S'il
n'était pas là (I)
LA HAVANE, août (www.cubanet.org) - Cuba, cette petite
île qui dès le début a été
appelée "la plus belle" et ensuite la "Perle
des Antilles", est aujourd'hui un vrai désastre
où tout est à l'envers et tout marche aussi
vite qu'un escargot.
On est d'accord pour dire que la malédiction est descendue
de la Sierra en inondant les plaines et les prairies. Quelques-uns
disent que c'est la faute du Parti, d'autres du système
et beaucoup pense que c'est celle du gouvernement. Un bon
nombre de citoyens, en synthétisant et associant les
idées, jurent que la source du mal se trouve dans le
caudillo, parce qu'il est le chef du Parti, de l'idéologie
et du gouvernement. Une chose, malgré tout, est indiscutable
: s'il n'était pas là, voyons.
Personne ne devrait répéter comme un perroquet
que Cuba est une puissance médicale et que les soins
médicaux sont totalement gratuits tout en sachant,
comme ils le savent, que cela est un mensonge destiné
à la consommation externe, car ici on ne peut raconter
ces histoires à personne. Qui en doute, peut le vérifier
en transitant dans le système national sinueux de la
santé castriste, représenté par la trilogie
cabinet médical - polyclinique -hôpital.
Le premier maillon de la chaîne, le cabinet médical,
est représenté par un médecin, qui quand
il n'est pas à une réunion est sur le terrain
(visites à domicile aux patients) ou occupé
à résoudre, comme moi, avec quatre bananes ou
une poignée de riz pour passer la journée. De
plus, quand nous arrivons à voir le médecin,
c'est après avoir fait une lente file d'attente, pour
finalement commencer à pleurer ensemble face à
l'absence de médicaments à la pharmacie et conclure,
tous les deux, un pacte de confidentialité, avec le
critère que la puissance médicale supposée
et les services gratuits sont des vrais mensonges et tromperies.
Du cabinet à la polyclinique c'est un chemin plus
éloigné en efficacité qu'en distance.
Ces endroits sont des conditions requises obligatoires pour
avoir accès à une analyse ou pour voir un spécialiste.
Dans le premier cas il faut y aller très tôt
au petit matin, de préférence après minuit,
car les rendez-vous sont peu nombreux et le manque de réactifs
limite le nombre d'analyses.
Quand on a besoin des soins d'un spécialiste, quelques
fois il ne vient pas et la consultation est retardée
de quinze ou vingt jours. Même une panne de courant
inattendue pourrait rendre nos efforts inutiles.
Le sommet du système national de santé est
l'hôpital. A Cuba il y a quelques hôpitaux pour
étrangers qui paient en dollars, ceux pour les gens
bien en haut et ceux pour ceux d'en bas. Les rares cubains
normaux qui ont eu le rare privilège de mettre le nez
dans les premiers, disent qu'il n'y manque rien. Par contre,
ceux pour la population en général laissent
beaucoup à désirer. Les bâtiments et installations
sont en général très détériorés,
avec une partie de l'équipement cassé ou désactivé.
On y entre, mais la date de sortie peut se prolonger face
au manque de matériel pour une radio, ou parce que
l'équipement d'ultrason est en panne.
A l'hôpital il faut y aller comme on va au champ de
bataille : avec toutes ses fournitures. Parce qu'il est très
fréquent qu'il n'y ait pas de draps, de serviettes
et même de cuvettes. Il faut toujours s'assurer d'avoir
une nourriture extérieure à l'hôpital.
Il faut apporter quelque chose de chez soi, parce que même
si cette nourriture est mauvaise elle sera mieux préparée
que celle de l'hôpital. Là le malade ne se sentira
jamais seul, parce que s'il n'y a pas un moustique, il y aura
un cafard ou un rongeur ou les trois en même temps,
associés dans la volonté de lui faire passer
un moment inoubliable.
Mais quand le Cubain est vraiment malade, il sait qu'il ne
peut pas cheminer dans les sentiers douteux et épuisants
du système national de santé castriste sans
la menace d'y rester dans la tentative. Pour cela, quand une
chose semblable arrive, on se fait son propre chemin. On va
directement à un ami, qui lui même est ami d'un
médecin qui finalement le met en relation avec le médecin
de l'hôpital, ou peut-être il connaît celui-ci
et n'a pas besoin d'intermédiaires.
Dans tous les cas il sera généreux en cadeaux
et en égards, parce qu'ici tout le monde a besoin de
tout et une main lave l'autre et les deux lavent le visage.
De plus il y a une seule vie et il faut la soigner à
tout prix. Avec une lutte résistante et en solitaire,
car le gouvernement nous soigne seulement quand nous sommes
très petits pour ne pas altérer le pourcentage
de mortalité enfantine. cnet/03
(II PARTIE) (III
PARTIE)
Traduction: Genevieve Tejera
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