CUBANET

13 février, 2003



Le dégoût est national

Lázaro Raúl González, CPI

HERRADURA, février (www.cubanet.org) - Pour maintenir dans ma profession de journaliste une perspective la plus objective possible, je me dis constamment : "Ne te fies pas de la certitude de ce que l'on te dit à Herradura; ceux qui te connaissent savent que tu t'opposes au régime, et en ta presence la majorité se manifeste insatisfaite et contestataire seulement comme solidarité de circonstance".

Ma posture me semble la plus pertinente pour un communicateur qui fait son travail en plus grande partie dans les limites du voisinage. Ici ma conviction de dissident pourrait vicier les positions de ceux qui parlent avec moi.

Pour cela je dois profiter de n'importe quel voyage qui sorte des frontières de ma municipalité pour ausculter les sentiments des gens d'autres endroits, dans l'anonymat. Je viens récemment d'avoir une occasion de ce genre et, évidemment, j'en ai profité.

Sur l'autoroute

Tout le long du kilomètre 115-116 de l'autoroute La Havane-Pinar del Río, plusieurs dizaines de personnes font de l'auto-stop. Mais aucun véhicule ne s'arrête. Tout le monde peste contre le régime. Quand passe un autocar avec quelques touristes qui, évidemment, nous regardent indifférents, un jeune noir s'exclame :

- Regardes ça, dans quel pays du monde on voit ça ? Tandis que les étrangers ont un bon moyen de transport, les nationaux nous nous pourrissons sur les routes.

Passent des dizaines de voitures de dirigeants de la révolution. Aucune ne s'arrête. Une femme qui a une petite fille de deux ans dans les bras fait voir sa colère:

- A la télévision ils disent que nous vivons dans le système le plus solidaire du monde, mais comme il est difficile de le constater. Ses dirigeants sont des insensibles !

Finalement, après deux heures d'attente et en payant 40 pesos, mon épouse et moi arrivons à nous embarquer. Le chauffeur qui nous ramasse et l'individu qui l'accompagne ont l'air de privilégiés du régime. Son auto est un modèle européen moderne avec une plaque particulière.

Après avoir rompu le silence, mon épouse et moi en apprenons peu à peu. Les individus -dirigeant administratif l'un, professeur universitaire l'autre- ruminent aussi leur dégoût. Le dialogue étant avancé, le professeur dit :

- Notre situation est tout à fait semblable à celle de l'Albanie il y a 15 ans. Ils nous disent que le reste du monde se termine tandis que nous autres nous jouissons d'une société parfaite. Personne n'y croit, même pas ceux qui le disent !

A La Havane

Dans la capitale c'est l'endroit ou grandit le plus l'herbe du mécontentement, et où il est plus difficile de la couper. Les Havanais sont les Cubains les mieux informés. Egalement ils sont ceux qui ont inventé un plus grand degré d'indépendance. Dans une maison de Marianao, une jeune qui tapote sur l'ordinateur portable d'un membre de sa famille, nous dit :

- Avec cela je ne suis plus l'esclave de personne. Pour moi plus de télévision cubaine et son abondance de politiquerie.

Un autre individu qui termine de voir "la antena", c'est à dire, des images de la télévision américaine par l'intermédiaire d'une antenne parabolique, nous commente :

- L'homme (Fidel Castro) est fini. Son petit ami Hugo Chávez a de gros problèmes. Maintenant où va-t-on trouver du pétrole au rabais ?

Le retour

Nous rentrons à Pinar del Río deux jours après. La jeep qui nous ramasse (pour 40 autres pesos) appartient à une entreprise d'état et a été déviée de son chemin par le chauffeur. "Pour gagner quelques pesos 'en piratant' vers Pinar del Río", dit-il.

Puisque la majorité des passagers - au total nous sommes 9 - se consacre au transport de marchandises de Pinar del Río vers La Havane, rapidement on touche le thème des saisies qu'effectue régulièrement la police.

Mon épouse et moi seulement nous intervenons pour affirmer ou nier ce que nous dit le reste des voyageurs. Un jeune, auquel récemment on a confisqué 30 bouteilles de purée de tomates et un mouton, indique :

- La police cubaine est une de celles qui abusent le plus dans le monde.

Un autre jeune passager, exalté après avoir parlé de plusieurs confiscations dont il a été victime, dit :

- Cela – en se referant à Cuba – les Américains devrait le prendre.

Lamentablement seulement mon épouse et moi indiquons que nous ne sommes pas d'accord avec une telle idée.

L'un des voyageurs, qui vient de Holguín, dit :

- J'ai traversé le pays tout entier. Partout la situation est difficile. Les gens se plaignent amèrement de comment tout va mal.

A l'intérieur de l'espace serré de la jeep personne ne dit un seul mot pour défendre le régime. Le voyage m'a servi pour résoudre ma question d'arithmétique.

En accord avec les situations vécues hors de mon espace, j'en suis arrivé à la conclusion qu'à Cuba le dégoût est national.

Traduction: Genevieve Tejera

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