CUBANET

19 mars, 2003



Esclaves internationaux

Héctor Maseda, Grupo Decoro

LA HAVANE, mars (www.cubanet.org) - "Je n'accepterai pas que l'Etat cubain m'envoie de nouveau comme constructeur internationaliste aux confins de la terre dans les conditions actuelles d'emploi", a souligné Alipio, technicien moyen de montage industriel, avec vingt ans d'expérience et 49 ans d'âge, qui est rentré il y a quelques jours au pays après avoir fait deux ans de travail en Afrique du Sud.

Dans l'Ile on parle peu des milliers de constructeurs cubains dispersés par le monde, qui dans des conditions extrêmement difficiles font leur labeur. Le gouvernement cubain se met d'accord avec les gouvernements intéressés par des travailleurs qualifiée et bon marché pour qu'ils exécutent dans leurs pays respectifs les travaux que leurs travailleurs se refusent à faire ou parce qu'ils ne savent pas le faire.

Ce qui est vrai c'est que cette manière d'exporter la main d'œuvre à des prix risibles, avec garantie que cela ne créera pas à l'entreprise étrangère de difficultés de travail ou syndicales, rapporte au gouvernement cubain des gains annuels de millions de dollars. Le pays récepteur, pour sa part, a la possibilité de les soumettre à des conditions de vie sous humaine, conscients que, comme de bons agneaux, ils seront incapables de relever la tête et de protester, à cause du grand problème politique qu'ils auraient à l'heure de rentrer à Cuba.

"Avec ces contrats le seul bénéficiaire est le gouvernement. Nous autres nous devons travailler dix, douze heures par jour. Il n'y a pas de jours de repos. Nous cohabitons dans des auberges sans les moindres conditions de subsistance, loin des villes. La nourriture est déficiente et il y a des difficultés avec les soins médicaux à l'heure de nous soumettre à des tests spécialisés ou à des analyses avec des réactifs chimiques, puisque ceux-ci existent seulement dans les grandes villes. Dans ces conditions, le gouvernement reçoit, pour chacun d'entre nous, sans aucune ristourne, plus de 50 pour cent de ce que nous devrions recevoir comme salaire, selon les accords. Et avec la fraction de salaire que nous recevons nous devons payer le peu qu'ils nous offrent, à prix d'or. Nous n'avons aucun loisir. Tout est travail et plus de travail. Nos chefs retiennent les documents qui démontrent que nous sommes légaux dans le pays pour limiter les mouvements que nous faisons, dans la crainte que nous préparions une fugue. Tu es soumis à une surveillance permanente. Plus que collaborateurs nous avons l'air d'esclaves en plein XXIe siècle".

Alipio est devenu maçon à 21 ans. Pendant 17 ans il a été membre des brigades envahissantes du travail, disposées à travailler dans n'importe quel endroit de Cuba où on en ait besoin. Alipio a travaillé dans la construction d'œuvres industrielles, touristiques, sociales et agricoles. Avec beaucoup d'effort, et sans arrêter de travailler, il a pu devenir technicien moyen en montage industriel. Pendant tout ce temps il a été loin de sa famille avec laquelle il pouvait se réunir pendant quatre ou cinq jour après 45 jours de travail. Cet aller et venue à n'importe quel endroit l'a obligé à mener la vie d'un nomade. Il y a à peine deux ans et demi on lui a assigné un appartement que ses chefs ont utilisé comme monnaie d'échange pour qu'il accepte la nouvelle mission imposée, quand une partie de sa santé, jeunesse et force l'abandonnaient.

"Ils m'ont fait beaucoup de pression pour que j'accepte de travailler en Afrique. Moi je ne voulais pas. Même le directeur de ma brigade, quand il m'a parlé de l'affaire, a lié la proposition du voyage à l'assignation de l'appartement que finalement ils m'ont donné avant de partir en Afrique du Sud. En ce moment il y a des constructeurs cubains en Angola, les deux Congo, en Zambie, Mozambique, Haití, Saint Domingue, Irak, Iran, comme il y en a eu aussi dans l'ancienne URSS, le Vietnam, le Pérou, Granada. Les méthodes de captation qu'emploie le gouvernement pour ces missions vont de la persuasion jusqu'au chantage. C'est incroyable !"

Selon des chiffres officiels pris dans l'Annuaire de Statistiques de Cuba de l'année 2001, en 1996 la force des travailleurs de l'économie nationale comptait 3 millions 625 mille travailleurs manuels et intellectuels. Parmi eux, 221,600 – 6,13 %- appartenait au secteur de la construction. Pour l'année 2001 le total des travailleurs de la sphère productrice s'est élevé à 3 millions 968 mille, tandis que le nombre des travailleurs de la construction s'est réduit à 192.800 (5 %), information qui confirme que les constructeurs sont passés à un plan inférieur dans le commerce gouvernemental de location des travailleurs à l'étranger. Le premier rang des travailleurs exportables est occupé par les membres de la sphère de la santé.

On parle de l'exode intellectuel progressif du Sud sous-développé ver le Nord industriel et des implications que cela cause dans la base scientifique, technologique, économique et culturel des sociétés "productrices" d'émigrants. Malgré cela, personne ne se préoccupe des travailleurs manuels et intellectuels qui vivent soumis à une brutale exploitation dans des conditions de vrai esclavage.

Traduction: Genevieve Tejera

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