Interview
de Vladimiro Roca:
"Il faut passer au plan politique"
LA HAVANE, août (www.cubanet.org) - Un appel téléphonique
a servi pour prendre un rendez-vous avec Vladimiro Roca. Au
jour et à l'heure indiqués, c'est Vladimiro
Roca lui même qui m'invite à entrer et à
m'asseoir et après avoir exposé le but principal
de ma visite, il consent à répondre à
mes questions:
P: Vladmiro, il y a sept ans tu as accepté une interview.
Dans ta vie ont eu lieu des événements importants.
Quelles sont les choses qui ont changé chez Vladimiro
Roca?
VR: Rien. La seule chose qui ait changé c'est que
je suis plus vieux, que j'ai sept ans de plus... c'est la
seule chose, peut-être j'ai les cheveux plus blancs...
un peu plus de ventre, mais le reste, mon caractère
et ma manière d'être et de penser continuent
à être les mêmes.
P: Et à Cuba, quelles choses ont chargé à
Cuba pendant ces années ?
VR: Eh bien, à Cuba oui il y a eu des changements...
et des changements substantiels, parce que je peux te dire
que la situation aujourd'hui n'est pas celle d'il y a sept
ans. Bien que nous soyons toujours avec le même gouvernement
cela ne veut pas dire que les conditions soient les mêmes,
et comme preuve se trouve le résultat adverse qu'a
eu le gouvernement avec la répression contre les opposants
au niveau mondial. Il y a sept ans, il y a eu d'autres répressions
contre les opposants qui n'ont eu aucune transcendance sur
le plan international, comme celle qui a eu lieu maintenant
avec les dissidents.
Et cela se doit en premier lieu à l'épuisement
du système, du gouvernement. La crédibilité
elle-même qu'a perdue le gouvernement, s'il lui en restait
une, quand a été rendu public l'enregistrement
de la conversation entre Fox et Castro, elle l'a perdue à
niveau international, parce que cela aucun président
ne le supporte. Personne au monde ne résiste qu'une
chose qui est au niveau du privé soit violée
comme l'a violée le gouvernant cubain... et là
il a fini de perdre le peu de crédibilité qui
lui restait.
D'autre part, la situation économique a continué
à empirer. Il y a sept ans l'économie était,
disait le gouvernement, remontante, croissante. En termes
économiques pour parler de croissance il faut comparer
les étapes, les périodes et non pas un an par
rapport à l'autre, mais une période par rapport
à l'autre. En réalité, seulement avait
commencé à diminuer la pente de chute de l'économie,
elle n'était déjà plus si brusque comme
il y a sept ans. Mais maintenant la pente s'incline de nouveau,
il y a une augmentation de la chute et les résultats
se voient.
Ils n'ont rien dit de la récolte de sucre. Six mois,
dissent-ils, pour faire 2,1 millions de tonnes. Il est possible
qu'ils y soient arrivés, mais en six mois ils ont fait
ce qui se fait en une récolte normale à Cuba
en 30 jours. C'est à dire, l'inefficacité économique
continue à augmenter, et le gouvernement cubain ne
prenant de mesures d'aucun genre.... alors l'économie
va continuer à tomber. Parce qu'ils n'ont pas ouvert,
et c'est ce qu'ils doivent faire, ouvrir l'économie
aux cubains eux-mêmes, non au capital étranger.
Ils ne l'ont pas fait et cela va continuer à descendre
à pic. Pour cela je dis que les conditions d'il y a
sept ans, sont maintenant complètement différentes,
moins de crédibilité du gouvernement, plus de
problèmes économiques, intensification des problèmes
sociaux, et logiquement des problèmes politiques.
P: Je me souvins que cette fois-là tu m'as dit que
continuer à réclamer le respect des droits de
l'homme à Cuba était un recours épuisé
et que les actions politiques étaient nécessaires.
Tu continues à avoir ce concept à présent
?
VR: Il a toujours la même validité. Bien qu'il
faille continuer à réclamer les droits de l'homme
pour que le gouvernement les respecte. Mais il faut passer
à un plan déjà politique qui n'est pas
la question des droits de l'homme.
Le peuple cubain choque avec des questions qui quelques
fois ne sont pas nécessairement des violations des
droits de l'homme... Oui ce sont des violations des droits
de l'homme, mais on ne peut pas parler de liberté d'expression
à un homme qui cherche de l'argent pour apporter de
la nourriture chez lui. Il faut parler le langage de celui
qui a du mal. Il faut passer un langage politique, au niveau
du nécessiteux, de celui d'en bas, du peuple. Et de
plus exiger du gouvernement une chose qu'on ne lui exige pas,
indépendamment du fait que nous sommes ou non d'accord
avec cela : l'obéissance aux lois et à la Constitution
cubaine.
Pour cela je dis qu'il faut passer au plan politique, parce
que déjà cela est à l'intérieur
d'une stratégie de politique, de trouver le langage
propre à atteindre le peuple, pour pouvoir le mobiliser
à faveur de changements.
P: Vladimiro Roca est un politicien, un opposant, un dissident,
un homme de famille ?
VR: Je suis tout cela parce que la vie m'y a amené.
Mais je suis plus un homme de famille. J'aime beaucoup être
chez moi, partager avec ma famille, pouvoir être près
d'eux, mais le gouvernement et la situation du pays m'ont
imposé autre chose. cnet/29
Traduction: Genevieve Tejera
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