CUBANET

31 mai, 2000



Où es tu Cuba? (I)


Lazaro Raul Gonzalez, CPI

HERRADURA, mai - Beaucoup de gens, au dehors et à l'intérieur de nos frontières, se préoccupent pour deviner vers où nous allons les Cubains, cavaliers de notre patrie-joie-hallucination, la petite île qui a commencé par Colomb et n'a pas cessé de fasciner les yeux et les cœurs, propres et étrangers.

Pour déterminer la route que nous prendrons sur la carte avec laquelle nous voyageons, il me parait malgré tout opportun d'essayer d'établir quelques-uns des jalons qui marquent notre environnement actuel, quelques-uns évidents à simple vue, d'autres assez nébuleux.

Auparavant il faut être clair que si une chose est sûre c'est la pénombre du terrain que l'on explore, ce qui n'est pas sûr, fantasmagorique de n'importe quel relief créole, c'est une garantie rapide du scepticisme le plus grand. A Cuba, plus qu'en n'importe quel endroit, on dirait que personne n'a toute la raison : plus on essaie de convaincre, plus on donne l'impression de faire en grande partie une erreur.

De quel monde faisons nous partie ? Dans lequel n'entrons nous pas ? Lequel réclame notre appartenance ? Quelqu'un envie-t-il notre situation ? Faisons-nous de la peine, forçons-nous l'admiration ou l'indifférence? Sommes-nous un bon exemple ? Devons nous être imités ou évités ? Sommes-nous sur un sommet ou dans un trou ? Réellement comment vivons-nous ? OU SE TROUVE CUBA ?

Avec des différences crispées ou subtiles, les réponses à ces questions dépendront de la position politique de celui qui la donne, ce qui à Cuba peut être seulement deux : officielle ou adversaire.

Au sommet

Les porte-parole de la nomenclature, en carnaval perpétuel de propagande et par ses moyens passifs de divulgation, répètent seconde par seconde le même message infatigable : Cuba représente la concrétisation des ambitions humaines les plus nobles et élevées, et constitue dans ces moments de tempête la couverture la plus sure pour ces silhouettes anthropoïdes délaissées qui composent les peuples de la terre. Ils insistent que personne ne doit en douter, nous sommes la démocratie la plus parfaite et notre système social celui qu'on montre jour après jour : à Cuba il n'y a pas de sans logis, la mortalité infantile est inférieure à celles des USA et notre espérance de vie est égale ou supérieure à celle des pays du premier monde.

De façon similaire, pour nos indices de scolarité et triomphes sportifs nous méritons d'être considérés comme une puissance dans ce que les humains désirent le plus. Notre économie croit à un rythme "modéré mais soutenu" (comme il est à la mode de dire) qui garantit les succès déjà obtenus et promet la conquête d'autres plus grands. Il semble ici que la vie est un éternel "fair play". Glorieux match de football dans un terrain d'or vert avec un ballon d'émeraudes doublé de velours. Même avec des toutes petites imperfections (évidemment, nous sommes humains et il reste encore, en plus les restes du passé), ici tout va bien, et même très bien. Ce n'est pas pour rien qu'on a patenté comme cubaine l'expression "nous somme le maximum".

Dans le trou

Pour la majorité des adversaires du régime, malgré tout, le paysage national n'évoque rien de glorieux. Avec des revenus annuels par tête de 120 dollars absolument incapables de garantir le cabas de base de la famille, avec un système de transport en faillite, avec des pénuries de tout genre, y compris les médicaments et le matériel scolaire, et des options de recréation très limitées, Cuba possède, selon les critiques les plus acerbes du régime, toutes les lettres de créances pour être inclus parmi les pays pauvres du tiers monde. Egalement, l'excessive présence de l'état dans la vie des citoyens et le caractère d'un seul parti du gouvernement de l'île lui garantit tout le droit d'être inclus dans la carte des systèmes totalitaires, comme pensent ces mêmes critiques. C'est plus ou moins de cette façon que pensent ici même les uns et les autres, ceux du sommet et du trou.

Comment voient ceux de dehors cette rogne vernaculaire ?

A mi-chemin, dans les collines ?

