Elián continue à être au premier plan
LA HAVANE, le 17 janvier – Les journaux, la télévision et la radio de Cuba continue à mettre en relief de manière ample et permanente les actes et déclarations demandant le retour au pays de l'enfant naufragé Elián González Brotons. Le
point central est totalement biaisé à faveur du traitement que le régime donne à ce cas.
Evidemment il n'y a pas là de conflit d'intérêts, puisque bien que les manifestations publiques et non publiques sont organisées par le gouvernement de Fidel Castro, ces moyens de communication sont aussi les leurs, et tout le monde sait que c'est un spectacle unique
et exclusivement pour être des caisses de résonance des intérêts du régime communiste de La Havane.
Pour leur part, toutes les personnes à l'intérieur du pays qui nous donnent d'une manière ou d'une autre leurs opinions sur le thème mentionnent de façon élogieuse le commandant en chef et la révolution, c'est à dire, au gouvernant le plus
ancien et le plus inefficace de l'Histoire de Cuba. On dirait qu'ils doivent payer un tribut pour les laisser respirer, pour les laisser être des personnes.
Les arguments qui se déversent dans ces manifestations donnent l'impression, soignée et embellie, que Cuba est un paradis ; comme si entre la cinquième et la sixième partie de la population cubaine n'était pas obligée de vivre à l'extérieur,
comme si des centaines de mille n'envoyaient pas chaque fois qu'il est possible des lettres à la loterie de visas que les Etats-Unis réalisent ; comme si les gens ne continuaient pas à fuir de façon permanente et quelques-uns perdant la vie dans leur désir
d'arriver à un autre destin qui ne soit pas dans cette île.
De son coté, le père d'Elián et son désir d'avoir son fils parait avoir oublié de remercier ces personnes qui l'ont repêché en mer et lui ont sauvé la vie, pendant que la grand-mère maternelle extériorise un si grand contrôle
sur elle-même qu'il est difficile de croire qu'elle ait senti à un moment donné une douleur pour ce qui doit l'être pour toute mère à perdre irrémédiablement dans l'Etroit de Floride sa fille unique.
On dirait que les choses arrivent dans une autre dimension. En dehors des manifestations officielles il est devenu extrêmement difficile d'entendre un commentaire public sur le cas Elián. Les anciens continuent à vendre des cigares au détail au coin des rues à
35 centimes. Les rayons des épiceries et des pharmacies sont toujours vides. Ceux qui élèvent des porcs continuent à chercher des ordures, quelquefois dans des poubelles, pour leur donner à manger. Et dans les chameaux (N.B. autobus qui ressemblent à cet
animal) continuent les discussions, les disputes, les pickpockets et les gros mots ; ce qui représente la société cubaine actuelle.
Mais de toute manière il y a comme un état d'alerte. Personne ne s'aventure à faire une prédiction finale, mais on sent que le cas est observé par presque tous les Cubains ; encore plus maintenant que l'administration de Clinton a donné son verdict et
que la bataille a cessé d'être entre deux gouvernements – celui de Castro depuis le premier moment l'a présenté de cette manière – et a passé à se convertir en un affrontement entre les forces de l'exil et les communistes à l'intérieur
de Cuba.
Les Cubains de l'autre rive ont démontré – ce qui est devenu clair aux yeux de tous – a un grand pouvoir. Personne ne sait maintenant clairement si Elián sera rendu ou s'il ne reviendra pas. Le 4 décembre Eliancito n'a plus été un petit «balsero
» naufragé mais s'est converti dans le cas Elián. Logiquement, en ce moment les attentes se concentrent sur le prochain geste de Fidel Castro, mais on ne sait pas s'il intensifiera la situation pour la convertir en crise, ou si simplement son régime maintiendra la tension
au niveau actuel.
Pendant ce temps, avec ses 6 ans charmants, Eliancito continuera à jouer à Miami, étranger au fait qu'il pourrait, peut-être, être un point clef dans le développement de beaucoup d'événements.
Traduction: Genevieve Tejera
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