CUBANET

20 janvier, 2003



Cuba, janvier 2003

Lázaro Raúl González, CPI

HERRADURA, janvier (www.cubanet.org)

- Mon pote, ça va mal !

- Et bien, ce n’est pas pire qu’en 94.

- Mais ça menace.

- Oui, tous ils jours il y a moins de choses et quand tout est plus cher.

- Tous les jours il y aura de moins en moins et ça coûtera plus.

- Tu crois que si les Américains levaient l’embargo...?

- Quel embargo ni quel embargo, mon pote. Tu sais bien qu’à Cuba il n’y a rien à manger parce que le gouvernement possède toutes les terres et les usines et ne les fait pas produire.

- Oui c’est vrai et je pense que si le gouvernement faisaient quelques changements il y aurait au moins des tomates sur la petite place.

La conversation a lieu entre deux amis. Alfredo et Pablo, chez ce dernier. Bien que le nombre augmente de ceux qui manifestent leur mécontentement et leurs opinions publiquement, l’intimité continue à être l’endroit préféré des cubains pour exercer la liberté de parole.

Chez eux, les gens se défoulent. Si à la télévision on voit un ministre expliquant que cette année il y aura des pommes de terre en abondance, quelqu’un lui crie : menteur ! Si l’on coupe l’électricité il ne manque pas ceux qui sortent de dures offenses contre les leaders politiques du pays.

Derrière le rideau sûr de l’intimité, les gens approuvent la désertion du joueur de base-ball José Ariel Contreras, critique le gouvernement de Hugo Chavez et même considère le castrisme comme une dictature abominable.

- Pourquoi crois-tu qu’ils n’y a pas de tomates sur la petite place ? – je demande à Pablo.

- Parce que le gouvernement n’est pas intéressé qu’il y ait des tomates sur la petite place - répond Pablo convaincu. Il n’y a pas de tomates pour le peuple, mais ni les dirigeants ni les touristes étrangers manquent d’une bonne petite salade.

Dans la salle de sa maison, Pablo appelle les choses par leur nom. Malgré cela, sa conviction et ses dires disparaissent en public.

- Tu dirais cela devant une assemblée convoquée par une organisation officielle ? – je lui demande.

- Non, pourquoi ? Ici tout le monde le sait. Si je critiquais beaucoup, je perdrais au moins ma petite affaire de vendeur de savon fait à la maison.

Pour cette raison, Pablo préfère continuer à se défouler chez lui, ou dans un cercle limité de personnes connues.

- Dans une veillée funèbre, dans une queue – ajoute-t-il – et même dans un bus on peut parler, mais en faisant bien attention qui écoute, parce qu’elle est très longue l’oreille de la Sûreté de l’Etat.

L’opinion de Pablo est partagée par Alfredo et par des millions de cubains. Dans les lieux de travail ou d’études, ou dans toute manifestation officielle, ils applaudissent avec joie les consignes du régime.

Une fois la manifestation terminée ils enlèvent leurs masques, libèrent leurs sentiments et s’expriment librement. Il y en a pour qui ce serait une double morale. Pour Pablo c’est un simple mécanisme défensif, de survivance.

- Quand je garde ma langue dans ma bouche je protége la nourriture de mes enfants ! Si j’ai un problème pour critiquer le gouvernement, qui va maintenir les petits ?

Pablo dit ne rien savoir sur le journaliste indépendant Bernardo Arévalo Padrón, qui purge une condamnation de 6 ans. Mais quand je lui explique qu’il a été puni pour questionner publiquement certains personnages du régime, Pablo le comprend.

- A quoi d’autre peux-tu t’attendre ? Il ne sait pas où il vit ? Il aurait du faire un autre sport.

Pablo ne connaît pas l’article, qui restreint la liberté d’expression, ni la Loi 88, qui assure une quantité d’années derrière les barreaux à tout national qui questionne les intérêts du régime socialiste. Mais il sait ce qu’ils veulent dire dans la pratique.

- A Cuba on ne peut pas critiquer le gouvernement. Si tu le critiques dans la rue on va te mettre en prison.

Pablo ne connaît pas non plus l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui établit le droit de tout être humain à donner son opinion sans être ennuyé pour cela. Quand je le luis lit, Pablo montre de la surprise et du scepticisme

- Dis-donc, que c’est bien cela! Mais, c’est la vérité ? Bon, c’est ainsi je ne sais où, en Uruguay ou en Australie, parce qu’à Cuba on peut seulement dire ce que l’on pense vraiment derrière les murs. Celle déclaration ici on ne l’observe pas.

Pablo le dit en baissant la voix, parce que :

- Ici il est arrivé que même les murs avaient des oreilles.

Traduction: Genevieve Tejera

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