Pour des raisons évidentes, pour les étrangers il est beaucoup plus facile de se maintenir à mi-chemin entre les deux côtés. Ceux qui nous rendent visite non seulement viennent avec le savoir de leurs propres réalités, mais ils sont en plus mieux informés de comment fonctionne le reste du monde, ce qui leur donne une aptitude et un équilibre pour émettre des jugements d'évaluation. Les écouter n'est pas de trop.

Pendant l'année dernière – avec de la chance, puisque eux ne vont pas par les chemins où je vais avec les bœufs et les chariots – j'ai rencontré quatre touristes étrangers. Les premiers ont été deux hollandais à la hauteur du kilomètre 120 de l'autoroute qui passe près de l'endroit où j'habite, endroit où j'allais à bicyclette.

Ceux d'Europe, en vérité assez passionnés, étaient d'accord pour dire qu'à Cuba il y avait de sérieuses limitations de tout genre, mais ils se sont niés à accepter que nous soyons dans le trou de la géographie socio-économique. Look at Bolivia, look at the Southafrican countries, look at the India, ils me disaient emphatiquement.

Un peu de temps après j'ai rencontré un jeune Espagnol qui au coin d'un musée de la ville de Pinar del Rio attendait le transport de la même façon que moi. Là et ensuite dans l'autobus que nous avons pris, nous avons parlé un bon moment. En répliquant à mes commentaires critiques au sujet de la situation domestique, il me dit qu'en Espagne les choses n'étaient pas bien non plus. Il m'a même parlé du Roi. Quant à nous, il me dit que nous n'étions pas "si mal".

En dernier, il y a à peine quelques jours, en attendant un train, j'ai connu un respectable fils de la terre de Goethe. Puisque le cas s'y' prêtait -–à Cuba pour attendre un train il ne faut pas être pressé – l'Allemand et moi ont eu le temps de devenir amis. Nous avons causé beaucoup et nous n'étions pas souvent d'accord. Le Teuton a montré être positivement ensorcelé par la réalité nationale ; même pas les trois heures de retard du train lui on détruit son mirage ; il a toujours trouvé une bonne raison pour expliquer nos "phénomènes".

De toutes façons il a eu ses moments difficiles. Comme par exemple, lorsque je lui ai fait fumer un "tupamaro" (le pauvre, il pensait qu'ici nous fumions tous des Partagas ou des Hupmann) ou lorsque je lui ai montré un journal national dans lequel apparaissaient trois articles écrits par des journalistes étrangers et je lui ai demandé s'il savait que nous autres, les journalistes indépendants, non seulement on nous empêchait l'accès à la presse nationale, mais qu'en plus on essayait de nous empêcher d'écrire pour l'étranger.

L'Européen déplora de tels faits, mais de toute façon il essaya de se maintenir à distance d'une critique excessive envers le régime, et me ratifia quelque chose que j'ai été content de redécouvrir (bien que sans autant de conviction) : Si nous ne sommes pas au sommet, il ne parait pas non plus que nous sommes au fond du gouffre.

Enfin, où es-tu Cuba ?

Pour un Cubain commun, malgré tout, plus pour la vocation d'impartialité que je veux exercer (c'est mon cas), il est très difficile d'établir objectivement quel endroit nous occupons sur l'échelle universelle de la civilisation présente. En vivant dans un isolement brutal, involontaire mais physique, en fait, en communication ou quel qu'il soit, les cubains nous ne pouvons même plus aller dans un avion d'Aeroflot. Et en bateau ? Même pas sur la Niña ni sur La Pinta ni sur l'Internet non plus. Peut-être sur un radeau made at home. Ainsi, sans points de référence nécessaires et sans pouvoir voir les réalités étrangères, la majorité de nous sommes ineptes pour calibrer, de façon certaine notre propre réalité.

Où es-tu ?

Au-dessus de toute tourmente et de tout doute, il y a devant moi un seul détail vrai, clair et droit : Où se trouve Cuba ? J'ai de la chance, sous mes pieds, puisque j'y vis depuis 37 automnes.

(suite le mois prochain)


Traduction: Genevieve Tejera

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Cette information a été transmise par téléphone, puisque le gouvernement de Cuba ne permet pas l'accès privé à Internet aux citoyens cubains.
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