Les effets de
la répression
Oscar Mario González,Grupo Decoro
LA HAVANE, mars (www.cubanet.org) Les jours compris entre le 18 et le
22 mars 2003 seront inscrits dans notre histoire avec un signe honteux. A moins
d'un mois de la Semaine Sainte Cuba a eu sa semaine diabolique.
Les plus de 70 opposants et journalistes indépendants demeurent
enfermés dans les immeubles du Département de Sûreté
de l'Etat dans la capitale et à l'intérieur de la nation, sous
investigations, probablement en attente d'être inculpés.
Chez eux, dans le cercle de leurs amis et parmi leurs camarades d'idées,
restent la douleur, l'inquiétude et l'incertitude.
Le jeune fils de 9 ans du journaliste et écrivain Manuel Vázquez
Portal n'est pas seulement privé des baisers de son père qui tous
les matins caressait sa joue enfantine, mais aussi de sa boite de crayons de
couleur; avec laquelle il dessinait un colibri, une étoile et le drapeau,
parce que les hommmes en uniforme et avec un pistolet ont également
emporté sa boite de crayons.
Les dizaines de dessins de petites filles et petits garçons qui ont
participé au concours de dessins qui avait été organisé
par le président du Collège de Pédagogues, Roberto de
Miranda, ont été confisqués par l'essaim vert olive qui
pendant plusieurs heures a pointé son aiguillon sur chaque centimètre
carré de la maison. C'était des dessins inoffensifs, comme tout ce
qui est fait de la main d'un enfant : crocodiles avec la bouche ouverte qui se
reposent au bord d'une lagune, des papillons qui tournent autour des fleurs et
des merles qui rejouissent la campagne avec leurs chants. Peut-être ces
dessins vont-ils augmenter le tas inutile de preuves et d'évidences d'une
distorsion supposée de l'esprit enfantin.
Maintenant le fils de 6 ans d'Osvaldo Alfonso, président du Parti Libéral
(non reconnu) et de Claudia Márquez Linares, directrice du Grupo de
Trabajo Decoro, n'arrive pas à comprendre les raisons de l'absence de son
père. Comment a-t-il pu s'en aller sans rien lui dire ? Lui, son père,
qui avant chaque sortie, même si elle était courte, lui disait au
revoir en l'embrassant et lui indiquant combien de temps il pensait être
absent. Les efforts persuasifs de la mère n'arrivent pas à
dissiper la nostalgie de l'enfant ni à diminuer le doute qui se niche
dans son cur tendre, mélange d'incompréhension et de mauvais
présages.
La télévision ne montre pas la douleur de ces enfants. Elle préfère
montrer la peine des enfants iraquiens, dont la souffrance, même si elle
est grande, ne peut pas substituer, et encore moins effacer les pleurs des nôtres,
de nos enfants cubains.
La douleur des mères et des épouses des opposants et
journalistes indépendants est présente. Il y a des coups qui sont
trop forts.
Comme ce qu'a souffert la mère des frères Sigler Amaya dans le
village de Pedro Betancourt, dans la province de Matanzas. Gloria Amaya, 71 ans,
qui doit sentir comme une gloire d'avoir engendré Ariel, Guido et Miguel,
membres du Mouvement Indépendant Option Alternative, a souffert d'une
crise cardiaque quand sa maison s'est remplie de policiers. La démonstration
excessive de force a été de trop pour sa poitrine épuisée
et souffrante. Elle a du être hospitalisée dans la salle des soins
intensifs.
L'épouse de Normando Hernández, dans la localité de
Vertientes, province de Camagüey, s'est vue envahie par plus de dix agents
de police qui, dans un déploiement ronflant, ont impressionné tout
le voisinage. Perplexe devant une situation aussi inusuelle elle a seulement pu
dire à l'un d'entre eux : "Comme s'il était un criminel".
La réponse fut : "Il y a des choses pires qu'un assassinat".
Dans cette réponse de l'officier de la Sûreté je vois se
syntoniser l'un des aspects les plus sombres et terribles du totalitarisme
marxiste. Pour eux, ne pas communier avec leurs idées, et plus encore,
les défier, constitue le seul délit vraiment abominable pour
lequel il n'y a pas de pardon. Ceux qui se situent sur la ligne de l'opposition
deviennent des exclus de l'espèce humaine. Ils sont, à leurs yeux,
n'importe quoi sauf des êtres humains. Contre eux l'injustice se convertit
en justice, et toute action est justifiée même si elle devient aliénante.
Jamais ils ne se sentiront coupables, et pour autant n'ont pas de remords ni de
poids sur la conscience. Simplement ils ne sentent pas qu'ils agissent contre
des êtres humains.
Traduction: Genevieve Tejera
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