SOCIETE
Le camarade Chan Chi Wong à Varadero
LA HAVANE, janvier (www.cubanet.org) - Chan Chi Wong vit
à Shanghai, République Populaire de Chine, et
est le directeur d'une usine d'appareils électroménagers,
d'une firme étrangère. Comme ingénieur
il travaille depuis de nombreuses années dans ce secteur
et est monté en grade jusqu'à en arriver à
sa situation actuelle, très bien rémunérée
en tenant compte des salaires de son pays. Il a déjà
acheté une maison moderne et son acquisition la plus
récente a été celle d'une automobile
d'une marque occidentale. Maintenant il a décidé
de se consacrer au tourisme avec son épouse.
Il a choisi comme lieu de vacances Cuba, l' "île
sur des Caraïbes", promu par les agences de
son pays pendant le dernier trimestre de l'année dernière,
pour une somme élevée - entre 15.000 et 16.000
yuans, environ 2.000 dollars américains, mais cela
en vaut la peine. Il est membre du Parti Communiste Chinois
(évidemment) et il y a de nombreuses années
il a connu sur ses terres quelques cubains, des gens sympathiques
et affables, et par des films, des documentaires, des livres
et revues il sait que Cuba est un beau pays, avec de belles
plages et des paysages naturels.
Le voyage, malgré la distance, semble attrayant. L'avion
fera escale en France ou en Allemagne, des pays qu'il ne connaît
pas et qui comme endroits touristiques sont beaucoup plus
chers, bien qu'ils soient plus proches. Et le séjour
aux Caraïbes sera plaisant, enchanteur.
Tout cela est possible parce que le gouvernement chinois
a déclaré Cuba comme étant le premier
lieu touristique pour ses nationaux sur le continent américain.
Pendant la saison 2002-2003 ont visité l'île
environ 6.000 touristes de ce pays asiatique. Maintenant,
avec un nouvel accord, on s'attend à ce que nombre
augmente à 20.000 et encore plus pendant les prochaines
années.
La Chine, ce géant asiatique a pu obtenir un développement
impétueux avec son "économie socialiste
de marché". Sa croissance du PIB pour 2003 était
prévue à 8 %. Le flux de capital étranger
vers eux a permis en 2002 de capter 52.000 millions de dollars.
Pendant cette année-là 16 millions de chinois
ont fait du tourisme à Hong Kong, Macao et Taiwan et
l'Organisation Internationale de Tourisme situe cette nation
parmi les principaux émetteurs de touristes pour la
décennie prochaine.
A Cuba, Chan Chi Wong pourra connaître le centre historique
de La Havane et on l'emmènera au Quartier Chinois de
la capitale, où il pourra déguster dans ses
restaurants spécialisés la nourriture typique
chinoise "à la Cubaine". Là il verra
les descendants d'une émigration qui a laissé
sa terre en cherchant de nouveau horizons économiques
et verra que les actuels ne sont pas beaucoup mieux que ceux
qui habitent les provinces les plus pauvres de son pays.
Il est possible qu'il soit emmené à une entreprise
cubaine qui ait une relation déterminée avec
sa patrie et pourra apprécier comment le "socialisme
cubain" traite ses travailleurs et que les directeurs
comme lui ne peuvent ni de loin aspirer à ce qui est
pour lui une réalité.
Il ne comprendra pas comment il est possible que les dirigeants
d'entreprises de ce pays ne puissent pas voyager comme touristes,
seulement dans des voyages officiels, et ceux-ci sont la grande
minorité. Il ne comprendra pas non plus que les Cubains
ne peuvent seulement voyager que si un membre de sa famille
qui se trouve à l'étranger ou un ami d'une autre
nationalité l'invite par l'intermédiaire d'une
lettre qui coûte 140 dollars, et qu'ils doivent payer
tous leurs frais, parce que le cubain ne gagne pas assez pour
faire du tourisme dans son propre pays. Et quand ils arrivent
à sortir, ils vont travailler à ce qu'ils peuvent
pour pouvoir apporter un peu d'argent pour vivre un peu mieux
quelque temps, si cela ne se convertit pas en un voyage sans
retour.
Arrivé à Varadero, Chan jouira d'une plage
avec un sable très fin et une mer bleue qu'il n'oubliera
pas. Il sera logé dans un hôtel avec tout confort,
mais sentira ce qu'est faire du tourisme en paquets de "tout
compris". Chan Chi Wong n'est pas riche, il pourrait
avoir beaucoup d'argent s'il était corrompu, en acceptant
de l'argent sous la table, mais le gouvernement chinois, qui
lui reconnaît l'existence de la corruption parmi ses
dirigeants (le gouvernement cubain le nie à tout prix),
le punit même avec la peine de mort. Et comme il est
logique, s'il n'offre pas de pourboire, il verra comment les
travailleurs de l'hôtel se détournent pour s'occuper
des touristes d'autres nationalités, ce n'est pas ainsi
avec les siens.
Enfin, il passera une semaine inoubliable aux Caraïbes,
et il remerciera le défunt Deng Xiao Pin pour les reformes
radicales qu'il a commencées il y a des années
dans sa patrie. Et il se rendra compte qu'à Cuba, les
changements arriveront par d'autres voies. cnet/27
Traduction: Genevieve Tejera
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