POLITIQUE
Peur de perdre le contrôle des rues
SANTA CLARA, août (Cubanacán Press / www.cubanet.org)
- "Nous avons besoin de votre coopération cette
nuit pour renforcer la garde", invite la présidente
du CDR à l'un de ses membres. Surprise, la personne
ne sait ni que faire ni que dire, parce que dans son pâté
de maisons il y a longtemps que personne ne fait de garde.
"Pourquoi ?", demande-t-elle ingénument.
"Ils disent que les choses vont mal et ils ont ordonné
de renforcer la garde avec les gens dignes de confiance du
CDR", répond la dame.
La scène a eu lieu dans une rue de la ville de Santa
Clara ce 5 août, considéré par l'opposition
pacifique comme le Tour de la Rébellion Nationale et
par l'état comme le Xe Anniversaire de la Loyauté
à la Patrie.
Un tour comme celui-ci il y a dix ans des centaines de personnes
se sont lancées dans les rues de La Havane, pendant
celle qui a été considérée comme
la plus grande manifestation publique des Cubains pendant
45 ans de totalitarisme. Là se trouvaient les antécédents
du naufrage ordonné du remorqueur "13 de Marzo",
qui avait eu lieu 23 jours auparavant. Après viendrait
la valve d'échappement avec la Crise des Balseros.
Mais déjà loin dans le calendrier tous les
5 août, les rues de la ville de Santa Clara se crispent
avec plain de policiers et d'éléments en civil,
soutenus dans les pâtés de maisons par les mêmes
que toujours. Ce sont eux deux ou trois combattants d'age
avancé, quelques militants du Parti Communiste et ceux
des CDR, qui se chargent de surveiller, noter et informer
sur tout pendant la grande journée.
Les opérations commencent toujours la veille au soir.
García est un ouvrier d'une dépendance du Ministère
de l'Education. Là il fait ses stratagèmes avec
d'autres camarades de travail pour gagner sa vie et à
la fin de la journée pour boire un coup de "guafa"
qu'il achète à un prix modique dans la maison
d'une infirmière. Ce mercredi l'homme a eu sa tranquillité
perturbée quand l'horloge s'approchait des 9 heures
du soir.
Deux gardiens, impeccablement vêtus, sont venus pour
lui demander ce qu'il faisait à cette heure là
sur le trottoir, seul et dans cette position. Il a expliqué
qu'il était garde de surveillance de ce centre de travail
et a montré les clefs, mais cela ne lui a servi à
rien. Il a été transféré au camion
des brigades spéciales qui était arrêté
très près de son travail. Etonné, il
a remarqué que dans le camion il y avait environ 15
personnes en uniforme, et alarmé il se demandait ce
qui allait arriver, parce qu'à tous ceux qui passaient
par là, on demandait la carte d'identité et
les documents du véhicule. De plus le modus operandi
comprenait la vérification du nom pour l'usine et fouiller
les valises et paquets des passants et des voyageurs.
Grâce au chauffeur d'un camion qui est arrivé
à cette heure là pour se garer dans l'établissement,
les policiers laissèrent Garcia en liberté.
Mais ils continuèrent sur les lieux avec le même
procédé jusqu'au lever du soleil. Cela avait
lieu dans toutes les artères principales et entrées
de la ville, également dans les zones du centre, comme
le boulevard où se trouvent les principaux centres
commerciaux et dans le Parc Vidal.
Tandis que cela avait lieu, dans mon quartier l'activité
des combattants s'est compliquée avec l'arrivée
de la "coupure de courant". Ils se sont vus obligés
à former des groupes de travail et ainsi pendant toute
la nuit la surveillance fut garantie, avec la consigne que
par là l'ennemi n'aurait pas d'espace.
Pendant la tournée du 5 depuis bien de bonne hure
les maisons des opposants pacifiques furent assiégées
par des effectifs habillés en civil. Quelques-uns le
faisaient discrètement, mais d'autres surveillaient
effrontément. Après, pendant la nuit, les patrouilles,
ont fait des rondes de nouveau.
Pendant ce temps, la nouvelle de l'admission intempestive
dans la salle de thérapie intensive de l'hôpital
de la capitale La Covadonga du frère de lutte et membre
de la Causa des 75 Margarito Broche Espinosa, président
de l'Association Nationale de Balseros "Paix, Démocratie
et Liberté" située à Caibarién,
consterna sa famille dissidente du centre du pays, où
il a de très nombreux amis et admirateurs de son travail.
Margarito, après plusieurs actes arbitraires de la
part des autorités du pénitencier de Guanajay,
a souffert d'un infarctus cardiaque, cause de son admission
dans la salle de thérapie.
Mais il y a encore plus. La veille, la journaliste Isabel
Rey Rodríguez de Cuba Press avait été
convoquée au siège du Département de
la Sûreté de l'Etat Provincial à Villa
Clara pour prendre ses déclarations sur ses liens avec
une personne détenue avant le 26 juillet dans ce lieu.
Après viendrait la seconde partie du film, quand l'officier
Vladimir l'a interrogée et menacée d'abord pour
ensuite lui faire signer un acte d'engagement où elle
se voit obligée à renoncer à son travail
à l'intérieur du journalisme alternatif. Isabel,
64 ans et délicate de santé, avec les larmes
aux yeux raconta la rencontré fatidique avec ceux de
la Police Politique, qui a duré plus de cinq heures.
Deux coups durs pour le mouvement pro démocratie
de Villa Clara, autour d'une même date, des démonstrations
de l'intolérance du régime se cramponnant pour
soutenir le pouvoir totalitaire. Des scènes comme celles-ci
sont presque quotidiennes dans Cuba profonde et bâillonnée,
où la société civile émergente
cherche des espaces pour développer horizontalement
les embryons de la nouvelle société encadrée
par les principes démocratiques. Face à cela,
et avec arrogance, les acteurs du projet d'architecture sociale
cubaine ne permettent pas de glissements no un autre langage
qui ne contiennent pas les mots "Patrie ou Mort",
qui même quand ils sont seuls ou dorment avec leurs
épouses, apparaissent comme un dilemme persistant et
sont envahis par la peur de perdre le contrôle des rues.
Traduction: Genevieve Tejera
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