CUBANET

12 juillet, 2000



Et les tambours sonnent de nouveau!


Tania Quintero, Cuba Press

LA HAVANE, juillet – « Les tables rondes, les tribunes ouvertes et les marches combattantes », l'éditorial du journal Granma du lundi 3 juillet, a provoqué les réactions les plus dissemblables à l'intérieur et à l'extérieur de l'île. En première page, à coté apparaît le Message de Fidel à la Tribune Ouverte réalisée à Manzanillo, sous le titre « Notre lutte, sans trêve ni repos, se renouvelle vigoureusement ».

En ce que quelques-uns qualifient de « révolution culturelle à la Cubaine », la dernière campagne, « la massification de la culture », est insérée à l'intérieur d'un endoctrinement politique permanent planifié et d'une réalité : l'impossibilité de pouvoir choisir le film que l'on veut voir, le programme de radio et de télé que l'on veut mettre et les livres, journaux et revues que l'on préfère lire.

Pourquoi après 41 ans d'une révolution que l'on suppose consolidée, le gouvernement doit télé-diriger les citoyens d'une manière qu'à partir de maintenant il veut conduire ?

On dit dans Granma que « pour les milliers d'opinions que nous recueillons systématiquement tous les jours » les gouvernants savent « ce que pensent nos compatriotes » et que « tout et tous les points de vue » sont analysés et pris en compte.

Dans quelles régions fait-on ces sondages quotidiens et qui sont les personnes qui ont suggéré que continuent les tribunes, marches et tables rondes ? Pourquoi dans la « masse révolutionnaire » qui entoure n'importe quel Cubain on entend le contraire : plaintes, malaise, ras-le-bol et fatigue pour les mobilisations continuelles et les convocations constantes à la lutte.

Dans les premières années du triomphe des guérilleros on justifiait les appels successifs au combat, mais quatre décades après, lorsque la génération qui était jeune en 1959 est déjà vieille, insister sur les mêmes méthodes que celles des années 60 est une évidence claire de déphasage. Essayer de revivre ce qui une fois a donné des résultats démontre l'archaïsme de la pensée de ceux qui maintenant à Cuba dessinent la politique, la culture et l'information. Dans un monde aussi dynamique et complexe ce qui es passé n'est pas meilleur parce qu'il a vieilli, comme les bons rhums et les bons vins. Ce qui est vieux continue à être cela : quelque chose d'ancien, de rance, d'obsolète.

Ceux qui ont prévu de maintenir les marches, les tribunes et les tables rondes ne prennent pas en compte qu'un pourcentage élevé de la population a moins de 30 ans et sait ce qui se passe dans le monde ; ils savent qu'il y a une autre façon de faire le journalisme et la publicité et que en l'an 2000 les individus ne communiquent pas seulement comme en 1959 avec le téléphone, les lettres, les télégrammes et les câbles chiffrés. Ils savent qu'il y a d'autres moyens, plus rapides et immédiats : la téléphonie mobile, la télécopie, le courrier électronique et l'Internet.

Je ne suis pas contre le fait que l'équipe gouvernante cherche des moyens variés pour retenir leur popularité et reste au pouvoir. Mais qu'ils le fassent d'une manière plus créative, moins dense, en laissant de coté ces discours excessivement longs et rhétoriques, pleins d'adjectifs, de gestes et le modulations mélodramatiques dans la voix. Est-ce qu'ils ne se sont pas rendu compte que ce langage est déjà devenu désuet, que les politiciens aujourd'hui ne parlent pas et n'écrivent pas ainsi ?

Les moyens officiels doivent aussi cesser d'être «bougie de rue » et s'occuper de temps en temps de l' « obscurité de la maison ». Ils se prononcent contre la peine de mort aux Etats Unis, mais ne disent pas un mot des exécutions à Cuba, toutes par fusil, et sans autant de possibilités légales ni trop de séjour dans les couloirs de la mort créoles.

Pourquoi s'occuper de la pauvreté et des violations des droits de l'homme dans tous les coins du monde, et ne pas aborder ce qui arrive à Cuba ? Les deux vitrines principales de la révolution, l'éducation et la santé, présentent des fêlures. A cause de l'embargo et de la période spéciale après l'écroulement du socialisme en Europe, il est vrai, mais aussi à cause des négligences et de situations particulières qui vont depuis le manque de ressources jusqu'au manque de soin et de contrôle – on sait que le nombre de ce qui est enlevé aux dons et au matériel scolaire et sanitaire donné par l'Etat est semblable à ce qui se produit dans des commerces et magasins d'état de la zone dollar ou monnaie nationale.

La meilleure manière de réparer ces fêlures est de ne pas les cacher, mais de faire ressortir les problèmes dont patissent aujourd'hui les médecins, les infirmiers, les instituteurs et le personnel auxiliaire et de ne pas s'arrêter dans les carences alimentaires de la population cubaine c'est aujourd'hui tourner le dos à la réalité. Comme également ne pas aborder le vol généralisé, la corruption dans diverses instances, le manque de transport public, de logements, de matériel de construction, de vêtements, chaussures, médicaments et articles de propreté.

Pourquoi ne débat-on pas qu'un enfant de 7 ans, en plein age de croissance, cesse de recevoir son quota de lait et qu'un nombre incalculable d'élèves vont à l'école avec un peu d'eau sucrée ou un verre de boisson instantanée ? Ou que la qualité des déjeuners scolaires est des plus mauvaise, consistant souvent de riz et pois chiches sans sel ?

L'annonce que malgré le retour d'Elian les campagnes politiques continueront s'est faite quand des centaines de milliers d'enfant, d'adolescents et de jeunes partent en vacances. Quelques-uns – les privilégiés de toujours – pourront en jouir en plénitude : la majorité devra se contenter d'une visite ou d'une autre à la plage, à un camping ou à des parcs de divertissement. Le reste des deux mois de vacances scolaires, en juillet et août, il faudra jouer sur la voie publique, avec le danger et les ennuis que cela donne aux voisins.

Les garçons, en usant leur seule paire de tennis. Parce que de cela on ne parle pas non plus : des maux de tête que pour chaque père cubain signifie chausser un enfant dans un pays ou on gagne des pesos et les chaussures – comme le détergent et le savon pour se laver – il faut les acheter en dollars. Dans la monnaie de l'ennemi pour qui sonnent les tambours.


Traduction: Genevieve Tejera

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