Pire qu'un crime
Lázaro Echemendia Martinez, Cuba Press
LA HAVANE, février – L'année 1804. Trois cent dragons français pénètrent de manière illicite dans le grand duché de Baden – au-delà des frontières françaises – et s'emparent du Duc d'Enghien. Quatre jours plus
tard il est amené devant un conseil de guerre.
- Avez-vous été en relation avec les agents d'Angleterre ?
- Non.
- Avez-vous reçu une pension d'Angleterre ?
- Oui.
-Avez-vous l'intention d'entrer au service de l'Angleterre ?
-Oui, pour sauver ma patrie.
-Vous ètes vous mis à la disposition de l'Angleterre pour vous battre contre la France ?
…..
Mais depuis longtemps auparavant son sort était décidé, pour être un Bourbon, qualité incompatible avec le « nouvel homme » français, était sa faute inexcusable. Le lendemain matin il est tombé comme un homme courageux sous les
balles. Fusillé à trente-deux ans par ordre du produit illustre de la révolution française, idole de l'époque des progressistes de toute l'Europe, déjà converti en empereur peu de temps après, à la grande honte des progressistes et
martyrs d'Europe : Napoléon Bonaparte.
Le continent tout entier se leva pour protester. Criminel ! – vociféraient contre le Corse les millions d'êtres qui avaient leur royauté par dessein divin. De l'autre coté, leurs propres vassaux, en l'appelant criminel. Au fait. La classique réaction en chaîne,
où on attaque et contre une telle impétuosité l'effet qui margine la cause.
Au milieu de tout ce tourbillon de colère et de cris, on peut écouter une voix, une voix étrangère aux délires du sang, une voix qui aussi froide congelait les tympans. « Cela a été pire qu'un crime », a-t-il jugé, « ce fut
une erreur », axiome qu'à mon opinion synthétise l'esprit de la politique « intelligente », « FAIRE CE QUI EST LE PLUS CONVENABLE, PAS NECESSAIREMENT CE QUI EST LE PLUS JUSTE », avalisé par la bouche politisante de son auteur des plus célèbres,
- je ne peux pas moins que succomber aux adjectifs – Joseph Fouché.
Je ne suis pas, définitivement, parmi les épigones d'un prophète semblable. Comment admirer une personnalité aussi sinistre, qui fut un instituteur catholique et ensuite pillard d'églises, régicide et vassal fervent, « mitrailleur de Lyon » et
humaniste, stoïque et multimillionnaire, révolutionnaire insensible et Duc très honoré ?
Malgré cela, je reconnais la valeur de son précepte, et son importance vitale parmi l'arsenal d'estocades d'un homme d'état, même des bons hommes d'état.
Ce qui en vérité alarme est lorsque « FAIRE CE QUI EST LE PLUS CONVENABLE… » est obsessif, à l'extrême que même des bagatelles – étrangères par nature aux manigances de l'état, et en un cas secondaire – comme
suspendre la sortie à l'extérieur d'un journaliste pour recevoir un prix ; le voyage en Europe d'un dissident insignifiant, « chef d'un micro groupuscule contre-révolutionnaire », démasquer une manifestation non transcendante d' « analphabètes ».
D'autres questions qui ne sont pas aussi relevantes, comme le retour urgent à la patrie d'une équipe de boxe, les contrôles anti-doping de trois sportifs et la réclamation d'un petit naufragé, sont les annonces nécessaires du « Pontifex Maximum ».
Néfaste ironie d'un pays économiquement et spirituellement dévasté. Et où en plus de cela on essaie de garantir la perpétuation du statut aux dépens, pour citer deux exemples, de ce qui mieux interprète et comprend complètement la
pensée du gouvernant ou de haut-parleurs boute-en-train d'histoire, politique et statistiques.
De cette façon donc, qu'arrivera-t-il lorsque après ce qui est inévitable, les brides de la voiture du pouvoir resteront aux mains de qui, par office, ne sauront que faire en s'approchant du précipice ? Des cerveaux remplis de désœuvrement pourront-ils
faire face à un défi de cette taille ? Ou abordons-nous la perspective la plus sombre : Pourront-ils avec la nostalgie de la perte nous lancer révolutionnairement, vers le vide ? Sûrement pas, mais la solution ne sera strictement pas une chose d'hommes. Evidemment il y
aura une sortie, même si l'on pense qu'il y aura un travail chaque fois plus risqué et les perroquets battent des records de cote.
J'ai commencé avec une intention absolue, par la France d'il y a deux siècles, puisque je crois que dans les enseignements de l'histoire, comme aussi de son don exclusif de copuler avec le temps pour se réincarner en elle-même. Règne, même en certaine
version approximative – animée, en vertu du rang de ses écrivains – subsiste une parenté évidente avec le drame bourbonien, même jusqu'au dénouement cruel, et pas dans l'opinion de deux de ses contemporains respectifs.
L'ABATTAGE DE DEUX PETITS AVIONS SANS DEFENSE A ETE PIRE QU'UNE ERREUR, CE FUT UN CRIME
Traduction: Genevieve Tejera
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