CUBANET

13 février 2004



SOCIETE
Interrompus et disponibles

LA HAVANE, janvier (www.cubanet.org) - Le dictionnaire de l'irréelle Académie castriste de la langue révolutionnaire emploie les substantifs "interrompu" et "disponible" pour designer ceux qui perdent leur travail.

Dans tous les pays - et dans la Cuba de toujours - on les appelle chômeurs, mais ce mot ne plait pas aux propriétaires de l'idéologie, pour le considérer impropre et négatif à l'idéal communiste. Ainsi donc, de la même façon que la purée de pois chiches devient la crème de Saint-Germain, et que faire l'amour de façon impudique à l'arrêt d'autobus est un "indiscipline sociale", celui qui perd son travail est un interrompu ou un disponible.

Un tel phénomène était peu fréquent dans la Cuba subsidiée par l'Union Soviétique, car en suivant la recette communiste, le chômage se cachait avec le sous emploi, qui consiste en l'utilisation d'un nombre d'ouvriers supérieur à ce qui est nécessaire pour une activité spécifique.

Il s'agit que, selon le credo marxiste, le chômage est le propre de l'enfer capitaliste et inexistant dans le paradis prolétaire. Possiblement aujourd'hui personne, même pas en Corée du Nord, ne soutient la validité d'une chose si absurde, mais à Cuba existe le caudillo historique et légendaire, et le "petit père" de la patrie ne peut consentir à que ses enfants déambulent sans travail.

Pour cela à Cuba le mot chômage a été adouci avec d'autres vocables moins ostensibles. Mais il a été incontournable de parler du phénomène comme tel à cause de sa fréquence et de sa façon réitérée.

Au début et pendant de nombreuses années, il n'y a pas eu de grandes difficultés. Mais l'empire russe a vu venir la perestroïka de Gorbatchev et a dit d'arrêter. Le jeune taureau caribéen a été sevré et dans l'Ile il y a eu un grand fouillis et un grand bazar. Le castrisme, alors, s'est retrouvé comme le réchaud sans alcool ou la lampe sans huile.

C'est alors qu'ont fermé de nombreuses industries et commerces ; le transport a été quasi paralysé et les centres de travail manquaient de fournitures pour garantir le fonctionnement des réfectoires ouvriers.

Des vagues de cubains perdirent leurs liens de travail (selon le lexique castriste), c'est à dire, ils ont été licenciés selon la dénomination universelle. Une partie de la force de travail du pays est restée interrompue et de cela en même temps, un pourcentage est devenu disponible. Les interrompus et les disponibles ont été des phénomènes jusque là inconnus ou cachés sous la couverture du subside soviétique. Tant est si bien que les résolutions 3/92 et 6/04 qui dictent les normes de telles situations datent des années 1992 et 1994.

Bien que l'interrompu et le disponible aient en commun la condition de chômeurs (ils sont sans travail), dans le premier cas la situation peut être temporaire ou transitoire, tandis que dans le second elle est permanente. En le disant d'une autre manière, l'interrompu est en attente d'être placé, tandis que l'autre manque déjà de la tutelle d'état à n'appartenir à aucun centre de travail. Envers l'un il y a un plus grand engagement gouvernemental qu'envers l'autre.

Comme la volonté totalitaire s'exprime à travers un état érigé en patron et seigneur des vies et des propriétés, le pouvoir politique stipule que l'interrompu reçoit la totalité de son salaire pendant les premiers trente jours, à partir de ceux-ci, si le travailleur n'a pas encore été placé, il recevra 60 pour cent de ce montant de salaire.

Il arrive souvent que l'interrompu soit capté par un travailleur pour son compte comme assistant et décide de ne plus travailler pour l'état. D'autres fois il expérimente une "invention" quelconque et en arrive à la conclusion que c'est mieux que de travailler pour le gouvernement.

Il arrive fréquemment que le centre de travail se désintéresse de l'interrompu et quand cela arrive l'individu devient disponible; delié de tout engagement de travail.

Comme les chômeurs sont nombreux et que les offres de travail sont très réduites, on a répandu l'offre d'études, parce que le totalitarisme ne peut pas être indifférent face à autant de gens hors de son contrôle strict. Les travailleurs pour leur compte, les inventeurs et les disponibles s'entrecroisent, s'opposent et s'interposent, selon les circonstances, en formant un triangle quelquefois pas si affectueux, mais nécessaire et interdépendant pour calmer la tempête dans ce monde d'hallucinations et folies. cnet/03


Traduction: Genevieve Tejera

[ NOUVELLES ]


CubaNet ne demande pas l'exclusivité à ses collaborateurs et autorise la reproduction de ces articles, à condition que Cubanet soit mentionné en référence.

 
SECCIONES

NOTICIAS
...Prensa Independiente
...Prensa Internacional
...Prensa Gubernamental

OTROS IDIOMAS
...Inglés
...Alemán
...Francés

INDEPENDIENTES
...Cooperativas Agrícolas
...Movimiento Sindical
...Bibliotecas
...MCL
...Ayuno

DEL LECTOR
...Cartas
...Debate
...Opinión

BUSQUEDAS
...Archivos
...Búsquedas
...Documentos
...Enlaces

CULTURA
...Artes Plásticas
...Fotos de Cuba
...Anillas de Tabaco

CUBANET
...Semanario
...Quiénes Somos
...Informe 1998
...Correo Electrónico


CubaNet News, Inc.
145 Madeira Ave, Suite 207
Coral Gables, FL 33134
(305) 774-1887