Héros
et martyrs
LA HAVANE, août - Les moments historiques capitaux
ont leurs héros et leurs martyrs. A Cuba, une nouvelle
étape a commencé il y a 5 mois. Plus de 70 hommes
se sont convertis en héros. Une femme et plus d'une
dizaine d'hommes parcourent un calvaire du martyrologue. Bientôt
beaucoup plus s'y ajouteront, si persistent les conditions
misérables d'incarcération.
Nos héros ont été à la merci
de lois draconiennes, appliquées par des procureurs
et des juges dociles. Les sentences, préalablement
ordonnées par le pouvoir politique, ont atteint jusqu'à
28 années de prison pour des délits supposés,
sans preuves, dans des jugements hâtifs.
Nos héros sont démodés. Ils sont en
taule dans des cellules minuscules et murées ; sans
air conditionné ou, plutôt, manquant presque
d'air ; beaucoup sans lumière électrique. L'eau
arrive de façon intermittente et n'est pas potable.
Les services sanitaires internes rappellent les latrines des
cabanes de nos indigènes disparus ou des paysans les
plus pauvres. La nourriture est misérable et frugale.
Ils vivent en solitaire, à des centaines de kilomètres
de leurs familles, qu'ils peuvent voir tous les trois mois,
pendant deux heures.
Nos héros ont droit à 100 minutes d'appels
téléphoniques par mois... mais il n'y a pas
de téléphone ou ils sont en panne. Ne disposent
pas des techniques avancées d'informatique, comme elles
se trouvent à la disposition d'autres prisonniers au
delà des mers. Maintenant ils n'ont pas l'Internet,
comme ils ne l'avaient pas non plus au moment de leur arrestation,
bien que des prisonniers à l'étranger naviguent
et tchatchent assidûment avec des gens, des institutions,
la radio, la télévision et la presse à
Cuba.
Nos héros ne peuvent pas être photographiés
par leur famille et amis, quand ils leur rendent visite. De
plus, ils n'ont pas non plus accès aux personnes de
leur connaissance. Leurs lettres arrivent sélectivement.
Leurs poèmes et articles sortent à peine des
prisons et, s'ils y arrivent clandestinement, eux et leurs
familles courent le risque de dures représailles.
Nos héros tombent malade en prison ; d'autres empirent
et d'anciennes maladies se compliquent. Lamentablement, certains
médecins, parmi eux des psychiatres, se prêtent
à certifier la sortie des hôpitaux et à
administrer des médicaments de psychiatrie nocifs pour
leur intégrité physique et mentale.
Leurs proches ne peuvent pas les aider. Les médecins
des malades en général ne sont pas accessibles.
Les prisonniers reçoivent des tests et des médicaments
sans savoir ce qu'ils sont. Quelquefois les symptômes
sont évidents : difficultés pour articuler les
mots, incohérence de pensée, manque de concentration.
Les plaintes n'assurent pas que cesseront la torture et l'affaiblissement
de la santé.
Marta Beatriz Roque Cabello, Oscar Espinosa Chepe, Roberto
de Miranda et autres pourraient être les prochains martyrs
de cette époque. Il est douloureux de savoir qu'ils
sont sans défense.
Ils n'ont pas eu leur volonté affaiblie par les interrogatoires
intenses et continuels, ni par les conditions d'incarcération
inhumaines. Maintenant on leur impose le sadisme irrationnel.
Les héros et martyrs se convertissent en symboles
et stimulations qui honorent le peuple et la Patrie. Ils sont
un exemple et un guide.
Traduction: Genevieve Tejera
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