratiques de Cuba « Félix Varela », Mouvement Option Alternative et Mouvement Humanitaire Disciples de Christ Roi.
Pour la presse indépendante il y avait des reporters de UPECI, Habana Press, Nouvelle Presse et APSIC, et pour la presse étrangère étaient présents CNN, AP, NHK, BBC, Reuter, AFP, ZDF, Radio Red (Mexique), Zeitenspiegel, NOTIMEX et Mundo Latino, parmi d'autres.
Pour Cuba Voz ont travaillé comme reporters Ohalys Victore et Reinier Arcos.
Depuis l'aube du 9 juillet – dit un rapport de Regina del Sol – des membres de la DSE ont commencé à se présenter aux domiciles de quelques dissidents pour les menacer d'arrestation s'ils essayaient d'aller à l'Eglise la Charité, et dans d'autres cas
ils laissaient des agents de ce corps répressif avec l'aide de membres des Brigades de Réponse Rapide paramilitaires, qui bloquaient les opposants en leur empêchant de sortir de chez eux pour aller à l'église.
Barbaro Vela, du Mouvement 6 Janvier, a été intercepté en essayant de sortir de son domicile. Il n'a pas pu aller à la messe parce que deux officiers de la police politique l'en ont empêché.
Juan Carlos Follo et son frère, membres de ce groupe qui eux ont pu arriver à l'Eglise de la Charité, lorsque la messe s'est terminée ont été voir ce qui arrivait à Vela mais ils ont été arrêtés par les gendarmes qui étaient
toujours en poste à la porte du dissident. Tous les deux ont été expulsés de l'endroit.
Autour du temple de la Charité du Cuivre on pouvait voir un cercle de policiers à 500 mètres environ du bâtiment. Des voitures de patrouille, les policiers d'infanterie, membres des Brigades de Réponse Rapide (groupes paramilitaires au service du Ministère
de l'Intérieur) et des officiers de la DSE faisaient partie de cette opération très importante.
Lorsque l'on a libéré la colombe à l'intérieur de l'Eglise et que l'on a entendu les cris de Liberté !, la dame qui a libéré de sa cage l'oiseau est descendue de l'autel en pleurant et toutes les personnes présentes ont applaudi longuement.
D'autres sources dissidentes ont informé de l'arrestation d'Ileana Gonzalez, un membre du Parti Démocratique 30 Novembre, on ne sait pas où elle se trouve.
Carmelo Diaz Fernandez, directeur de l'APSIC, a souligné dans son reportage que le Cardinal Jaime Ortega a béni tous les prisonniers cubains et leurs familles.
Traduction: Genevieve Tejera
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