CUBANET

13 octobre, 2004



DEPUIS LA PRISON
La paille dans l'oeil de l'autre

Omar Ruiz Hernández, Grupo Decoro. Condamné à 18 ans de prison.

Si les journalistes officiels cubains connaissaient mieux leur pays, peut-être s'abstiendraient-ils d'écrire certains articles en s'en tenant à ce vieux dicton qui dit que celui qui a un toit de verre ne doit pas jeter des pierres à son voisin.

En lisant dans ma cellule le journal Granma, organe officiel du Comité Central du Parti Communiste de Cuba, seul media de presse auquel j'ai accès, mon attention a été attirée cette fois l'article qui sous la signature de la journaliste Mariela Pérez Valenzuela est paru samedi dernier le 31 juillet. Le travail en question était consacré à critiquer la politique répressive de la présidente Mireya Moscoso contre la délinquance juvénile dans son pays, et dans celui-ci se posent quelques questions qui pourraient bien servir à analyser le même problème à Cuba, mais qui pour manque d'honnêteté et de liberté ne peuvent pas paraître dans la presse cubaine, puisque celle-ci est totalitairement officialiste.

Il faut souligner ce qui se lit sur n'importe quel de nos journaux, revues ou se dit dans les programmes de nouvelles à la radio et la télévision peut très bien s'interpréter comme l'opinion gouvernementale, puisque peu de choses peuvent être publiées sans l'approbation appropriée des censeurs.

L'article en question, qui critique amèrement le gouvernement de Panama pour durcir les mesures répressives contre la délinquance juvénile, se demande s'il ne serait pas meilleur de prévenir que réprimer, chose qui évidemment est toujours meilleure, mais qui est une recette bonne pour tout le monde, et non seulement pour ces pays où le système politique est différent du notre. Il est curieux que notre presse utilise le "double standard", méthode que notre gouvernement critique tant, à l'heure d'évaluer un problème qui n'est pas exclusif de Panama ou d'un autre pays d'Amérique Latine, mais qui aussi est un fléau qui frappe notre pays depuis des années, mais qui n'est jamais mentionné dans nos journaux et n'est pas analysé d'une manière critique par des spécialistes ou commentateurs de la seule presse permise à Cuba. Selon l'article de Granma, la raison de la délinquance à Panama est de la faute de ce qu'ils ont qualifié de "polítiques néolibérales" et se demandent s'il serait utile pour ces jeunes de rester pendant des années dans une cellule obscure, et si en réalité la présidente Moscoso croit qu'avec l'augmentation des peines la quantité des délits sera diminuée.

Sans doute la journaliste qui a écrit cet article et la personne qui a autorisé sa publication ne se souviennent pas que pendant l'année 1999 notre Parlement, guidé par le leader maximum, a approuvé des condamnations sévères pour des délits comme le vol, le cambriolage et autres ? Peut-être qu'à ce moment là le gouvernant Fidel Castro pensait comme on prétend que pense aujourd'hui la présidente de Panama, dans le sens qu'il est mieux de prévenir que de réprimer ?

Pour ceux qui se captivent en écoutent le présidente des Conseils d'Etat et des Ministres de Cuba pendant leurs interminables discours pléthoriques de statistiques et de comparaisons, qui font pense à beaucoup de crédules que nous vivons dans le "paradis terrestre", je veux leur dire qu'une des réussites de cette Révolution qui n'a jamais figuré dans un discours du Commandant, c'est d'avoir construit pendant ses 45 ans au pouvoir tout puissant plus de prisons qu'aucun autre gouvernement ou que tous les gouvernements ensemble qui l'ont précédé depuis 1902.

Il est vrai qu'à Cuba la population s'est multipliée par deux pendant son mandat, mais les prisons se sont multipliées plusieurs fois. Nous nous demandons si à Cuba on ne pratique pas la politique néolibérale, si à Cuba il n'y a pas de pauvreté extrême, pourquoi y a-t-il des milliers de jeunes dans les prisons ? Pourquoi terminent en prison des personnes qui dans plus de 95 % des cas - comme j'ai pu apprécier dans la prison où je me trouve - sont nées après 1959 ou avaient moins de 10 ans à cette date et enfin ont été éduqués sous le régime rigoureusement marxiste léniniste ? Pourquoi dans la Cuba d'aujourd'hui la délinquance est plus grande qu'il y a 45 ans, quand selon Monsieur Fidel Castro, il y avait dans le pays plus de pauvreté qu'en ce moment ?

Nous qui avons du vivre avec ces délinquants de Castro pendant plus d'un an, il ne nous est pas diffícile de répondre à ces questions. Beaucoup de ces jeunes m'ont dit : "Si j'avais eu un travail où je pouvais avoir un salaire avec lequel je puisse vivre correctement et maintenir une famille, je n'aurais jamais volé". D'autres disent : "J'ai en enfant qui m'a demandé un cartable pour l'école et pour l'acheter j'avais besoin de quelques dollars et je suis pauvre".

Le régime qui a prétendu en terminer avec les différences sociales à Cuba, a créé un pire mal. Aujourd'hui les nouveaux riches qui possèdent des dollars se trouvent dans des centres de travail et écoles avec ceux qui se maintiennent en monnaie nationale, ce qui est une stimulation pour le délit dans de nombreux cas. A Cuba le salaire payé à une famille moyenne ne donne même pas assez pour manger comme il faut, et avec la monnaie nationale on ne peut acquérir aucun article de première nécessite, ni quelque chose d'aussi simple, mais nécessaire, comme un morceau de savon.

No, la Cuba d'aujourd'hui ne se trouve pas en condition de donner des leçons de comment en arriver à la tranquillité des citoyens et la prévention des délits. Il suffit seulement de parcourir les rues des villages et villes pour observer que les maisons ont des grilles partout sur les portes et fenêtres et même ainsi ceux qui y habitent n'osent pas les laissez seules pendant plusieurs jours, en craignant qu'elles soient pillées.; il suffit de visiter les grandes villes et d'observer la quantité de policier qui se trouvent dans les rues; il suffit de venir dans une prison et de constater combien de jeunes purgent de longues peines pour de délit de vol (depuis une ampoule électrique jusqu'à une bicyclette ou un bovin).

La seule différence qui existe entre un pays comme Panama et Cuba, en ce qui concerne le sujet qui nous occupe, c'est que dans un pays libre et démocratique comme Panama on peut publier les statistiques qui reflètent ses maux et que dans le notre c'est un sujet tabou.

Il me reste seulement à rappeler à ceux qui ont du plaisir à écrire sur les péchés des autres, que dans le livre le plus lu du monde il y a un enseignement très sage qui dit : "Et pourquoi regardes-tu la paille qui se trouve dans l'œil de ton frère, et ne vois pas la poutre qui se trouve dans ton oeil. Hypocrite ! Enlèves d'abord la poutre de ton œil et alors tu verras bien pour enlever la paille de ton frère".


Traduction: Genevieve Tejera

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