CUBANET

4 juin, 2003



De la prison : Brève description

Manuel Vázquez Portal, condamné à 18 ans de prison

PRISON DE BONIATO, Santiago de Cuba, juin (www.cubanet.org) - La cellule (No. 31) a un espace d'environ un mètre et demie de large sur 3 mètres de long. Porte de barreaux semi murée avec une planche d'acier. Une fenêtre de barreaux qui s'ouvre sur la partie l'est du bâtiment. Entrent par elle le soleil, la pluie et les insectes. Une couchette faire avec barres de métal entrelacées, une planche bois pressé et un matelas de ouate dure, sale et vieille. Le WC est une tasse à la turque, sans siphon qui régurgite la mauvaise odeur pendant 24 heures. A cet endroit, sur la partie supérieure, un robinet d'eau pour se laver et boire. Pas de table, ni de chaise, pas d'étagère pour les objets personnels. Pas de drap, ni d'oreiller, ni de moustiquaire, pas de couverture. Pas de radio, ni de télévision, pas de journaux ni de livres. Pas de couverts, ni de verre ou de broc. Tout en plastique et apporté par la famille. Pas de serviette de toilette. Ils violent l'intimité de la correspondance. La cellule s'inonde tous les tours avec les eaux résiduelles du couloir. Le plafond défoncé a des filtrations et quand il pleut il tombe des gouttes abondamment. Le bâtiment est entouré d'un mur d'entre 8 et 9 mètres de haut. Cette partie du pénitencier on l'appelle "Boniatico"; c'est la section consacrée à la plus grande sévérité. Ici se trouvent les condamnés à la prison à perpétuité et à la peine capitale, il y a aussi quelques "sideux". Comme le bâtiment a plus de 60 ans les animaux nuisibles abondent, tout un zoo : des rats, des cafards, scorpions, fourmis de tout genre, mouches, moustiques.

Ils nous sortent séparément dans la tour une heure par jour. Ils nous enlèvent les menottes dans la cour et nous les remettent pour rentrer à la cellule. Egalement pour recevoir les médicaments ils nous emmènent avec les menottes. Le samedi et le dimanche ils n'offrent pas la cour. Nous passons presque 60 heures sans sortir des cellules.

Les repas sont presque indescriptibles. Un effort de l'imagination et de l'investigation : Petit déjeuner : pain (je n'ai pas pu deviner avec quoi ils le font) et boisson épaisse, un apport linguistique et culinaire. C'est de la farine de mais grillée et ensuite cuite avec beaucoup d'eau et de sucre. Je ne mange aucune des deux choses. Déjeuners : soupe (eau, farine de blé et une herbe méconnaissable). Riz ou farine de mais ou coquillettes, dans chaque cas sans graisse ni autre nourriture. Ceux-ci sont alterné les tours de la semaine quelques fois avec un hachis de soja peu de fois - ou "sexe de vache" (les prisonniers l'appellent d'une façon plus grossière), qui consiste en ne pâte blanche - une sorte de colle - faite à partir de farine de blé et de substances méconnaissables. Une ou deux fois par mois ils donnent ce qu'on appelle un repas spécial : un petit morceau de poulet, du riz, un légume - gros plantain -, et 'zambumbia', bien qu'ils appellent café. Les dîners : la même chose mais le soir. Du reste du pénitencier j'ai seulement pu voir les grillages, les fosses, les guérîtes des gardiens quand ils m'ont emmené à l'hôpital pour prendre ma tension artérielle deux fois.

Les gardiens nous traitent avec respect parce que nous faisons de même avec eux. Seulement Juan Carlos Herrera, celui de Guantánamo, a reçu des coups forts à un oeil et je l'ai reconnu par la fenêtre qui donne sur la cour - solarium - avec le visage enflammé et violacé.


Fondateur de l'Agence de Presse Decoro, qui ensuite s'est convertie en Groupe de Travail Decoro en 1999, Manuel Vázquez Portal écrit comme journaliste indépendant depuis le début du mouvement. CubaNet a commencé à distribuer ses chroniques - sous le pseudonyme littéraire de Pablo Cedeño - en 1995, pendant qu'il était en prison. Ses articules - signés Pablo Cedeño et Manuel Vázquez Portal - ont commencé à être publiés sur CubaNet en août 1997, quand il fut libéré.

Son roman El Niño del Pífano (l'enfant du Pifano) peut se lire sur ces pages électroniques. La maison d'Editions CubaNet a publié son recueil de poèmes Celda Número Cero (la Cellule Numéro Zéro).

Manuel Vázquez Portal a été arrêté pendant la vague répressive récente déchaînée par le gouvernement cubain contre la société civile. Il a été jugé dans un procès sommaire et condamné, sous la Loi 88 (Loi Bâillon), à 18 ans de prison.


Traduction: Genevieve Tejera

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